Y en marre frappe encore les esprits
Une grande réussite. La 2e édition de la foire ''aux problèmes et aux solutions'' du mouvement ''Y en a marre'' a accueilli un monde fou, ce samedi. Nombreux étaient ceux qui étaient là pour exposer leurs problèmes.
Les 25 stands aménagés par le mouvement ''Y en a marre'' n'ont pas désempli dans la journée du samedi. Comme à leur habitude, les membres du mouvement ont fait preuve d'originalité, d'humeur et de beaucoup d'imagination. En témoigne l'enclos de moutons aménagé pour la circonstance.
Ce stand, avec la présence des ruminants et cette inscription : ''la transhumance, comme chez les animaux, gagne l'espace politique'', était la plus éloquente des représentations pour stigmatiser ce mal qui a gangrené l'espace politique. L'autre fait marquant a été la présence de Cars rapides à bord desquels les acteurs de ce secteur des transports publics ont fustigé le mépris dont ils se disent victimes. Chauffeurs et transporteurs se considèrent marginalisés, par rapport aux autres franges du secteur des transports publics.
Agir immo, encore Agir immo
Mais, il faut souligner que le stand ''Collectif des victimes de la société immobilière Agir immo'' a eu le plus de succès. Il a été littéralement pris d'assaut. Les différents intervenants s'en sont pris aux autorités judiciaires qui, selon eux, n'ont rien fait alors que des décisions de justice ont été prises à l'encontre des dirigeants de la société immobilière.
C'est le cas de Abdoulaye Guèye, la quarantaine. Ce travailleur au ministère de la Fonction publique, vivant avec un handicap, a quitté tôt le matin son quartier de route de Mboune pour exposer son histoire qui remonte à 98. ''J'ai acheté deux terrains à 4 millions à Agir Immo. J'ai versé jusqu'à 3,680 millions.
Normalement, je devais terminer en décembre 2012. La société a eu des problèmes et jusqu'à présent, on n'arrive pas à me rembourser mon argent''. Son agent traitant ne répond plus à ses appels. Boury Sall, agent au ministère de l’Équipement, partage la même galère. ''J'ai versé à la société une somme de 4, 8 millions. Nous avions même les papiers. Un jour, on nous appelle pour nous dire que le propriétaire des terrains les a repris. Alors que c'est de l'arnaque'', a fulminé Mme Sall.
L'hypocrisie dans le dossier Casamance
Le stand ''Mouvement M3K'' (''Kougnil Koutica, Kouyoqué'' qui signifie : ''les enfants des combattants casamançais sont fatigués'') n'était pas en reste. Zita Goudiaby, fondatrice du mouvement, a dénoncé les souffrances de la jeunesse casamançaise. ''La jeunesse de la Casamance souffre énormément de l'hypocrisie des soi-disant cadres, plate-forme des femmes, ONG ou autres organismes qui œuvrent pour la paix en Casamance. Alors qu'ils ne font que nous mentir'', a-t-elle dénoncé. Très virulente, Mme Goudiaby s'en est pris à ceux qui ''ont assez détourné l'argent de la Casamance''. ''On refuse qu'on hypothèque notre avenir'', a-t-elle martelé.
Le désemparement des étudiants
Les étudiants n'ont pas été en reste. Au sein du stand ''Ucad'', ils ont exposé les difficultés qu'ils éprouvent à donner une orientation à leurs études. Le déficit d'informations sur les institutions de formation. Au sein du stand ''Amnesty'', il a surtout été question des libertés provisoires ''sélectives''. Dans la même veine, ''Sénégal toujours terre d'impunité'' était là pour interpeller les consciences. Outre les questions de justice, il a été fait cas également des problèmes environnementaux, d'éducation, de l'insécurité à Tambacounda...
Barro, l'un des animateurs du mouvement, a donné la quintessence de cette foire : ''A chaque fois que le mouvement sent que le débat dans l'espace public est orienté vers des préoccupations de partis politiques, des préoccupations partisanes, le mouvement essaye de positionner les vraies préoccupations au centre du débat dans l'espace public. Donc, cela permet aux citoyens d'exposer les problèmes et de trouver les solutions d'eux-mêmes.''
Chaque stand va faire un rapport. Leur compilation fera l'objet d'un document étudié qui sera remis aux autorités compétentes.
VIVIANE DIATTA