Immersion dans l’antre des Jambaar
Créée en 1981, l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa) de Thiès a officiellement ouvert ses portes le 4 janvier 1982. Conçue au départ pour recevoir des effectifs de 25 à 30 élèves officiers, l’Enoa recrute aujourd’hui des promotions de 50 à 60 élèves officiers par an.
A peine franchi le grand portail de la base militaire de Thiès, une multitude de tableaux s’offrent à notre vue. Cela témoigne de la diversité qu’offre cette base par les nombreuses écoles de formation et cantonnements militaires qui y sont implantés. A droite et avant d’arriver à l’intersection de la route qui mène à l’Ecole de l’armée de l’air (Eaa), se trouvent les installations de l’Ecole nationale des officiers d’active. A première vue, cet établissement donne l’impression d’une petite superficie. Mais à l’intérieur, le décor est tout autre. Il y a presque du tout. Dans l’espace zone de vie des élèves officiers, sont installés trois ambofor (logements). Des chambres qui peuvent accueillir deux à quatre élèves officiers. Outre ces aménagements, il y a une salle d’honneur inaugurée le 19 juillet 2013 et où sont accrochées les photos des colonels qui ont commandé l’Enoa (de Mouhamadou Keїta 1981 à Boubacar Koїta), une piscine, un laboratoire d’anglais, un amphithéâtre de plus 120 places, deux salles de cours, une cour de la devise (où se déroulent toutes les actions majeures de l’école), une case des promotions et des traditions, un complexe sportif, un cafétéria…
Trente-six ans après sa création, l’Ecole nationale des officiers d’active veut perpétuer sa tradition : rester un creuset et pôle d’excellence. Installée dans les anciens locaux du Centre national d’éducation sportive et populaire (Cneps), l’Enoa ne cesse aujourd’hui de voir ses effectifs et ses infrastructures augmenter. Selon le colonel commandant l’Enoa, l’établissement qu’il dirige est en train de ‘’grandir et de se moderniser lentement mais sûrement’’. ‘’Des efforts considérables ont été consentis par le commandement pour la construction de sa renommée. A cela, il faut ajouter l’arrivée régulière des formations extérieures (Police, Eaux et Forêts ou ENA) qui subissent désormais un an de formation au sein de l’école afin de les mouler et de les préparer à leur futur statut d’officier. Ainsi, pour les nécessités de la formation et face aux capacités limitées des infrastructures héritées de l’ancien Cneps, de nombreux bâtiments ont été construits au fil des années. C’est dans cette logique qu’ont vu le jour la bibliothèque afin de permettre aux élèves officiers de se cultiver en permanence ; tout comme le troisième ambofor d’une capacité de 60 places qu’occupe aujourd’hui la 37ème promotion’’, a déclaré Boubacar Koїta lors de la journée dédiée à l’école. Avant d’ajouter que l’Enoa va bientôt être dotée d’infrastructures ‘’ultra modernes dignes de grandes académies militaires’’.
‘’Symbole de l’intégration africaine’’
L’idée de la création, au Sénégal, d’une école nationale de formation des officiers des forces armées a été émise par le Conseil supérieur de la défense, en 1976. Une politique qui visait la promotion de l’élite militaire sénégalaise. Mais aujourd’hui, l’école nationale des officiers d’active de Thiès représente un symbole exceptionnel de l’intégration et de rayonnement africain. De sa création à nos jours, l’Enoa a participé à la formation de 881 officiers dont 328 originaires des 17 autres pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Gambie, Bénin, Mali, Congo, Niger, Togo, Guinée…). La vocation interafricaine de l’Enoa a débuté en 1983. ‘’Du statut d’école nationale à sa création, l’Enoa va passer par le statut d’école nationale à vocation régionale (Envr) de 1998 à 2007, en partenariat avec la France, avant de redevenir exclusivement nationale à l’été 2008. C’est le lieu de renouveler, à ces pays frères, notre profonde gratitude pour la confiance qu’ils ont placée en nous dans le cadre de la formation d’une partie de leurs élites. Cet établissement est un outil essentiel de notre système de formation, mais également un symbole de l’intégration africaine’’, se réjouit le colonel commandant l’Enoa, Boubacar Koїta.
S’inspirer de la devise de l’école
De 1982 à nos jours, 35 promotions ont été formées à l’Ecole nationale des officiers d’active de Thiès, en attendant la 36ème promo (deuxième année de formation) et la 37ème en formation depuis le 8 décembre 2017. L’élève officier qui entre pour la première fois à l’Enoa doit être formé et formaté. En plus de l’enseignement académique, ils sont initiés au tir à l’arme lourde et à une synthèse tactique. ‘’La 37ème promotion est une promotion militaire, et est issue du concours professionnel. Elle compte 55 élèves officiers d’active (Eoa) dont 42 Sénégalais, 38 anciens sous-officiers et les autres viennent des pays africains (Burkina, Togo, Gabon, Cameroun...). La 36ème promo est forte de 69 élèves officiers. Pendant les deux années de formation, on leur fait comprendre que le bon officier doit avoir le sens du courage, de l’honneur et de la persévérance. On les prépare à tous les défis de l’heure’’, explique le directeur de la 37ème promo. D’après le Capitaine Moussa Diouf, l’officier formé à l’Enoa, où qu’il puisse être sur le terrain, est tenu de respecter la devise de son ancienne école : ‘’Xel-Jom-Fit’’.
Une thèse corroborée par le Capitaine Daouda Faye. De l’avis du directeur de la 36ème promotion de l’Enoa, tout officier sorti de cette ‘’prestigieuse école se doit d’inculquer’’ les valeurs, les devoirs et obligations militaires à ses fidèles collaborateurs. A l’image des autres écoles telles que l’Ecole des officiers de la gendarmerie (Eogen) de Ouakam, l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa, Kaolack)…, l’Ecole nationale des officiers d’active de Thiès poursuit la formation des officiers pour les mettre au service des forces armées sénégalaises, en vue de mieux répondre aux enjeux et questions sécuritaires de l’heure.
GAUSTIN DIATTA (THIÈS)