Les femmes mettent la pression sur le président Faye
Le Cadre de concertation citoyen pour le respect et la préservation des droits des femmes et des filles a tenu une mobilisation, ce week-end, à la place du Souvenir, pour appeler le président de la République et son gouvernement à prendre des mesures concrètes pour renforcer la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques, programmes, plans et stratégies nationales.
Dans le nouveau gouvernement du Sénégal, parmi les 25 ministres et cinq secrétaires d’État, il n'y a que quatre femmes. Une situation que beaucoup femmes n'apprécient pas. Certaines parlent même de recul démocratique. Dans la foulée de la mise en place de ce premier gouvernement, le Cadre de concertation citoyen pour le respect et la préservation des droits des femmes et des filles a été mis en place. Ce week-end, les groupements de femmes qui constituent ce cadre ont tenu une grande mobilisation à la place du Souvenir africain pour appeler le chef de l’État, son gouvernement et tous les acteurs impliqués à prendre des mesures concrètes pour renforcer la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques, programmes, plans et stratégies nationales.
"L'annonce, le vendredi 5 avril 2024, de la composition du nouveau gouvernement avec un taux de participation des femmes très faible a instauré un sentiment de déception avec seulement quatre femmes dans une équipe de vingt-cinq ministres et cinq secrétaires d'État (soit 13,3 % de femmes). Ce tableau ne reflète guère une rupture en matière de lutte contre les inégalités et l'inclusion de toutes les forces vives de la Nation", lit-on dans le manifeste signé par 1 215 personnes et plusieurs groupements de femmes.
Le cadre s’est également indigné "de la suppression du ministère de la Femme sans annonce d'une structure spécifique chargée des politiques de développement social et économique des femmes et des filles’’. Cela soulève ‘’beaucoup d'inquiétude, particulièrement auprès des femmes".
En effet, selon Mame Diarra Ndiaye, "une telle approche ne garantit pas la préservation des acquis déjà consolidés au Sénégal en matière de prise en compte des droits des femmes et leur participation dans les instances".
C’est pourquoi, dit-elle, le cadre invite "le président Bassirou Diomaye Faye à faciliter la création d'une structure de gouvernance destinée spécifiquement aux besoins des femmes et des filles ; de renforcer la participation effective des femmes dans toutes les instances de décisions aux niveaux électif et nominatif ; d'encourager des politiques et programmes en faveur des femmes et des filles, entre autres".
Après avoir constaté avec regret le nombre limité de femmes nommées aux postes ministériels dans le premier gouvernement des nouvelles autorités et la suppression du ministère de la Femme pour ne retenir que la Famille et les Solidarités, le Cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits et des acquis des femmes et des filles dit exprimer sa vive préoccupation devant ce qui peut être compris comme un recul dans les acquis en faveur des droits des femmes au Sénégal.
"Lançons un appel vibrant pour soutenir et promouvoir l'inclusion des femmes et des filles leaders pour une meilleure prise en compte de leurs besoins spécifiques dans les politiques publiques et les processus de gouvernance au Sénégal. Nous croyons fermement que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sont essentielles pour bâtir une société juste, équitable et prospère", lancent-elles.
Entre autres, elles invitent le président de la République "à promouvoir activement l'égalité des chances et l'équité territoriale dans l'accès aux ressources pour les femmes et les filles dans toutes les régions du pays ; à renforcer la collaboration et le plaidoyer pour faire avancer les droits et l'autonomisation des femmes et des filles ; à garantir la représentation équitable des femmes et des jeunes leaders dans toutes les instances de gouvernance et de prise de décision ; à mettre en place des programmes et des budgets spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes et des filles en matière d'éducation, de santé, de formation, d'emploi, de sécurité, d'accès à la terre et aux financements".
FATIMA ZAHRA DIALLO