Publié le 22 Aug 2024 - 17:35
5E ANNIVERSAIRE DE DECES

Le Sénégal pleure encore son Amath

 

Cinq ans après son rappel à Dieu, c’est dans un contexte sociopolitique chargé d’incertitudes que le PIT et le Sénégal se souviennent d’Amath Dansokho qui a toujours mis l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de ses intérêts égoïstes.

 

Il incarnait la liberté, la lutte, le patriotisme et la bravoure. Lui c’est Amath Dansokho. Demain, ce sera cinq ans, jour pour jour, qu’il a quitté ce bas monde. Aujourd’hui plus que jamais, ses amis se souviennent de lui, de son courage, de son amour profond pour le Sénégal.

Secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), l’ancien ministre Samba Sy se rappelle le combattant : ‘’Alors que cinq années se sont déjà écoulées, nous avons toujours une pensée pour toi, Amath. Une pensée pour tous les camarades qui, avec toi et à la dure, se sont engagés sans réserve au service du Sénégal. Pour défendre leur patrie, s'employer à conquérir plus de liberté, décrocher pied à pied quelques traits forts aujourd'hui devenus marqueurs de la démocratie sénégalaise.’’

Ce parcours, souligne l’ancien ministre du Travail sous le régime de Macky Sall, ‘’a été réalisé dans un contexte difficile, exigeant, très complexe’’.

Longtemps contraint à la clandestinité avec le PAI, Amath Dansokho a toujours été féroce dans la lutte, mais sans jamais perdre son humanisme, son empathie. Malgré les contraintes de l’époque, témoigne l’actuel SG du PIT, il a œuvré pour préserver l’unité et la concorde. ‘’… Pour autant et à aucun moment, dit le SG s’adressant à son ami, tu n'as eu de cesse de dire que nous n'étions pas en guerre de religion. Pour autant et à aucun moment, tu n'as oublié que, quelles que soient nos différences, nous avons toujours quelque chose en partage et, qu'en certaines circonstances, il était utile, voire indispensable que tous nous nous en rappelions’’.

De lui, son fervent adversaire, l’ancien président Abdoulaye Wade, disait à son décès : ‘’Un grand révolutionnaire, un grand militant, un grand patriote. Voilà ce que le Sénégal et l’Afrique retiendront d’Amath Dansokho, ancien ministre d’État, figure emblématique de la gauche sénégalaise, rappelé à Dieu le 23 août 2019. Il a incontestablement défendu les intérêts du Sénégal, même si nous n’avions pas les mêmes convictions politiques.’’

À l’époque, les gens savaient se combattre sur le plan politique, parfois même avec violence, mais cela débauchait rarement sur la haine. L’une des illustrations les plus parfaites, c’était Wade et Amath. ‘’Nos rapports, disait l’ancien ‘Pape du Sopi’, malgré les vicissitudes de la politique, ont toujours été empreints d’affection mutuelle. Ne disait-il pas dans une interview accordée en 2010 au défunt quotidien ‘Walf Grand-Place’ : ‘’J’aime Abdoulaye Wade. C’est plus fort que moi. S’il arrive un malheur à Karim, je porte plainte contre Wade. C’est dire la profondeur de nos relations.’’

Nous sommes loin de cette époque. Aujourd’hui, le landerneau politique est rempli de haine, de vendeurs d’illusions. Dans son hommage à son mentor, le secrétaire général du PIT se désole de cette détérioration. ‘’Le Sénégal de 2024, regrette-t-il, se présente de manière plutôt inédite’’.

S’adressant encore à Amath, il déclare : ‘’Toi qui avais le sens de la formule aurais certainement trouvé le mot juste et invité tes compatriotes à ouvrir les yeux, demandant particulièrement aux acteurs politiques du pays, véritablement attachés à l'intérêt national, s'ils percevaient, ne serait-ce que confusément, la gravité de ce qui sourd à l'horizon.’’

À l’horizon, il y a notamment le Mali où se meut petit à petit, en direction notamment des frontières sénégalaises, le terrorisme meurtrier. Pendant ce temps, jour après jour, le pays cher à Amath, jadis havre de paix, se déchire, se haït et joue à se faire peur, sans pouvoir cette fois compter sur des médiateurs et conciliateurs comme Dansokho.

Acteur majeur de la première alternance avec Wade, il prit très vite ses distances et engagea un combat sans merci contre la gouvernance de son compagnon de galère, jusqu’à la victoire de Macky Sall en 2012. Victoire dans laquelle il a joué un rôle majeur.

Son domicile était, en effet, devenu le QG de tous les combattants de la liberté et de la démocratie, et qui se sont érigés comme un seul homme contre la volonté de Wade de briguer un troisième mandat. À ce propos, Samba Sy disait dans le journal ‘’Le Monde’’ : ‘’Si seulement son salon pouvait parler. Dans l’intimité, il y a eu beaucoup de tractations.’’

Aujourd’hui encore, le Sénégal, orphelin, pleure son Amath. 

 

Section: