Publié le 4 Nov 2021 - 15:35
AÏDA MBACKE EXPLIQUE POURQUOI ELLE A BRULE VIF SON MARI

‘’Je n’imaginais pas partager mon mari avec une autre femme’’ 

 

L’affaire Aïda Mbacké, la dame qui avait brûlé vif son époux Khadim Ndiaye, a été évoquée, hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 3 au 4 novembre 2018, aux Maristes.

 

A la barre de la chambre criminelle, Aïda Mbacké, en sanglots, jure qu’elle est toujours follement amoureuse de son défunt mari Khadim Ndiaye. Pourtant, elle confesse l’avoir brûlé vif. Écrouée à la citadelle du silence depuis 2018, hier, elle a eu l’occasion d’expliquer son geste. Après avoir plaidé non-coupable pour le chef d’assassinat, elle a confié, toujours en pleurs : ‘’J’aimais mon mari. D’ailleurs, je l’aime toujours. Je n’ai jamais souhaité sa mort. J’ai agi par jalousie. Je l’aime à un point que je n’imaginais pas le partager avec une autre femme. Au lieu de le perdre, j’ai préféré me suicider.’’

Revenant sur le film du drame, Aïda Mbacké renseigne qu’elle ne supportait plus l’indifférence de son époux. Cette nuit-là, comme possédée par le diable, elle a saisi une bouteille qui contenait du liquide inflammable puis en a aspergé la chambre et le lit. ‘’Dès que j’ai allumé le briquet, le feu s’est propagé jusqu’au lit où se trouvait Khadim. Paniquée, je suis allée dans les toilettes pour chercher de l’eau afin d’éteindre le feu, mais j’ai glissé et je suis tombée. Quand je suis parvenue à me relever, je suis sortie et j’ai alerté les voisins’’, poursuit-elle.

Regrettant amèrement son acte, Aïda renseigne que ses beaux-parents viennent lui rendre visite, de temps en temps, en prison, et lui ont pardonné. Mais, d’une voix douce et trainarde, elle renseigne que son père est toujours fâché contre elle, même s’ils se parlent parfois au téléphone.

C’est dans la nuit du 3 au 4 novembre 2018 que la tragédie a eu lieu aux Maristes. Il ressort de la procédure qu’Aïda Mbacké et Khadim Ndiaye étaient à leur noce de Chypre (6 ans de mariage), au moment des faits. De leur union sont nés deux enfants. On apprend aussi qu’Aïda et Khadim étaient de bons amis. Ce n’est que plus tard qu’une histoire d’amour est née entre les deux. En sus de cela, Khadim Ndiaye était un fervent disciple du père d’Aïda.

L’enquête a révélé, en outre, qu’il arrivait aux tourtereaux de se disputer, à cause de la jalousie de l’accusée. Dans un premier temps, dans le domicile familial de Khadim Ndiaye, aux HLM, puis aux Maristes.

La situation a dégénéré, quand son mari est resté injoignable, alors qu’elle se trouvait à la clinique

Cette vie de couple, qui semblait pourtant normale, a viré au drame, quand l’accusée a, un jour, surpris une conversation téléphonique entre son mari et une Italienne nommée Molina. Ayant demandé des explications, son époux ne lui a pas donné une réponse satisfaisante. Ainsi, pour en avoir le cœur net, elle a consulté le compte Facebook de la dame qui ne paraissait pas vieille, comme le lui avait fait croire son mari. Poursuivant ses investigations, elle a interpelé l’Italienne sur la nature de la relation qu’elle entretenait avec son mari. Mais comme son époux, celle-ci ne l’a pas édifiée.

C’est ainsi qu’elle a contacté une collaboratrice de Khadim, une nommée Khadidiatou, qui lui a confirmé que son mari a épousé une Italienne et qu’ils ont eu deux enfants. Elle tomba ainsi des nues. Le choc qu’elle a reçu, en apprenant cette nouvelle, aurait même provoqué des contractions, car à cette époque, elle était enceinte et presque à terme.  Elle a décidé de se rendre à la clinique, mais elle n’a pas réussi à joindre son époux.

Elle s’y est rendue toute seule. Sa colère s’est décuplée, lorsqu’elle s’est rendu compte que celui-ci ignorait ses appels. Selon toujours les éléments de l’enquête, c’est le médecin qui a réussi à joindre Khadim qui s’est finalement rendu à la clinique.

Une fois à la maison, elle a voulu lui parler, mais elle s’est heurtée à un mur. Elle a, alors, décidé de mettre fin à sa vie et à celle de son époux.

Elle ne s’y est pas prise de la plus simple des manières. En effet, elle a aspergé d’un liquide inflammable la chambre et le lit où se trouvait son mari. Quand elle a allumé le feu, les flammes se sont propagées et ont gagné Khadim qui ne se doutait de rien. Puis, Aïda a quitté l’appartement et soutenu que son mari voulait la tuer. Au même moment, ce dernier est sorti, en scandant qu’Aïda l’a immolé.

Enveloppé par les flammes, Khadim suppliait ses voisins de sauver son fils qui se trouvait dans l’appartement déjà en feu

Rose a tenté de le sauver, en lui aspergeant deux seaux d’eau. Les voisins ont maîtrisé le feu. Au moment où l’appartement prenait feu, Khadim, malgré son corps qui brûlait, a sollicité ses voisins pour qu’ils viennent sauver son enfant qui se trouvait à l’intérieur. Trois jours après la naissance de leur bébé, Khadim Ndiaye succombe à ses brûlures.

Selon le médecin légiste, le corps de la victime a été brûlé à 80 %. Même son crâne n’a pas été épargné par les flammes.

Dans son réquisitoire, le maître des poursuites, qui trouve que la préméditation n’est pas établie dans cette affaire, a sollicité la disqualification du chef d’assassinat en meurtre. Pour la peine, il a requis 15 ans de réclusion criminelle.

De leur côté, les avocats de la défense ont sollicité une application bienveillante de la loi pénale pour leur cliente. ‘’Son beau-père et sa belle-mère lui ont pardonné, mais elle est vide. Elle est veuve. Elle a porté son veuvage en prison. Elle n’a pas allaité son bébé. Il est nécessaire de la mettre en liberté, pour qu’elle fasse le deuil de sa mère et de son mari’’, a plaidé Me Anta Mbaye. Son confrère Me Abou Dialy Kane de renchérir : ‘’Quand on aime, on perd la raison. C’est ce qui est arrivé à ma cliente. Elle a aimé son mari et elle continue de l’aimer. Elle voulait le posséder entièrement. C’est une ambition légitime de toute femme amoureuse. On lui a diagnostiqué la spasmophilie. Même si elle voulait faire mal, elle n’avait aucune intention homicide. La volonté de tuer n’animait pas cette femme. La violence était intentionnelle. Elle voulait faire mal, mais elle ne souhaitait pas tuer son mari.’’

L’affaire mise en délibéré, Aïda Mbacké sera édifiée sur son sort, le 17 novembre prochain.

MAGUETTE NDAO

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