‘’La libération de Karim Wade ne saurait être synonyme d’impunité’’
Après les sorties de Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), et du Secrétaire général de la Ligue démocratique (LD), Mamadou Ndoye, relatives à l’affaire Karim Wade, la réponse de Abdou Mbow ne s’est pas fait attendre. Le porte-parole adjoint de l’Alliance pour la République, dans cet entretien avec EnQuête, rassure que la libération annoncée du fils de Abdoulaye Wade ne saurait signer la fin de la traque des biens mal acquis encore moins constituer un message pour les détournements et la corruption.
Dans les colonnes de EnQuête, le chargé des questions économiques du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), Ibrahima Sène, soutient que le Président Macky Sall n’a aucun intérêt politique, sous prétexte de s’ouvrir au Pds, à scier la branche sur laquelle il est assis. Quelle appréciation faites-vous de cette déclaration ?
Le président de la République n’a pas scié et ne sciera jamais la branche sur laquelle il est assis. C’est un homme cohérent. Un homme qui a des objectifs clairs et qui travaille à ce que le Sénégal puisse aller vers l’émergence. Le Président Macky Sall, dans cette volonté de développer le Sénégal, considère toujours ses alliés comme si c’était le premier jour qu’ils sont ensemble. C’est-à-dire avec respect. Mais il faudrait qu’on sache que le président de la République, aujourd’hui, a des pouvoirs constitutionnels qu’il peut utiliser tout en consultant ses alliés. Mais la décision finale revient au chef de l’Etat que les Sénégalais ont investi de leur confiance.
La libération annoncée de Karim Wade suscite beaucoup de commentaires. Dans les rangs du PIT, l’on se dit d’accord pour une liberté conditionnelle ou une grâce présidentielle. Mais pas pour une amnistie. Que répondez-vous à cela ?
Vous savez, nous sommes dans un pays de droit. Chacun a le droit de dire ce qu’il pense. Aujourd’hui, il y a énormément de gens qui disent des choses. Mais jusqu’ici, personne ne sait comment Karim Wade va sortir de prison. Personne ne sait si ce sera une grâce présidentielle, une liberté conditionnelle ou encore une amnistie. On a l’habitude d’épiloguer sur des choses qui ne sont pas encore arrivées. Mais ce qui est en tout cas sûr et certain, c’est qu’une éventuelle libération de Karim Wade ne saurait être synonyme d’impunité, d’arrêt de la traque des biens mal acquis ou de la lutte pour la bonne gouvernance. Elle ne saurait non plus être une sorte de libertinage pour que chacun fasse ce qu’il veut.
Mamadou Ndoye de la Ligue démocratique (Ld) dans une sortie récente, semble dire le contraire…
(Il coupe) Ça, c’est son droit le plus absolu.
Oui mais il dit que libérer Karim Wade signifierait encourager les détournements et la corruption.
Moi, je soutiens le contraire. Je dis non. Pourquoi ? Parce qu’une éventuelle libération de Karim Wade ne veut pas dire qu’il ne remboursera pas ce qu’il devait rembourser. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas été sanctionné. Cela ne veut pas non plus dire que la justice ne va pas continuer à faire son travail. De ce point de vue, on ne peut pas dire que ce serait un mauvais signal pour les futurs détourneurs. Non. Ceux qui vont détourner l’argent du contribuable sénégalais, demain, seront poursuivis par la justice. S’ils sont coupables, ils seront condamnés.
Un gouvernement de nouvelle majorité présidentielle ouvert au Pds est théorisé par le chargé des questions économiques du PIT. Cela est-il possible ?
Je ne peux pas me prononcer personnellement sur des choses qui ne sont pas encore arrivées. En tout cas, ce qui est constant, c’est que le président de la République est un homme d’ouverture. C’est un homme de dialogue. Aujourd’hui, il est en train de travailler à ce que toutes les forces vives de la Nation se retrouvent autour de l’essentiel pour que le Sénégal puisse aller de l’avant. Donc, il n’y a pas de raison d’exclure qui que ce soit. Maintenant, chacun est libre de participer à ces concertations ou de ne pas le faire. Pour ça vraiment, je laisse libre appréciation aux uns et aux autres. Maintenant, par rapport à un gouvernement d’union nationale ou de nouvelle majorité présidentielle, je pense qu’on n’en est pas encore là. On n’a pas encore entendu parler de cela. Je m’arrête à ce que le président de la République est en train de faire, c’est-à-dire, ouvrir un dialogue avec toutes les forces vives de la Nation, y compris l’opposition sénégalaise. Je crois que cela est salutaire.
Le rapprochement entre le président de la République et le Pds ne risque-t-il pas de diviser la coalition de la mouvance présidentielle ?
La coalition Bennoo bokk yaakaar (BBY) ne peut pas être divisée. Personne ni rien ne peut empêcher ce compagnonnage. Le président de la République est un homme cohérent. Dans l’histoire politique du Sénégal, jamais on n’a vu une coalition vivre aussi longtemps que BBY. J’avais dit au début, quand les gens avaient prédit la dislocation de BBY, que la mort de cette coalition ne viendrait pas du président de la République. Parce que lui, c’est quelqu’un de loyal. Je pense que ce qui se passe aujourd’hui avec les discussions qui se mènent entre les différents acteurs de la scène politique, économique et sociale, montre sa capacité de diriger le pays, de travailler à ce que tous les Sénégalais se retrouvent autour de l’essentiel. Cela n’enlève en rien que chacun puisse, à toute occasion, dire ce qu’il pense de la gestion de ce pays. S’il y a des élections, les gens peuvent se présenter librement. Et quand arrivera l’heure de travailler, on doit travailler et laisser la politique politicienne de côté. Contrairement à une certaine opinion, je dois dire que nous ne sommes pas dans des deals ni dans des combines. C’est le plus important.
Vous, en tant que militant de l’Apr, comment appréciez-vous ce rapprochement entre le président de la République et le Pds ?
Personnellement, je ne parle pas de rapprochement. Je parle plutôt de dialogue national ouvert à toutes les forces vives de la Nation. Le président de la République est en train de mener des concertations avec l’ensemble des segments du pays, y compris les forces politiques dont le Parti démocratique sénégalais. Mais le Pds n’est pas le seul parti de l’opposition. Il y a d’autres partis de l’opposition qui ont participé à ce dialogue national. D’autres mêmes qui n’avaient pas pris part au rendez-vous au palais sont venus après répondre au ministre de l’Intérieur. Ce qui veut dire qu’ils n’étaient pas sur le droit chemin. Ils se sont rendu compte qu’ils s’étaient trompés et ont finalement rejoint les autres forces vives de la Nation dans les concertations pour qu’ensemble, on puisse définir les contours d’une démocratie meilleure au Sénégal.
Faites-vous allusion au Rewmi d’Idrissa Seck ?
Oui ! Rewmi n’était pas dans le droit chemin. Ils se sont rebiffés au dernier moment pour venir participer aux travaux de la revue du code électoral organisés par le ministère de l’Intérieur dans le cadre du dialogue national. Je pense que cela est salutaire.
Cette libération annoncée de Karim Wade ne signerait-elle pas la mort de la traque des biens mal acquis ?
La justice a déjà fait son travail. S’il y a un recouvrement des biens qu’on doit faire encore, la justice va le faire. Cela n’a rien à voir avec sa libération. Maintenant, sa libération dépend du président de la République qui a des prérogatives que la Constitution lui donne. Il peut gracier tout prisonnier, y compris Karim Wade. Mais cela ne saurait signifier la fin de la traque des biens mal acquis.
Quelle appréciation faites-vous de la récente sortie de Moustapha Niasse qui semble rallumer l’espoir de son parti de diriger un jour le pays ?
Sur cette sortie, la presse a pris seulement ce qui l’intéresse. Mais dans la même déclaration, Moustapha Niasse a dit : ‘’Après avoir élu Macky Sall pour un second mandat, on va conquérir le pouvoir.’’ C’est son droit le plus absolu. L’objectif de tout parti politique est de travailler à conquérir le pouvoir. Ce qu’il faut simplement noter, c’est que le président Moustapha Niasse et son parti politique l’AFP sont des compagnons fidèles du président de la République. Ils l’ont montré à chaque occasion.
PAR ASSANE MBAYE