Publié le 1 Dec 2014 - 20:22
ABSENCE DE PRISES, PLACES INSUFFISANTES, CONNEXION DEFECTUEUSE…

Les petites misères des journalistes

 

La couverture du 15ème sommet de la francophonie à Dakar a sans aucun doute laissé un goût amer à la majorité des journalistes sur les lieux. Beaucoup ont estimé qu’il valait mieux reste blotti dans son canapé et suivre le direct de la RTS, tant les manquements étaient nombreux.

 

‘’Attends, est-ce à dire que c’est ici que nous allons suivre la cérémonie ? Tu ferais mieux de t’asseoir avant que les chaises restantes ne soient prises’’. Cette réponse au ton d’une blague servie par un journaliste à un confrère n’a rien pourtant d’une simple plaisanterie. Derrière l’humour, une réalité difficile à accepter. Etre un envoyé spécial d’un organe de presse pour la couverture d’un grand évènement médiatique et se voir réduit à un simple téléspectateur a été le sort réservé à tous les journalistes, à l’exception évidemment de ceux de la RTS et de TV5 monde. 

Outre ces deux télévisions, aucun autre média n’a accès à la grande salle où a lieu la cérémonie d’ouverture du 15ème sommet de la francophonie. Au contraire, les professionnels de l’information ont été parqués dans un chapiteau déjà trop étroit pour contenir le nombre de personnes accréditées (1000 accréditations selon certaines personnes). Les derniers venus devaient donc se résoudre à s’asseoir sur les moquettes.

Mais le plus dur restait à venir. D’abord, les machines installées par l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) étaient largement insuffisantes. Les acteurs des médias s’y attendaient sans doute, puisque beaucoup d’entre eux sont venus avec leur ordinateur. L’heure de la mauvaise surprise ! Il n’existe en fait dans les box aucune prise permettant de brancher une machine. Beaucoup se sont retrouvés avec une batterie sans charge, un ordinateur inutile par conséquent. Un photographe cherchant en vain une machine chargée finit par libérer sa colère.

‘’Depuis ce matin, je n’ai pas envoyé une seule photo. Et pourtant j’ai une machine et même une clef pour ma connexion. Ce qui me désole le plus, c’est que certains qui occupent des postes (de l’ADIE) sont sur Facebook. Ils ne se rendent même pas compte des enjeux. Et il n’y a aucun responsable à qui parler’’, s’offusque-t-il. Sauf que là-aussi, la connexion n’est pas garantie à 100%.

Pendant presque une demi-journée, les journalistes se sont tourné les pouces. Certains ont même eu le temps de somnoler, d’autres se sont laissés aller à du ‘’tourisme restreint’’. Malgré les plaisanteries, ils sont nombreux à se poser des questions. ‘’Mais qu’est-ce qu’on va faire ? s’inquiète un reporter. Il n’y a même pas d’information par ici’’. ‘’On va manger et aller suivre la RTS. Mais je pense qu’on serait beaucoup plus confortable si on était à la maison dans son fauteuil’’, répond un autre d’un air taquin.

Discours de Macky presque inaudible

Quand le discours du président Macky Sall démarre, les visages retrouvent le sérieux. La récréation forcée est bien terminée, enfin… non, pas encore, il reste une petite prolongation désagréable. En fait, le son est loin d’être des meilleurs. Il y a un écho qui rend les propos du président presque inaudibles. Une jeune dame est assise sur une chaise. Elle ne prend pas de note et n’enregistre pas. ‘’Qu’est-ce que je vais faire ? Je n’entends rien. Pour écrire, il faut savoir ce qu’il dit’’, lâche-t-elle d’un ton dépité. Heureusement que le son sera amélioré dans les allocutions à venir.  

Reste que les gens de la radio ont un nouvel obstacle à franchir. Dans quel endroit trouver un espace de quiétude pour poser la voix ? Un reporter déclare avoir prévenu les responsables de sa rédaction de la mauvaise qualité des sons qui les attend. ‘’Nous leur avons même demandé de ne pas nous attendre pour le son, de synchroniser avec la RTS pour recueillir le son là-bas’’.  Un autre journaliste de radio lui, est sorti du chapiteau, espérant trouver une oasis de silence dans ce concert de voix. ‘’Savez-vous qui est le chauffeur de cette 4x4. Je veux négocier avec lui afin qu’il me permette de poser la voix, c’est impossible à l’intérieur’’, confie un homme apparemment désorienté, cherchant désespérément le conducteur.

La débrouillardise sera de mise jusqu’aux environs de 16h. Fin de la première manche. La deuxième sera moins dure. Il n’y avait plus rien à couvrir en dehors de la conférence de presse accessible à tous. En plus, même si leur impact était limité, il y avait eu au moins des agents techniques qui faisaient la ronde pour demander si tout allait bien. Sauf que le coup était déjà parti.

BABACAR WILLANE

 

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