Publié le 12 Sep 2025 - 14:16
REPRÉSENTATION DE GENRE DANS LES MÉDIAS

Les femmes ne figurent que dans 26 % de l’ensemble des extraits

 

Les femmes constituent la moitié de l’humanité, mais n’occupent qu’un quart de l’actualité, alerte un nouveau rapport du Projet mondial de suivi des médias (GMPP) soutenu par ONU Femmes.

 

Selon la dernière édition de la plus vaste et de la plus ancienne étude sur la représentation de genre dans les médias, les femmes ne figurent que dans 26 % de l’ensemble des extraits télévisés, radiophoniques et imprimés à travers le globe, que ce soit en tant que sujet ou source de l’actualité, une statistique qui n’a évolué que de neuf points en 30 ans.

Pour ONU Femmes, à travers un rapport publié, il s’agit d’une ‘’absence flagrante’’ des femmes ‘’à la télévision, à la radio et dans la presse écrite’’ et d’un manque de représentation particulièrement critique pour les jeunes femmes et les filles qui ne se voient pas reflétées dans les médias grand public.

‘’Les médias reflètent la réalité et sont essentiels à la démocratie ainsi qu’à un monde juste et égal pour toutes les femmes et les filles. Mais quand les femmes sont absentes, la démocratie est incomplète. Les femmes et les filles méritent de se voir représentées dans les médias et que leurs histoires soient racontées’’, souligne dans le rapport la directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes, Kirsi Madi.

Cette sous-représentation a un impact direct sur le contenu selon l’agence onusienne.
Les violences basées sur le genre font à peine la une, bien qu’elles touchent la moitié de l’humanité. Moins de deux articles sur 100 en parlent. Et seuls deux articles sur 100 remettent en cause les stéréotypes, preuve que les médias demeurent un obstacle majeur à l’égalité en entretenant les biais, selon le rapport.

Toutefois, ajoute le document, des progrès existent. Il révèle que 41 % des journalistes sont aujourd’hui des femmes, contre 28 % en 1995. Et que leurs articles incluent systématiquement davantage de sujets féminins (29 % contre 24 %), montrant que la parité en rédaction favorise une représentation plus équitable.

L’étude révèle, par contre, que le journalisme qui conteste les stéréotypes de genre est aujourd’hui à son niveau le plus bas en trois décennies de suivi du GMPP, ‘’preuve manifeste que la réaction mondiale croissante contre les femmes et les filles sape les progrès durement acquis’’, avertit ONU Femmes.

’’Les progrès sont au point mort et la redevabilité ne peut attendre’’

Les conclusions de l’édition 2025 du GMPP, souligne-t-on, interviennent à un moment charnière pour l’égalité des sexes, alors que le monde entre dans les cinq dernières années des Objectifs de développement durable, et s’apprête à marquer le 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing en faveur des femmes à la 80e Assemblée générale des Nations Unies.

Pour ONU Femmes, elles soulignent une vérité urgente : ‘’Le recul est réel, les progrès sont au point mort et la redevabilité ne peut attendre.’’

‘’Face au recul actuel en matière d’égalité des sexes, ces conclusions constituent à la fois un signal d’alarme et un appel à l’action. Une révision radicale est nécessaire pour que les médias puissent jouer leur rôle dans l’avancement de l’égalité’’, indique Mme Madi.

La responsabilité incombe désormais aux gouvernements, aux rédacteurs, aux plateformes et aux décideurs de rendre cette égalité réelle, soutiennent ONU Femmes et le GMPP. ‘’Nous ne reculerons pas tant que les voix des femmes ne seront pas entendues dans chaque salle de rédaction et dans chaque récit. Sans la voix des femmes, il n’y a pas d’histoire complète, pas de démocratie équitable, pas de sécurité durable et pas d’avenir commun’’, martèle Kirsi Madi.

CHEIKH THIAM

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