Publié le 1 Sep 2025 - 15:06
ALIOUNE KÉBÉ, DG CNFPLF

“Nous avons dénombre 19 000 agents, dont 1 500 fonctionnaires et plus de 8 000 non-fonctionnaires”

 

Directeur général du Centre national de la Fonction publique locale et de la Formation (CNFPLF), Alioune Kébé passe au crible les maux qui gangrènent les collectivités territoriales, allant des personnels pléthoriques et non qualifiés aux déficits en ressources financières. Cadre du Pastef issu de la diaspora, le ressortissant de Touba est aussi revenu sur le calvaire des populations de Touba, à la suite des inondations.

 

Parlez-nous du Centre national de la Fonction publique locale et de la Formation (CNFPLF). Depuis quand a-t-il été créé et quelles sont ses principales missions ?

Le Centre national de la Fonction publique locale et de la Formation a été créé par le décret n°2021-669 du 25 mai 2021. Ce décret a confié au centre la mission d’apporter aux collectivités territoriales une expertise en matière statutaire, d’appui-conseil en termes de gestion des carrières des agents, ainsi qu’assurer une formation aux élus et agents. Il coordonne la gestion des ressources humaines auprès des 601 collectivités territoriales. 

 

À cet effet, notre premier chantier consiste à poursuivre, avec l’ensemble des acteurs concernés, le parachèvement de la mise en place de la Fonction publique locale. Un travail démarré depuis 2011, avec la mise en place des commissions ad hoc d’intégration (Cahi) qui ont procédé à la constitution initiale des corps à travers l’intégration des travailleurs qui en ont fait la demande dans la Fonction publique locale, jusqu’au diagnostic réalisé en 2023.

 

Au-delà de ces missions, le centre accompagne les collectivités territoriales en matière de formation et de renforcement des capacités des élus et des agents.

 

Vous avez parlé d’un diagnostic. Qu’est-ce qui en est ressorti et peut-on avoir une idée exacte des effectifs de ces collectivités territoriales ?

Le diagnostic avait pour objectif de cartographier les effectifs au niveau des collectivités territoriales, d’identifier la composition du personnel, de déterminer qui peut être considéré comme fonctionnaire et qui relève du statut de non-fonctionnaire. Il est ressorti de l’étude que nous avons environ 1 500 fonctionnaires et plus de 8 000 agents non-fonctionnaires. Nous avons aussi recensé d’autres types de personnels (prestataires, travailleurs saisonniers et autres contrats précaires).

 

Au total, on avoisine les 19 000 agents, selon les derniers recensements. Le travail a permis de localiser précisément ces personnels entre communes et départements, et de voir leurs répartitions selon qu’il s’agisse de zones rurales ou urbaines. C’est donc un travail exhaustif et méticuleux qui a fourni des chiffres clés et fiables sur les effectifs des collectivités territoriales et leur répartition. C’est fondamental, car, pour gérer les ressources humaines et la masse salariale et mener une bonne planification, il est indispensable de maîtriser les effectifs. Cela nous permet d’assurer une administration correcte de la carrière des agents de la Fonction publique locale et d’envisager sereinement la prochaine étape qui est le transfert des droits à pension au Fonds national de retraite (FNR).

 

Qu’entendez-vous par agents fonctionnaires, non-fonctionnaires et autres agents ?

Vous savez, la Fonction publique locale est créée à l’image de la Fonction publique de l’État. Et à ce titre, elle en a épousé l’approche binaire de l’emploi public avec une distinction entre le fonctionnaire et l’agent non-fonctionnaire tout en leur conférant un régime de droit public. Le fonctionnaire est soumis à un statut, alors que l’agent non-fonctionnaire est soumis à un régime spécial. En d’autres termes, le fonctionnaire est nommé et titularisé dans un grade la hiérarchie des corps pendant que le non-fonctionnaire est engagé à un emploi. Du point de vue de la retraite, le fonctionnaire émarge au Fonds national de retraite (FNR) pendant que le non-fonctionnaire souscrit à l’Ipres.

 

On a souvent parlé des personnels pléthoriques dans les collectivités territoriales. On a l’impression que les mairies ne servent qu’à recruter de la clientèle et à faire du social. Quels enseignements tirez-vous de l’étude par rapport à cette situation ?

Nous avons effectivement constaté que la plupart des collectivités territoriales dépensent l’essentiel de leurs dotations en fonctionnement, presque exclusivement en salaires. À cela s’ajoute le fait que ce personnel est souvent non qualifié et inadapté aux besoins des collectivités territoriales. C’est toute la pertinence d’ailleurs de la mise en place de la Fonction publique locale, qui doit pousser à revoir les modes de recrutement et à exiger des profils plus adaptés et mieux maîtrisés. Des profils qui, quelles que soient les mutations, resteront en place et poursuivront efficacement leur mission. Je dois d’ailleurs préciser que nous travaillons à l’organisation du premier concours de la Fonction publique locale très prochainement.

 

Vous parlez de concours. Qui va l’organiser, le centre ou les collectivités territoriales qui sont les employeurs ?

Le décret fixant le régime commun des concours prévus pour l’admission dans les différents corps de fonctionnaire des collectivités territoriales confère aux services du ministère en charge des Collectivités territoriales des rôles d’organisation desdits concours. Étant le bras technique du ministère dans ce domaine, naturellement, c’est le CNFPLF qui va organiser ces concours. Bien entendu, l’organisation de ces concours constituera la dernière étape d’un long processus d’identification et d’évaluation des besoins avec les collectivités territoriales elles-mêmes. 

 

Dans cette perspective, nous allons mettre très prochainement en place une plateforme dédiée à l’emploi dans les collectivités territoriales. Elle permettra à ces dernières de déposer leurs offres d’emploi et aux chercheurs d’emploi ayant les profils requis de s’y inscrire. C’est sur cette base que sera organisé le concours, en fonction des besoins exprimés par les collectivités.

 

Cela demande quand même une coopération des collectivités territoriales. Qu’est-ce qui vous garantit une coopération franche de leur part, sachant qu’elles ne sont pas toujours de la même mouvance ?

Bien sûr, et fort heureusement nous constatons, pour le moment, une réelle adhésion de toutes les collectivités, qui ont exprimé leurs attentes vis-à-vis du centre en termes de gestion de leurs ressources humaines. Elles font face à un déficit de profils adaptés. Par exemple, la plupart des collectivités ne disposent pas de conseillers aux affaires locales (haut cadre de la Fonction publique locale), des techniciens et ingénieurs en matière d’urbanisme et d’aménagement, de spécialistes en passation des marchés publics.

 

C’est donc dans leur intérêt de disposer de ressources humaines qualifiées. Elles en sont conscientes et travaillent avec nous en parfaite intelligence. L’autre problème est que, souvent, les cadres disposant de ces compétences ne veulent pas aller travailler dans les collectivités territoriales, car ce n’est pas suffisamment attractif. C’est d’ailleurs toute la pertinence de la mise en place de la Fonction publique locale.

 

Et à quand la mise en œuvre effective de cette Fonction publique locale ?

D’abord, il faut préciser que cette fonction publique locale est déjà effective. Nous avons des agents intégrés, des agents qui sont en cours de formation à Dakar, Thiès, Tambacounda et Ziguinchor, dans les corps de l’Administration générale (agents de recouvrement, commis d’administration et attachés d’administration). La fonction publique locale existe donc, mais c’est un processus.

 

C’est pourquoi nous parlons de parachèvement de la mise en place. Nous travaillons aussi avec la DTAI pour harmoniser les dispositifs de gestion des ressources humaines, à travers un logiciel de paie qui couvrira toutes les collectivités dans le but d’harmoniser les bulletins de paie, un préalable au précompte de cotisation au FNR dont nous avons parlé tout à l’heure. Cela permettra de maîtriser la masse salariale et les effectifs, et de veiller au respect des règles statutaires. Dans le cadre du parachèvement, nous travaillons aussi avec la Direction des Pensions (MFB) pour le transfert des droits à pension de l’Ipres vers le FNR. C’est un travail méticuleux qui exige beaucoup de rigueur. Nous prévoyons un an pour finaliser ce processus.

 

Quid de la formation ? Qu’est-ce que vous faites à ce niveau ?

C’est effectivement l’autre pilier du centre. Certains pensent même que le centre existe uniquement pour former, alors qu’il a une double mission : la gestion de la Fonction publique locale et la formation. Sur ce second volet, nous accompagnons les collectivités territoriales dans la formation continue, mais aussi initiale. Après l’intégration des agents, il s’agit de les accompagner dans les corps que nous avons énumérés plus haut : attachés d’administration, commis d’administration et agents de recouvrement. Ce sont des fonctions qui ne s’apprennent pas toujours à l’école.

 

Le centre permet donc de former ce type de personnels et de les accompagner dans la durée. Cela relève de la formation initiale. En matière de formation continue, nous aidons les collectivités à se doter des compétences spécifiques dont elles ont besoin. Nous développons aussi une plateforme e-learning qui permettra de former rapidement et de toucher un large public.

 

Cela fait trois ans que le centre existe. Quelles sont les actions concrètes que vous avez menées ? 

Depuis sa mise en place, le  centre met en œuvre le volet formation du Pacasen (Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal). Avec ce programme, nous avons travaillé avec près de 124 collectivités territoriales sur plusieurs thématiques, notamment  la fiscalité locale, la gestion administrative et financière, et les marchés publics. Ce sont des collectivités urbaines qui ont exprimé leurs besoins et que nous accompagnons.

 

Avec l’appui du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à travers l’ambassade de France, nous mettons également en œuvre le projet  “Soutien à la gouvernance territoriale et au dialogue de territoire”. Dans ce cadre, nous accompagnons les collectivités territoriales dans la gestion des ressources humaines de manière globale. Nous avons récemment formé environ 168 responsables RH des collectivités territoriales de 6 régions du Sénégal. La semaine dernière, nous avons bouclé des sessions de formation pour 306 agents des collectivités territoriales intégrables dans la Fonction publique dans les régions de Thiès, Tambacounda, Ziguinchor et Dakar.

 

Enfin, nous allons lancer une plateforme e-learning dans le cadre d’un programme mené avec la coopération espagnole, afin de développer la formation à distance au bénéfice des collectivités locales.

 

Tout cela demande des moyens importants. Le centre a-t-il les moyens de remplir sa mission ?

Malheureusement, le Centre dispose de moyens très limités. Nous avons un budget de fonctionnement alloué par l’État, mais il est largement en deçà de nos besoins. Ce budget est souvent absorbé dès les premiers mois par la masse salariale. C’est pourquoi nous développons des partenariats pour pouvoir remplir correctement notre mission.

 

Quel est le budget du centre ?

Nous avons un budget assez modeste, moins de deux milliards pour le fonctionnement et les investissements, alors que nous avons une compétence nationale. Aujourd’hui, des personnes vivant dans les zones les plus reculées doivent venir jusqu’à Dakar pour nous interpeller. Nous avons certes mis en place des plateformes, mais beaucoup préfèrent le contact physique.

 

Notre ambition est donc d’avoir des représentations au niveau des pôles ou des régions pour être plus proches des collectivités que nous servons. Nous aurions aussi besoin de salles de formation, ce qui nous permettrait de réduire les coûts liés à la location. Je dois préciser que ce budget de deux milliards inclut les financements des partenaires. La dotation de l’État, elle, est inférieure à un milliard.

 

Nous avons tout de même beaucoup d’agences et de structures actives autour de la gouvernance locale. N’y a-t-il pas lieu de rationaliser leur intervention ?

Effectivement. Je considère qu’il y a beaucoup de doublons, et cela ne concerne pas uniquement la gouvernance locale. Il faut harmoniser l’action gouvernementale, ce qui passe par une rationalisation des agences. Cela permettrait de travailler de manière plus efficace et efficiente. Le coût de fonctionnement d’une agence est énorme (personnel, location de bâtiments, autres charges…). Je pense donc qu’il est impératif de réduire les chevauchements et de regrouper ce qui peut l’être.

 

Parlons de la grève qui a paralysé les collectivités territoriales pendant longtemps et qui s’est récemment dénouée avec la signature d’un protocole. Pouvez-vous revenir sur les termes de ce protocole ?

Cette grève avait effectivement bloqué le fonctionnement des collectivités territoriales pendant au moins deux ans. Nous sommes très heureux de constater que les parties ont pu trouver un accord, grâce à l’engagement et au dynamisme du ministre en charge des Collectivités territoriales, Moussa Balla Fofana. Depuis sa nomination, il a pris ce problème à bras-le-corps, ce qui a permis d’aboutir à une issue heureuse le 10 juillet 2025.

 

L’accord prévoit une revalorisation salariale intégrale pour l’ensemble des fonctionnaires certifiés (plus de 1 115), qui sont désormais alignés sur les grilles de la fonction publique de l’État, avec des augmentations allant de 80 000 à 300 000 F CFA selon le corps. Une indemnité forfaitaire transitoire de 80 000 F CFA a aussi été accordée aux agents non-fonctionnaires. Elle sera étalée sur trois ans : 60 000 F CFA en 2025, puis 10 000 F CFA en 2026 et 10 000 F CFA en 2027.

 

Enfin, le gouvernement a accepté de mettre en place un fonds d’appui de 1,5 milliard pour accompagner les collectivités dont le budget ne permet pas de supporter cette revalorisation. Tout cela a été rendu possible grâce à l’engagement fort du président de la République et du Premier ministre.

 

Quelle sera la place des collectivités locales dans la mise en œuvre de l’accord et quel est le coût global de ces revalorisations ?

Il faut rappeler qu’en vertu du principe de libre administration, les collectivités territoriales s’administrent librement dans la limite des règles établies et qu’elles sont les employeurs de leur personnel par conséquent, c’est donc à elles que revient la charge de la rémunération de leurs personnels. 

 

C’est d’ailleurs l’occasion pour moi d’inviter les exécutifs locaux qui n’auraient toujours pas reçu la liste certifiée de leurs personnels de se rapprocher du centre pour la mise à leur disposition de cette liste.

 

Dans le cadre de l’accompagnement des CT dans la prise en charge de cette revalorisation, l’État a mis en place une enveloppe pour soutenir les collectivités qui seraient fortement impactées sur la base d’une simulation effectuée par la Direction du Secteur public local (DSPL) de la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor. C’était au cœur du dialogue entre les parties. Le coût global de l’application de cette mesure de revalorisation est estimé à environ 639 510 000 F CFA par mois et 7 674 120 000 F CFA par an.

 

Vous êtes aussi expert en fiscalité. L’un des principaux problèmes des collectivités territoriales est le déficit de ressources financières. N’y a-t-il pas lieu de revoir la fiscalité locale pour leur permettre de mieux jouer leur rôle ?

J’ai deux remarques à ce sujet. Oui, il est nécessaire de mener des réformes pour accorder plus de ressources aux collectivités territoriales. Mais, en attendant, il existe déjà un potentiel sous-exploité. Cela tient à l’absence de ressources humaines qualifiées pour assurer convenablement ce travail.

 

Dans beaucoup de collectivités, seule la fiscalité des zones commerciales est collectée, et elle ne l’est pas correctement. Prenons l’exemple de Touba : de nombreux commerçants y sont assujettis à la patente, mais son calcul est difficile, car l’État ne connaît même pas leur chiffre d’affaires. Dans la même commune, on trouve des résidences secondaires qui échappent à l’impôt. Le vrai défi est donc d’avoir une parfaite maîtrise de l’assiette fiscale locale et d’assurer une collecte efficiente. Cela doit aussi passer par la formalisation des entreprises. Une entreprise doit déclarer combien elle gagne, c’est un minimum. Or, beaucoup ne tiennent même pas de comptabilité, et il faut y remédier.

 

Vous êtes membre de Pastef, vous militez à Touba, où les eaux ont fini par chasser pas mal de familles de leurs maisons. Quelle est la situation sur place ?

J’ai eu la chance de me rendre à Touba le week-end dernier aux côtés des populations, avec notre ami l’honorable député Cheikh Thioro Mbacké, dont je salue l’engagement et le sens des responsabilités. Nous avons essayé d’être en première ligne aux côtés des habitants et de leur apporter concrètement des secours d’urgence.

 

Nous avons vu plusieurs quartiers lourdement impactés : Touba Fetto, Darou Khoudos, Guédé, Kawsara Fall… Les populations y sont soit déplacées, soit condamnées à vivre dans les eaux. Les conditions sont extrêmement difficiles : dans certains quartiers, l’eau et l’électricité ont été coupées. Nous avons distribué une centaine de motopompes pour tenter d’évacuer l’eau, mais nous nous sommes vite rendu compte de l’ampleur des dégâts.

 

Il est impératif que l’État prenne des mesures idoines. Je lance un appel aux autorités : il ne faut pas sous-estimer la gravité de la situation. Il faut des mesures d’urgence sociale et sanitaire (alimentation, toilettes mobiles, abris provisoires). Car ce que nous avons vu peut être à l’origine d’une épidémie, et nous ne le souhaitons pas. Il faut aussi un dispositif technique pour évacuer les eaux et ériger des camps pour loger les populations sinistrées. Actuellement, certains dorment à la belle étoile.

 

Certains se demandent pourquoi l’État tarde à déclencher le plan Orsec. Au vu de ce que vous avez observé, pensez-vous qu’il y a lieu de le déclencher ?

Nous pensons que le plan Orsec doit être déclenché au cas par cas. La situation à Touba mérite clairement un plan Orsec. Quand un quartier entier est submergé, il n’y a plus de temps à perdre. Des personnes âgées et des enfants sont prisonniers dans leurs maisons, parfois contraints de vivre dans des conditions indignes. Humainement, ce n’est pas vivable. Que ce soit sous forme de plan Orsec ou autre, il est urgent de prendre des mesures fortes.

 

Beaucoup d’argent a été investi dans la lutte contre les inondations, mais le problème persiste. Que faire pour le régler définitivement ce problème ?

Il faut des mesures structurelles et durables. Je salue les efforts qui ont été faits avec notamment les bassins de rétention qui ont permis de soulager certains quartiers. Mais les quantités d’eau tombées cette année dépassent la capacité de ces infrastructures, et des zones qui n’avaient jamais eu de problèmes se retrouvent aujourd’hui inondées, à cause du débordement de ces bassins. 

 

La solution passe par une vraie politique d’urbanisation et d’assainissement de nos villes. Dans des capitales comme Paris, par exemple, chaque rue correspond à un réseau d’égouts souterrains, chaque immeuble est raccordé. C’est une vision à long terme, sur plusieurs décennies. Il faut repenser notre système d’aménagement du territoire et, pour le court terme, interdire l’habitat dans les bas-fonds. Les collectivités territoriales doivent là aussi jouer leur rôle. 

 

Vous êtes responsable de Pastef à Touba, même si on ne vous connaît pas trop. Parlez-nous de votre adhésion à Pastef et de votre parcours dans ce parti ?

J’ai adhéré au Pastef depuis la diaspora, car je vivais à Bordeaux jusqu’à ma nomination. C’est suite à cette nomination que j’ai décidé de rentrer pour participer à l’effort de construction de notre pays. J’étais donc membre du Mouvement national des cadres de la diaspora, responsable de la sous-commission Travail et emploi. À ce titre, nous avons travaillé sur tout le volet du programme lié à l’emploi et à la refonte de l’administration publique. J’étais également vice-coordonnateur de Pastef Bordeaux et membre du bureau de la section Nouvelle-Aquitaine. 

 

C’est dans ce cadre que Cheikh Thioro Mbacké m’a invité à venir l’appuyer à Touba pour la massification, avec d’autres cadres résidant principalement dans la ville de Touba. C’est ainsi que des personnalités comme le directeur du Cadre de vie, Kosso Sène (ancien responsable dans le Rhône-Alpes), et moi-même avons décidé de rentrer lui apporter notre contribution.

 

Vous dites avoir travaillé dans la partie travail et emploi du programme. Qu’est devenu aujourd’hui l’appel à candidatures qui était une grande promesse de votre parti ?

L’appel à candidatures est une obligation légale, car tous les Sénégalais doivent être égaux face à l’emploi. C’est un principe constitutionnel. Pour des postes purement techniques, il est donc normal de recruter via appel à candidatures. Au niveau du centre, dès qu’il s’agit de postes nécessitant uniquement des compétences, nous procédons par appel à candidatures. Pour mon cabinet, en revanche, je peux choisir des collaborateurs de confiance. L’État est aussi dans cette dynamique et dans beaucoup de structures, nous travaillons dans ce sens.

 

C’est tout de même à une échelle très limitée, souvent pour des postes qui, même sous l’ancien régime, faisaient déjà l’objet d’appels à candidatures. Pas donc de vrais progrès à ce niveau…

Je pense que des efforts importants ont été faits. Le président de la République a donné des instructions pour la mise en place d’une plateforme regroupant toutes les offres d’emplois de l’État. De plus, regardez les nominations en conseils des ministres, vous remarquerez que la plupart des nominations ne concernent pas des membres de Pastef. D’ailleurs, des membres de notre parti s’en plaignent régulièrement. Cela montre que nous sommes sur la bonne voie.

 

Votre camarade Abass Fall a été porté à la tête de la mairie de Dakar alors que vous n’aviez qu’un nombre limité de conseillers. N’avez-vous pas fait un deal avec ceux que vous appelez les “kulunas” ?

Non, il n’y a pas eu de deal. Le directeur général de la Sicap, notre ami Magassouba, qui était au cœur des préparatifs, l’a déjà affirmé. Depuis décembre, il y a eu des négociations avec des élus, mais uniquement sur des questions de principe, sur un projet et sur notre vision. Aucune tractation financière ni tentative de corruption.

 

Cela a été rendu possible par le fait que beaucoup d’élus sont conscients que si nous avons gagné ces collectivités, c’est en grande partie grâce à l’apport du président de Pastef Ousmane Sonko. Sans lui, ils n’auraient pas ces mairies. C’était donc des discussions autour d’une vision et d’un projet. J’en profite pour féliciter notre frère et ami Abass Fall, un homme d’une grande probité dont l’engagement ne fait aucun doute. Je suis convaincu qu’il fera un travail remarquable pour Dakar et les Dakarois, et qu’il saura relever les défis qui l’attendent.

Par Mor Amar

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