Après avoir recueilli les témoignages des professionnels de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche, le Premier ministre, qui présidait samedi une réunion de coordination tenue dans le cadre de sa tournée économique au Nord, a tenté de rassurer ses interlocuteurs.

Conscient de l'incapacité des agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, commerçants et industriels à payer correctement leurs dettes, le Premier ministre a exprimé son ambition de créer une banque appartenant au Sénégal.

Selon lui, la première étape consiste à rassembler les instruments financiers nécessaires pour faciliter les prêts. "Nous nous efforcerons de mettre en place, d'ici l'année prochaine, un puissant outil financier au service de l'économie sénégalaise", a déclaré Amadou Ba lors du CRD spécial sur l'économie à Dagana, qui s'inscrit dans le cadre de sa tournée économique.

En effet, lors de cette rencontre, les agriculteurs ont exprimé leurs difficultés à rembourser leurs dettes. En réponse, le Premier ministre a déclaré : "Si nous avons déjà effacé vos dettes à deux reprises et que les problèmes persistent, il est nécessaire de s'asseoir et de trouver une solution efficace.''

La Banque agricole (LBA), la Banque nationale pour le développement économique (BNDE) et la Banque de l'habitat du Sénégal (BHS) ne peuvent pas financer sans une forte garantie. Le Fongip et la Der ne fonctionnent que comme des intermédiaires financiers. Ainsi, pour l'heure, les représentants des acteurs de l'agriculture, qui ont des problèmes de financements, seront reçus à la primature et mis en rapport avec le ministère des Finances et le Crédit agricole pour trouver une solution viable, a annoncé Amadou Ba qui entend les soutenir et les encourager. ''Nous planifions tout afin d'y arriver. Il y a une évaluation financière de 5 000 milliards. Des efforts ont été faits ; le reste sera complété avant le 31 décembre'', a-t-il promis.

En ce qui concerne la subvention de 32 F d'une valeur totale de 3 milliards 200 millions, elle sera reconduite dans le budget 2024, selon le Premier ministre. Il souligne également que le budget du ministère du Commerce est fixé à 100 milliards pour faire face à l'inflation et que toutes les problématiques soulevées lors du CRD ont déjà des solutions prévues dans le programme 2024-2028. Il a renseigné que le président Macky Sall l'a chargé de réunir les secteurs de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche pour atteindre l'autosuffisance alimentaire.

Ainsi, il dira : "Nous avons choisi ce format où la presse est présente, car nous estimons que nous accomplissons notre devoir."

Accès aux terres, TVA, désenclavement…

Par ailleurs, la prime fixe a été supprimée par le président de la République. Cependant, les acteurs se plaignent des pratiques de la Senelec. Ils accusent cette dernière d'appliquer la TVA qui devrait être à un taux de 0 %.

En ce qui concerne les problèmes liés à l'accès aux terres tant soulevés aussi bien par les agriculteurs que par les éleveurs, le Premier ministre a annoncé qu'une réforme foncière est en cours. Amadou Ba s'est engagé à fournir aux agriculteurs la superficie dont ils ont besoin, dans le but d'assurer l'autosuffisance alimentaire.

En ce qui concerne la filière du riz, les acteurs ont souligné les problèmes liés à l'enclavement, à la qualité des engrais et à la disponibilité des intrants. Concernant l'enclavement qui affecte particulièrement ceux qui sont engagés dans la culture du riz, Amadou Ba a informé qu'il existe un programme spécial de désenclavement d'une valeur de 40 milliards, financé par la Bad. Ce programme est géré par le ministère des Infrastructures et du Désenclavement.

Périmètres dégradés, drones, chambres froides, élevage, pêche…

Le Premier ministre a ajouté qu’environ 400 millions de francs CFA seront mobilisés pour résoudre le problème des périmètres dégradés. Quant aux matériels agricoles, le ministère de l'Agriculture se chargera de leur distribution, a révélé le Premier ministre.

Ensuite, les acteurs économiques ont exprimé leur mécontentement concernant les oiseaux qui endommagent les cultures agricoles et causent des problèmes aux pêcheurs. À cet égard, Amadou Ba s'engage à trouver des solutions. Les acteurs agricoles souhaitent aussi utiliser des drones pour améliorer la productivité des cultures. Le PM est d'accord et estime que c'est devenu nécessaire. Cependant, il souligne qu'il doit y avoir une réglementation pour encadrer l'utilisation de cette nouvelle technologie. Il invite à s'organiser afin de déterminer qui peut l'utiliser à des fins bénéfiques. En ce qui concerne les chambres froides destinées au stockage des produits, le chef du gouvernement a annoncé un programme ambitieux qui couvrira l'ensemble du territoire.

Dans le secteur de l'élevage, l'ancien chef du département a insisté sur l’amélioration des races.

À cet égard, le Premier ministre a annoncé l'arrivée de nouveaux bovins puissants et productifs en provenance de l'étranger, comme l'année dernière. Il prévoit la même chose l'année prochaine également. L'objectif principal du gouvernement est d'augmenter la production laitière.

En ce qui concerne la volaille, Amadou Ba affirme qu'un plan est déjà en place pour que le Sénégal n'ait plus besoin d'importer de la volaille. "Il ne reste plus qu'à trouver le financement", déclare-t-il. Il s'engage également à garantir l'accès à l'eau dans la zone du Diéry.

BABACAR SY SEYE