Un carnage !
Un accident d'une rare violence s'est produit, la nuit dernière, vers 3 h, à Simili, dans le département de Kaffrine. Deux bus sont entrés en collision, faisant 35 morts sur le coup et quatre autres après leur évacuation et près de 100 blessés... Le véhicule qui ralliait Vélingara, après avoir quitté Dakar, a dérapé après la crevaison de l’un de ses pneus, avant de percuter l'autre bus en provenance de Tambacounda qui se rendait dans la capitale.
Une défaillance mécanique
Selon les premiers éléments de l’enquête ouverte sur instruction du procureur du tribunal de Kaolack, l’origine du drame qui secoue le pays est l’éclatement d’un pneu. Le choc a été terrible, car les deux véhicules roulaient à vive allure, sur une portion de la route en très bon état, avec une largeur de plus de 7 m et des accotements. On signale aussi que toutes les formes de signalisation, verticales comme horizontales, y sont lisibles. Et que la visibilité est très bien dégagée sur cet axe routier.
Le bilan consternant de ce carnage : 39 morts et une centaine de blessés, a conduit les autorités sanitaires à mettre à contribution la morgue de l’hôpital régional de Kaolack, après la saturation de celle de Kaffrine. D’ailleurs l’identification de tous les corps ne sera pas chose aisée. Car, c’est une vraie boucherie, avec des corps démembrés. Des images insoutenables. L’état des deux véhicules renseigne à suffisance de la violence du choc.
Les blessés ont été référés à l’hôpital de Kaffrine et vers l’ESP Ibrahima Niasse. L’Etat, aussi, serait avisé de mettre en place une cellule de prise en charge psychologique pour les victimes et les familles.
En tout état de cause, la tragédie a poussé le Chef de l’Etat à faire le déplacement à Kaffrine, en compagnie de quelques membres de son gouvernement dont le Premier ministre. Il s’est rendu au chevet des blessés. Il a dit sa contrition et annoncé des mesures dont la tenue d’un conseil interministériel, aujourd’hui.
"Nous notons avec beaucoup de douleur le décès de 39 personnes dans cet accident de la circulation et 100 blessés dont 10 graves pris en charge dans l’hôpital régional Thierno Birahim Ndao de Kaffrine et dans le centre de santé de Kaffrine", a fait savoir le président Macky Sall. ‘’La gravité de l’accident a fait que nous n’avons identifié que 20 corps et ça se fera au fur et à mesure avec le personnel médical qui a fait un excellent travail’’, a poursuivi le chef de l’État.
Avant de laisser entendre : ‘’Vous savez, ces accidents nous montrent qu’il y a des ruptures à opérer et des mesures à prendre, pour mettre un terme à cette situation. On ne peut pas exposer la vie de nos compatriotes. Nous avons perdu beaucoup de jeunes dans cet accident."
Ainsi, un Conseil interministériel sera organisé, dès ce matin. ‘’Il va regrouper le monde du transport pour voir les mesures à prendre sur l’état des véhicules, les conditions d'obtention des permis de conduire, les conditions de délivrance des attestations de visite technique et sur les horaires de transport. À la sortie du Conseil interministériel, toutes les mesures prises seront appliquées pour éviter de vivre les mêmes drames dans l’avenir", a indiqué le président Sall.
200 millions pour la prise en charge sociale
S’agissant de la prise en charge sociale, le président a instruit le ministre du Développement communautaire, de l’Équité territoriale et de la Solidarité de faire le nécessaire, aux côtés des familles des victimes, avec une enveloppe de 200 millions F CFA, renseigne le ministre Samba Ndiobène Ka.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, était aussi sur les lieux. Elle a déployé des équipes qui ont assuré toutes les urgences. La ministre a aussi déploré le comportement des chauffeurs, surtout au volant. Elle a aussi invité les passagers à ses munir de leurs pièces d’identité.
En effet, la délégation gouvernementale s’est rendue au chevet des blessés à Kaffrine et à Kaolack. Elle était composée des ministres des Transports terrestres Mansour Faye, de la Santé Marie Kermesse Ngom, de l’Équité territoriale et de la Solidarité nationale Samba Ndiobène Ka, et de l’Urbanisme Abdoulaye Saydou Sow, Maire de Kaffrine.
Vélingara la ville la plus touchée avec 8 décès
"Nous avons appris avec tristesse cette tragédie macabre. On ne peut même pas mesurer la gravité. Pour le moment, je peux vous dire que le département de Vélingara est le plus touché. Déjà, huit personnes ont été recensées. À chaque fois, quand il y a accident, on taxe de chauffeurs d’indiscipline, mais je pense qu'il est grand temps de revoir les choses", a réagi Mamadou Diouldé Diallo, Président de la gare routière de Vélingara. Qui renseigne : "Le chauffeur du bus quittait Tambacounda, Moussa Soumanou sensibilisait souvent ses pairs sur les bonnes manières de conduire.’’
Ainsi, le président de la gare routière de Vélingara demande au ministre des Transports de les impliquer dans la recherche de solution aux accidents. ‘’Vraiment, c’est déplorable. Cela fait très longtemps que nos infrastructures routières n’ont pas été changées."
|
REACTIONS... REACTIONS... REACTIONS ELIMANE H KANE LEGS AFRICA ‘’Un vrai défi comportemental’’ ‘’Notre compassion et nos condoléances à toutes les familles éplorées. Nous témoignons aussi cette même compassion avec notre soutien à tous les blessés actuellement en soins intensifs. Il demeure que les responsabilités sont humaines et nous interpellent tous. La plus grande responsabilité est dans le non-respect et la non application des lois et normes qui régissent le transport public et la sécurité routière. Les mêmes problèmes que nous vivons dans tous les autres secteurs. Le drame de notre pays dont l’une des manifestations est ce que nous vivons en ce moment avec la perte de 39 d’entre nous, c’est notre rapport déficitaire avec le SÉRIEUX, la RIGUEUR et l’ETHIQUE. Nous devons nous ajuster tous par rapport à ces principes et que nul ne néglige l’observation stricte et rigoureuse des règles, en toute circonstance. Car l’exemplarité et la contagion mentale en feront un cercle vertueux. Cette méthode est plus efficace quand ceux sont nos représentants et les plus visibles d’entre nous qui sont les premiers à donner l’exemple. Nous savons tout. Ayons juste le courage de nous regarder de face et nous dire la Vérité. La stabilité durable dans ce pays ne pourra pas nous épargner un courageux exercice national de Vérité-Refondation’’. KHALIFA ABABACAR SALL ‘’Renforcer davantage les mesures de sécurité routière’’ "J’ai appris, avec émotion, le lourd bilan humain de l’accident survenu, cette nuit, sur la route de Kaffrine. Je compatis à la douleur des familles des 40 victimes de ce tragique événement et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. En attendant les conclusions de l’enquête, j’exhorte les autorités à renforcer davantage les mesures de sécurité routière, afin de protéger la vie de nos concitoyens. À tout le peuple Sénégalais, je présente mes sincères condoléances." OUSMANE SONKO ‘’Accorder une attention prioritaire à ce fléau aux conséquences humaines’’ ‘’Nous nous sommes réveillés meurtris par la triste nouvelle d’un accident de la circulation, impliquant deux bus de transport public à hauteur de Kaffrine, ayant occasionné un bilan provisoire de 40 pertes en vies humaines et des dizaines de blessés graves. Nous nous inclinons devant la mémoire des disparus, présentons nos très sincères condoléances à leurs proches éplorés et à tous les Sénégalais et prions pour le repos miséricordieux de leur âme ainsi qu'un un prompt rétablissement des blessés. Selon des sources officielles datant de 2020, il est enregistré chaque année au Sénégal plus de 4 000 accidents de la circulation qui occasionnent plus de 600 morts et des dégâts matériels estimés à 74 milliards de FCFA. Ces statistiques ne tiennent pas compte des accidents de motocycles et autres moyens informels de transport. Les principales causes de ce drame sans fin sont : des chauffards ne disposant pas de permis de conduire ou en état d’ébriété, le défaut de contrôle technique, les dépassements dangereux, les stationnements irréguliers, le non-respect des règles de priorité, l’état défectueux des routes, le manque de tableau de signalisation, le manque de ralentisseurs dans les zones fréquentées par les piétons, la vétusté des véhicules, la proximité des maisons qui jalonnent certaines routes et l’absence d’aires de repos. Toutes ces causes relèvent avant tout de la responsabilité principale des autorités publiques dans l’application stricte des normes de contrôle, de sanction et d’aménagement des infrastructures routières. Nous les appelons donc à accorder une attention prioritaire à ce fléau aux conséquences humaines, sociales et économiques désastreuses pour le pays’’. BOUBACAR SEYE ‘’Assez de ce terrorisme sur nos routes’’ ‘’Depuis des années, la route tue et continue à tuer, sans que des mesures structurelles ne soient prises pour identifier les causes et trouver des solutions adéquates pour juguler le phénomène. Pendant que l’Etat mobilise les forces de défense pour interdire des manifestations, l’enjeu sécuritaire des Sénégalais se trouve bien au niveau de la réglementation routière et de la surveillance des comportements sur les axes que la présence des forces de sécurité peut permettre à dissuader. Il est temps d’exiger dans les véhicules de transport interurbain ou de poids lourds la présence d’un chrono tachygraphie numérique qui sert à enregistrer la durée des trajets des chauffeurs, leurs vitesses et la distance. Cet appareil permet de suivre les véhicules au début de leur déplacement’’. |
MOR KA (CORRESPONDANT À KAFFRINE)
