L’Etat se désiste au profit de Bara Tall et Cie
Bara Tall et les trois entrepreneurs poursuivis dans le cadre de l’affaire des Chantiers de Thiès peuvent désormais dormir tranquille. L’Etat qui avait fait appel suite à la relaxe des prévenus s’est finalement désisté.
Revoilà l’affaire des Chantiers de Thiès. Après avoir fait le buzz lors de son éclatement en 2004 et lors du procès survenu en 2011, la passion semble se tasser dans ce dossier évoqué, hier, devant la Cour d’appel de Dakar. Est-ce dû au départ de Wade de la Présidence ? Quoi qu’il en soit, ce changement de régime semble profiter à Bara Tall et à ses co-prévenus, Marwan Zakhem, El Hadji Seyni Seck et Massamba Sall.
Car, l’Etat qui avait fait appel pour s’opposer à la relaxe dont avaient bénéficié le patron de l’entreprise Jean Lefebvre Sénégal (JLS) et ses co-prévenus en première instance, a retourné sa veste. Il s’est tout simplement désisté. Hier, dès que le dossier fut appelé à la barre en l’absence de tous les prévenus, l’Agent judiciaire de l’Etat, Babacar Bâ, a notifié à la Cour le désistement de son mandant.
‘’ J’ai une déclaration à faire. L’Etat du Sénégal se désiste de cette procédure’’, a dit M. Bâ. Et de poursuivre sur un ton ironique : ‘’ Ce qui relève des Chantiers de Thiès, c’est des histoires. Nous, on accélère la cadence’’. Mais pour Me Baboucar Cissé, un des conseils de l’Etat, cette affaire ne pouvait pas en rester là. Il a voulu avoir la ‘’confirmation écrite’’ du désistement.
‘’ Demandez-moi alors ma lettre de constitution si vous voulez !’’, lui rétorque l’AJE. A sa suite, le substitut général Ibrahima Bakhoum a demandé à la Cour de prendre acte du désistement de la partie civile. Et de demander la confirmation du jugement de première instance. A savoir la relaxe de Bara Tall et ses co-prévenus. La Cour rend son délibéré le 16 juillet prochain.
Retour sur les faits
Ils étaient poursuivis pour faux, usage de faux et escroquerie portant sur les deniers publics au préjudice de l’Etat, portant sur la somme de 10 milliards de francs CFA dans le cadre de l’affaire dite des Chantiers de Thiès. Ou exactement du programme de réhabilitation de certaines localités dénommé ‘’Spécial Indépendance’’ et dont Thiès avait bénéficié en 2004. Seulement, ce programme avait sonné la fin de la collaboration entre l’ex-Président Wade et le maire de Thiès, Idrissa Seck, Premier ministre à l’époque. Car, selon le rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE), il y a eu des dépassements budgétaires dans l’exécution des chantiers (inachevés) de Thiès.
Le rapport de l’IGE relevait ‘’un dépassement de 26 milliards de FCFA, par rapport à une enveloppe de 20 milliards autorisée par le président de la République’’. Ainsi Bara Tall qui avait préfinancé le marché s’était retrouvé en prison, mais aussi l’actuel maire de Thiès et même l’ancien ministre de l’Habitat, Salif Bâ, directeur du PCRPE au moment des faits.
Idrissa Seck et M. Bâ avaient finalement bénéficié d’un non-lieu. Mais Bara Tall et trois autres entrepreneurs avaient été jugés en audience correctionnelle en avril 2011. Lors du procès, le PDG de JLS et ses co-prévenus avaient clamé leur innocence. Il n’empêche, le parquet avait requis cinq ans ferme, une amende ferme de 5 millions de francs et la confiscation des biens des prévenus. Même si, par ailleurs, le substitut Ibrahima Ndoye avait clamé haut et fort que selon sa conviction ‘’éthique’’, Bara Tall n’avait rien fait.
Tout le contraire de l’Etat du Sénégal qui avait pour sa part réclamé 15 milliards 963 millions de francs CFA à titre de réparation à Bara Tall et à ses co-prévenus. La plus grosse part de ce montant avait été réclamée au PDG de JLS, soit exactement 11 941 400 000 francs CFA.
FATOU SY