Les familles dénoncent le silence des autorités
L'Association des ressortissants des îles Bliss de Casamance a tenu, hier, une conférence de presse dans les locaux d'Amnesty International/Sénégal pour reparler de l'affaire de Fulbert Sambou et Didier Badji. Leur sort reste jusqu'à présent mystère et boule de gomme. Face à ce silence assourdissant des autorités étatiques, ils ont annoncé un plan d’action qui sera déroulé prochainement.
Hier, l’Association des ressortissants des îles Bliss de Casamance, en présence d’Amnesty International, de la société civile de Claire Vision, a fait face à la presse pour évoquer une nouvelle fois la disparition de ses deux membres : l'adjudant-chef de la gendarmerie nationale Didier Badji et le sergent Fulbert Sambou. ‘’Nous avons jugé nécessaire de nous rapprocher d’Amnesty International, du Forum civil, de nous faire aider par des conseillers, des avocats qui vont nous aider par les procédures à adopter, à faire en sorte que la lumière jaillisse sur ces deux dossiers’’, a déclaré le docteur Alex Nickodème Tabare.
Le porte-parole du jour de poursuivre : ‘’Que les Sénégalais et l’opinion internationale sachent que nous sommes toujours à la recherche d’informations par rapport à la disparition de nos frères Didier Badji et Fulbert Sambou.’’
A l’en croire, ‘’un plan d’action va être déroulé prochainement". "La famille proche n’a reçu personne venant du ministère de la Santé, du ministère des Forces armées et de la gendarmerie pour les informer de l’évolution de ces dossiers", se désole-t-il.
Selon Me Amadou Diallo, Président d’Amnesty International/Sénégal, "la justice n’a pas fait correctement son travail". “Jusqu’à preuve du contraire, en ce qui concerne Didier Badji, la famille ne sait pas s’il est toujours en vie, dans quelles circonstances il est parti”, dit-il. Faisant remarquer qu’il y a des manquements dans le traitement de cette affaire. En ce qui concerne Fulbert Sambou, il semble qu’une information judiciaire ait été ouverte, mais jusque-là, ni la famille ni les avocats ne connaissent l’état des procédures.
Plainte contre Ahmed Suzanne Kamara et Baye Diakhaté
‘’Il semble qu'il y aurait eu une procédure judiciaire qui a été ouverte. L’opinion doit savoir que les avocats de feu Didier Badji et de Fulbert Sambou ont déposé une plainte contre des personnes nommément désignées. C’est le cas de Baye Diakhaté et Mouhamed Suzanne Kamara. Ce sont ces personnes qui ont fait une déclaration faisant état de torture et de tuerie", renchérit-il.
Prenant la balle au bond, Me Diallo d’ajouter : "L’affaire serait confiée au troisième cabinet du juge de la grande instance de Dakar et rien n’a été fait. Ce que réclame ces familles, c’est de savoir ce que les autorités de compétence, à savoir le Haut commandement de la gendarmerie, l’IGE (Inspection générale d’État) où était rattaché Didier Badji et les autorités judiciaires comptent faire pour, non seulement informer les familles, mais également comptent faire pour déterminer les causes et les circonstances, éventuellement les auteurs de leurs décès.’’
Il fulmine : "En ce qui concerne la disparition de Didier Badji, aucune autorité n’est venue le voir. Il est père de famille. Il a quatre enfants. Jusqu’à présent, personne de sa famille ne reçoit ni son salaire ni une quelconque compensation de la part des autorités de la gendarmerie." ‘’Nous trouvons cela inadmissible. Il faut sensibiliser l’opinion, battre campagne, pour que l’autorité, l’État de façon générale, prenne en charge ces questions’’.
Ainsi, aux yeux des ressortissants des îles Ibliss, "il est inadmissible, dans un État de droit, qu’on parle de disparition ou de mort suspecte et qu’absolument rien ne soit fait pour éclairer la lanterne des parents de ces victimes".
DIANA DIA (Stagiaire)