Toto Sarr et ses co-prévenus encourent le sursis
Après trois renvois, l’affaire du navire de guerre déclassé et dénommé ‘’Defender’’ et dans laquelle est citée l’ex-directeur général de la Sûreté Moustapha John Sarr dit Toto a été finalement jugée hier. A l’issue des débats d’audience, le représentant du parquet a requis six mois assortis du sursis contre tous les prévenus.
L’affaire du navire de guerre déclassé dénommé ‘’Defender’’ et arraisonné à Hann Bel Air avait fait le buzz sur la toile, à cause de la présence d’équipements de guerre. Mais les débats d’audience ont semblé présenter cette affaire comme un ballon de baudruche. Surtout que le parquet a requis six mois assortis du sursis contre tous les prévenus. Il s’agit de quatre Sénégalais : l’ex-directeur général de la Sûreté Moustapha John Sarr dit Toto ainsi que ses deux associés de la société ‘’Prima Centurie’’, Samir Mourad et Meïssa Christian Xavier Diop. Et de quatre Britanniques : les matelots Robert Andrew Bayliss et Christopher John Tracey et l’aide machiniste Alexandre Thomas John Eldson ainsi que Christopher Neil Enmarch. Commandant du bateau, ce dernier avait, avec son équipage, jeté les amarres au large de Bel Air, dans la nuit de 3 au 4 juin dernier, sans autorisation. Le capitaine ne disposait certes pas d’autorisation des autorités administratives, mais il avait celle de Samir Mourad. Il a expliqué, hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, que lorsqu'il lui a demandé s'il pouvait amener le bateau au Sénégal, il lui a répondu par l'affirmative. ‘’Il y a 10 mois, après avoir retrouvé mes contacts sur l’internet, Samir m’a proposé de venir travailler avec lui, car il a une société évoluant dans la sécurité’’, a raconté Enmarch. Donc, selon ses explications, l’idée était de rester au Sénégal, pour un délai de cinq jours pour permettre à ses éventuels partenaires de faire une prospection du navire. Soutenant qu’il s’agit d’un bateau de plaisance, le capitaine dit être venu avec ses compatriotes, pour leur permettre de bénéficier d’une aventure. Une déclaration corroborée par Christopher John Tracey, Alexandre Thomas John Eldson et Robert Andrew Bayliss, qui ont confié qu’il s’agissait pour eux d’avoir une aventure et de passer des vacances, sans bourse délier.
‘’Prima Centurie’’ nie avoir fait venir le bateau
Cependant, lorsque les responsables de ‘’Prima Centurie’’ ont été entendus, ils ont nié avoir demandé au commandant de venir au Sénégal. ‘’Personne ne lui a demandé venir’’, a pesté Meïssa Christian X. Diop. Toto Sarr a dit avoir été informé de l’arrivée du bateau par Meïssa et a nié avoir contacté les autorités de la marine. Le problème, a expliqué Samir Mourad, est que ‘’nous étions en discussion avec Enmarch pour qu’il nous présente les caractéristiques du bateau’’. Le trio a été dédouanés à ce niveau par le représentant de l’Agence nationale des activités maritimes. M. Massamba Achille Edouard Guèye a expliqué qu’il revenait au commandant du bateau de trouver les documents lui permettant de naviguer au Sénégal. Et non seulement les Britanniques ne disposent pas des documents nécessaires, mais ils n’avaient que de simples passeports. Le même constat a été fait par l’administration des douanes, car selon le lieutenant-colonel Malang Diédhou, les membres de l’équipage n’avaient pas également un passavant de circulation. C’est pourquoi, la Douane et la Marine ont voulu se constituer partie civile. Mais ils n’ont pas eu le loisir de formuler leur demande de réparation. Le président Mor Lô leur a signifié que seul l’État pouvait se constituer, or il n’a pas été représenté par son agent judiciaire.
La réhabilitation sociale de Toto Sarr sollicitée
Dans son réquisitoire, le représentant du parquet a estimé que le délit de détention illégale d’arme et complicité est établi. Car, a argué le parquetier, le certificat de désactivation des deux canons ne correspondait pas au numéro d’immatriculation. Compte tenu du fait qu’il incombait aux Britanniques de se procurer des documents, avant de venir au Sénégal, le parquetier a demandé que Toto Sarr et ses deux associés soient relaxés des délits de complicité de défaut de journal de bord, de titre de navigation. Pour Mes Bamar Faye et Cheikhou Cissé, le parquet devait aller jusqu’au bout de sa logique, en relaxant Toto Sarr et Cie. Me El Hadj Basse a demandé la restitution du bateau, en soulignant qu’il s’agit d’un dossier ‘’super médiatisé’’. C’est pourquoi, Me Ousseynou Ngom a estimé qu’au-delà de la relax, Toto Sarr doit être réhabilité socialement, vu son rôle dans ce pays. ‘’ Il n’est pas un vulgaire malfrat, mais c’est quelqu’un qui a assuré la sécurité de ce pays, pendant des années’’, a plaidé Me Ngom. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour demain, tout en rejetant la liberté provisoire du capitaine, le seul à être jusqu’à présent dans les liens de la prévention.