Publié le 9 Mar 2021 - 18:17
AFFAIRE OUSMANE SONKO

La bataille de Lat Dior n’a pas eu lieu !

 

Mobilisés par centaines devant le tribunal de grande instance hors classe de Dakar, les jeunes ont exigé et obtenu la libération du président du Pastef/Les patriotes Ousmane Sonko. Le pire a ainsi été évité de justesse, entre des manifestants déterminés et des forces de l’ordre armées jusqu’aux dents.

 

11 h 00 dans les alentours du palais de Justice de Dakar. La rumeur enfle. Ousmane Sonko sera libéré et placé sous contrôle judiciaire. Le public, par des centaines massées à la devanture de l’institution, est toujours dans l’expectative. Une seule question les taraude. L’information est-elle vérifiée ? Puis, c’est la délivrance vers les coups de 11 h 30, avec la confirmation des avocats. ‘’Liberté ! Liberté ! Liberté !...’’, scandent des jeunes très euphoriques, sous le regard soulagé des éléments de la gendarmerie nationale, qui baissent de plus en plus la garde.

Sur place, c’est une hystérie généralisée. L’atmosphère, jusque-là très tendue, se détend en deux temps, trois mouvements. Comme si tout Dakar n’attendait que cette nouvelle.  Le soulagement se lit sur tous les visages. A l’ambiance de guerre qui régnait quelques minutes auparavant, se succède une véritable ambiance de carnaval.

Très excité dans son Lacoste blanc, Mohamed Fall, drapeau national à la main, embrasse très chaleureusement le gendarme positionné juste devant le tribunal. Il lui dit : ‘’Ce n'est pas vous le problème. Vous êtes nos frères. Le problème, c'est Macky Sall.’’

Une ambiance de carnaval

Pour les manifestants, c’est mission presque accomplie. Le face-à-face que tout le monde craignait n’aura finalement pas lieu. En tout cas pas dans les alentours du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, où le président de Pastef/Les patriotes devait être auditionné par le doyen des juges d’instruction Samba Sall.

Aussitôt après l’annonce, la majorité des jeunes enclenche une très longue procession vers la corniche. Partout, c’est une ambiance de fête, des embrassades avec les forces de défense et de sécurité. Lesquelles jouent le jeu des manifestants dans une grande convivialité.

En face de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, Petit Diagne, la trentaine, venu de Guédiawaye, n’arrive plus à contenir son émotion. Assis dans un coin, pleurant comme une madeleine, il se lamente et regrette les nombreux morts occasionnés par les manifestations. Pour lui, un seul homme en est responsable. Et c’est le chef de l’Etat. ‘’Pourquoi ? Pourquoi tous ces morts ? Macky Sall, si on t’avait fait la même chose, tu n’aurais jamais été président de la République. Pourquoi tuer les enfants de ce pays ? Pourquoi transformer notre pays en champ de guerre ? Le Sénégal ne connait pas ça. Le Sénégal est connu pour être un pays d’hospitalité, de stabilité...’’, psalmodie-t-il les larmes inondant son visage noir.

Relevé par ses camarades de guerre, encouragé, Petit continue de pleurer, tout en regagnant la longue procession qui semble ne plus connaitre où elle va. Pour certains, il faut aller chez Ousmane Sonko, à la cité Keur Gorgui. Pour d’autres, la manifestation a déjà pris fin. Moussa Ndoye, très content de la libération de son leader, dit vouloir regagner son domicile à Fass. T-shirt noir sur un jean bleu, il peste : ‘’Nous sommes fiers, aujourd’hui. Tout ce que nous voulions, c’est la libération d’Ousmane Sonko. Macky Sall n’est pas un roi. Nous étions prêts à mourir pour que le président Ousmane Sonko ne soit pas sacrifié comme les autres. Nous resterons mobilisés jusqu’à sa libération complète, car il est l’espoir de la jeunesse et du pays.’’

A hauteur de la mosquée Omarienne, la foule se disloque. Les uns prenant l’avenue El Hadj Malick Sy, les autres continuant sur la corniche.

De retour au tribunal, vers les coups de 14 h, c’était le désert. Seules les barricades montraient les velléités de combat les heures précédentes. Le même constat a été fait un peu partout dans le centre-ville.

Dakar bunkerisé

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Etat s’était préparé au pire. Le long de la corniche, les militaires censés être aux frontières ou dans les casernes en temps de paix, sont fortement mobilisés. Debout au milieu de leurs chars de combat, les mines graves, le doigt sur la gâchette, ils semblent n’attendre qu’un mouvement inapproprié pour faire feu. Il est 12 h passées de quelques minutes devant la Direction générale de la Police nationale annexe. Au moins 10 chars sont positionnés avec des militaires armés jusqu’aux dents.

Dans le camp d’en face, il y a des jeunes déterminés, qui semblent n’avoir peur de rien. Pour eux, seule la libération d’Ousmane Sonko peut permettre de décanter la situation. ‘’Nous les (les forces de l’ordre) attendons de pied ferme’’, lançait Moustapha Ndiaye aux forces de l’ordre, quelques instants plus tôt, devant le tribunal. L’homme était inquiet à cause de la rumeur d’un éventuel mandat de dépôt du président du Pastef/Les patriotes. ‘’Nous sommes prêts à y laisser nos vies’’, grondait-il, plein de vigueur, devant des gendarmes prêts à en découdre.

A la place de l’Indépendance ainsi que sur beaucoup d’autres points névralgiques de la capitale, le décor était identique. Mais malgré la forte mobilisation des forces de défense et de sécurité (armée, gendarmerie, police), les jeunes semblent en avoir cure. Partout, ça vibre au rythme du ‘’Libérez Sonko…’’.  

MOR AMAR

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