La seconde session de la Cour d’assises de Dakar s’est achevée vendredi, dans la tristesse, car les trois accusés ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Ils comparaissaient pour association de malfaiteurs et vol aggravé.

Une triple fracture à la jambe gauche et une triple fracture aux jambes gauche et droite. C'est le supplice infligé respectivement à Serigne Mourtala Thiam et Ndiaga Ndiaye courant août 2007 à la Médina, par les accusés Ismaëla Diop alias Katio, Assane Sène et Pape Amadou Diop alias Bélo. Habitant à la Rue 3 X 8, le trio est spécialisé dans le vol de scooters. Le tort de Serigne Mourtalla Thiam, agressé le 15 août entre 23h et minuit, a été d’avoir sommé à Bélo, l’ami d’un de ses neveux qui faisait du bruit avec son scooter, d’arrêter son tapage nocturne. Bélo l’a rattrapé dans les escaliers pour lui planter un coup de couteau à la cuisse. Les acolytes de l’accusé s’en sont mêlés en le poignardant et l’un d’eux lui a jeté une pierre à la tête. Il s'en sortira avec 150 jours d’incapacité temporaire de travail (ITT). Lorsqu’il s’est réveillé à l’hôpital, sa montre d’une valeur de 300.000 francs avait disparu. Quant à Ndiaga Ndiaye, il s’opposait au vol de son scooter garé au bas de l’immeuble où il habite. Il s’est retrouvé dans le coma, à cause des coups de couteau reçus. C’est au lendemain de cette agression survenue le 27 août 2007, aux environs de 9heures du matin, que les accusés ont été arrêtés. Informé de cette arrestation, le maire de la Médina d’alors Pape Momar Diop a fait savoir aux enquêteurs que la Bande à Bélo était également l’auteur de l’agression sur Serigne Mourtala Thiam. Devant les policiers de la Médina, seuls Assane Sène a nié les faits.

Bélo et sa redoutable clé à bougie

A la barre, Katio et Assane Sène ont contesté les faits. Alors qu’il avait désigné Bélo comme étant l’agresseur de Ndiaga Ndiaye, lors de l'instruction, Katio a allégué cette fois-ci avoir été arrêté seul, lors d’une rafle. ''Tout le monde a fui, sauf moi''. Assane Sène a allégué qu’il séparait des antagonistes qui se bagarraient. ''On m’a même jeté un tesson de bouteille à la figure'', ajoutera-t-il. Seul Bélo a reconnu les faits, tout en évoquant la légitime défense. ''En ce qui concerne Ndiaga Ndiaye, dit-il, j’étais venu récupérer mon scooter, lorsqu'il m’a traité de voleur. Je lui ai demandé de descendre de son balcon, s’il était un homme. Nous nous sommes bagarrés et je l’ai blessé avec une clé à bougie''. Pour l'autre victime, il dira : ''Mourtalla Thiam m’a donné un coup de tête au point que j’avais des vertiges. Je me suis défendu avec la clé à bougie.

''C’est vous la victime et ce sont toujours les autres qui se sont retrouvés à l’hôpital, avec plusieurs fractures et même dans le coma'', lui a rétorqué le président. Cette question trouvera réponse dans le témoignage de l’épouse de Ndiaga Ndiaye. ''Quand mon mari est descendu, après avoir été informé de la tentative de vol par notre voisin Assane Sy, raconte la dame, Bélo l’a insulté et lui a asséné deux coups de couteau''. Elle a ajouté que son époux a perdu deux dents et s’est évanoui à cause de l’hémorragie. Elle a indiqué que Assane Sène qui avait un pansement au visage, faisait partie de la bande. Conforté par ce témoignage, l’avocat général a requis les travaux forcés à perpétuité. Les trois avocats de la défense ont plaidé l’acquittement évoquant l’absence de preuves. Car, de l’avis Me Ndiaga Dabo, ''les accusés sont victimes de la rumeur''. En effet, durant l’enquête de personnalité, plusieurs personnes dont l’ancien maire de la Médina ont témoigné en indiquant que Bélo et Assane Sène squattaient une maison abandonnée et agressaient de jour comme de nuit''. La Cour n’a pas été convaincue par les arguments de la défense. Car le trio a été condamné aux travaux forcés à la perpétuité pour associations de malfaiteurs, vol en réunion avec violences et usage d’armes blanches, coups et blessures volontaires ayant entraîné des ITT de 150 jours sur Serigne Mourtala Thiam et indéterminés sur Ndiaga Ndiaye.

(2ème partie)

FATOU SY