Le chef de l’Etat a octroyé plus de 119 millions de francs Cfa pour le financement des groupements d’intérêt économique (Gie) de femmes et de jeunes filles à travers le pays. Ceci pour promouvoir leur autonomisation. La cérémonie de remise symbolique a eu lieu hier, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme.

‘’Autonomiser les femmes et les filles rurales’’, c’est le thème choisi, cette année, par les Nations Unies, pour célébrer la femme, à l’occasion de la journée qui leur est dédiée. Il s’agit précisément du 8 mars. Au Sénégal, le président de la République n’a pas été en reste. Hier, le stade Iba Mar Diop de la Médina a été choisi pour abriter cette cérémonie en l’honneur de toutes les femmes du pays.

‘’Cette journée témoigne la reconnaissance, par la communauté internationale, du rôle capital de la femme et notamment celle en milieu rural, dans la stabilité des familles, des communautés et de la croissance économique nationale. Cette mobilisation pour le bien-être de la femme rurale procède d’un impératif de justice et d’équité. Il existe encore trop d’inégalités et de discriminations entre les femmes. Elles sont les clés de notre émergence’’, a dit le président de la République devant des milliers de femmes.

Sur sa lancée, Macky Sall a procédé à l’allocation de 119,132 millions de francs Cfa pour le financement des groupements d’intérêt économique (Gie) de femmes et de jeunes filles. Parmi ces derniers, on peut citer la Fédération Younouféré, qui réunit 900 membres, le Réseau Cesiri, le Gie Xetali Jiggen, Baax Yaaye Ndiongolor, etc.

De l’avis du chef de l’Etat, c’est cette ‘’fonction forte’’ des femmes dans le développement du pays qui fonde sa volonté de mettre le potentiel de la femme rurale, ‘’symbole de résilience, de dignité, de courage et d’humilité’’, au service de l’émergence à l’horizon 2020-2035. ‘’Par cet esprit, j’ai pris d’importantes mesures pour faire reculer les préjugés qui ralentissent notre marche résolue vers l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes. Dans ce cadre, il a été mis l’accent dans des secteurs qui conditionnent le bien-être des femmes. Ainsi, après la réforme sur le foncier, nous allons reprendre certaines concertations, sur la base de l’approche genre, pour parachever ce projet, afin que la femme rurale, et de manière générale, puisse avoir accès au foncier au même titre que l’homme’’, a-t-il rassuré.

‘’Un nouveau tournant dans le processus de valorisation de la femme’’

Aussi, pour Macky Sall, la Journée internationale pour les femmes constitue également un temps fort dans sa quête perpétuelle d’un ‘’avenir meilleur’’ pour les femmes. ‘’Cette journée nous permet, chaque année, de procéder à une évaluation exhaustive et objective de notre politique en matière de promotion féminine. Une évaluation qui met en lumière une histoire acquise ainsi que des défis à relever en faveur de leurs droits, dans les villes comme dans les campagnes’’, a-t-il poursuivi.

En outre, le président de la République a estimé que l’année sociale 2018 doit marquer un ‘’nouveau tournant’’ dans le processus de valorisation de la femme. ‘’Dans ce cadre, j’exhorte le mouvement associatif féminin à bâtir un consensus national pour l’égalité des genres. Le chemin qui reste à faire, nous le ferons ensemble. Cette bataille pour la participation des femmes dans la réalisation du développement durable, de la paix, de la sécurité et des droits humains doit être une affaire de tous’’, a-t-il soutenu. Dans ce sens, le chef de l’Etat a indiqué que la mise en œuvre du plan d’action contributif du ministre de la Femme, pour l’année sociale, est une innovation. ‘’Il aura permis de financer aujourd’hui 332 unités économiques qui regroupent 12 500 femmes, pour un coût de 707 millions de francs Cfa provenant du Fonds national de crédit femmes ou Fonds de l’entreprenariat féminin’’, a-t-il annoncé.

Par rapport à l’accès à la santé, à l’éducation de qualité ainsi qu’au financement, le président Sall a rappelé, en dehors des mécanismes de financement existant à travers le Fongip, le Crédit femmes, le Fonds d’impulsion de la microfinance, le Programme de promotion de la microfinance islamique, la mise en place de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide dédiée aux femmes et aux jeunes. ‘’Ce programme est financé à hauteur de 30 milliards de francs Cfa. Il a donc pour objectif d’amplifier la promotion de l’entrepreneuriat, en vue d’offrir des emplois durables aux femmes et aux jeunes. A ces initiatives, s’ajoutent les vastes programmes d’équipement destinés à l’accroissement de leurs capacités productives et à l’allègement de leurs travaux, à travers la distribution par le Pudc de 3 519 matériels post-récolte, en plus des 2 574 que je viens de remettre en ce jour hautement symbolique’’, a-t-il dit.

Transformer l’énergie des femmes en action

Au Sénégal, il est ‘’incontestable’’, selon le maire de la Médina Bamba Fall, que la volonté de la promotion des droits de la femme existe. ‘’Je suis convaincu que l’émergence de ce pays passera par les femmes à travers leur participation active dans le développement économique et social’’, a-t-il témoigné. D’ailleurs, la directrice régionale d’Onu Femmes, Diana Ofwona, a estimé que la Journée mondiale de la femme est l’occasion de transformer l’énergie des femmes en action, de favoriser leur autonomisation pour répondre à l’agenda 2063 de l’Union africaine ainsi que les Odd sans laisser personne derrière.

‘’En vue d’accélérer et de maximiser le potentiel des femmes, il est important de consacrer des moyens conséquents à la promotion d’accès aux nouvelles technologies, à la protection sociale, à la terre. Mais surtout d’accroitre les investissements et ressources financières’’, a-t-elle préconisé.

Toutefois, la présidente de l’Association nationale des femmes rurales, Ndiouck Mbaye, a souligné que pour que les femmes et les jeunes filles soient autonomes, il faut qu’elles soient capables de se prendre en charge. ‘’Or, dans le milieu rural, l’accès au foncier reste un défi à relever. C’est pourquoi nous plaidons pour l’organisation des assises de l’agriculture et du foncier. Une rencontre qui permettra de réunir les femmes de cette zone, les gouverneurs et tous les acteurs. Nous vous demandons de donner des terres avec des titres fonciers. Le Pudc a certes réalisé des choses significatives dans la zone rurale, mais il ne couvre pas tout le monde’’, a-t-il relevé.

Il faut noter que le chef de l’Etat a saisi l’occasion, hier, pour honorer les femmes pionnières à travers le pays. Il s’agit notamment de la présidente de l’Ordre national des experts comptables et des comptables agréés du Sénégal, Marie Ba, d’Adjaratou Khar Mbaye Madiaga, du ministre de l’Elevage Aminata Mbengue Ndiaye, etc.

MARIAMA DIEME