Deux enseignants ‘’choquent’’ le tribunal
Enseignants au groupe scolaire Cheikh Ahmadou Bamba (CHAB) sis aux Parcelles Assainies, Yérim Malick Guèye et Denis Abeudjé pourront-ils inculquer le civisme à leurs élèves ? Le délégué du procureur Yoro Moussa Diallo n’a pas manqué de soulever cette interrogation hier, devant le tribunal départemental de Dakar où comparaissaient les deux enseignants. Le parquetier a été révulsé par le comportement des deux instituteurs qui se sont battus devant les élèves et leurs collègues, le 13 mai dernier.
Cette bagarre est la conséquence de la haine viscérale que se vouent mutuellement les deux enseignants, depuis près de 20 ans. A en croire le plaignant Denis Abeudjé, son collègue Yérim ne cesse de le provoquer, depuis 1996. ‘’Il me frappe devant mes enfants et les autres élèves, à chaque fois’’, a-t-il confié. Exhibant un gris-gris et tourné vers le public, le plaignant a déclaré : ‘’Je veux que tout le monde le sache : c’est à cause de ça qu’il m’en veut’’.
Rappelé à l’ordre par le président, le plaignant est revenu sur les faits, en expliquant qu'il était allé voir le directeur. Yérim était déjà dans le bureau, il a attendu dehors. En sortant, son antagoniste a arraché le gris-gris qu'il portait autour du cou et a menacé de le détruire. Ensuite, a-t-il poursuivi, son collègue s'est mis à lui donner des coups de poing, c'est pourquoi il a réagi.
Yérim Guèye a reconnu les faits de coups et blessures volontaires, tout en se réfugiant derrière l’excuse de provocation. Selon lui, le plaignant n'a eu de cesse de le provoquer, parce qu’il n’apprécie pas qu’il lui fasse des remontrances. Poursuivant ses explications, l'instituteur a indiqué qu'il surprend souvent Denis en train de flâner aux heures de cours et qu'en tant qu’intérim du directeur, il lui arrive de l’interpeller sur son attitude. L'enseignant a ajouté que le gris-gris de son collègue lui porte malheur.
‘’Peu importe ce qui vous oppose, la bagarre n’est pas la meilleure façon de régler un problème’’, a sermonné le délégué du procureur. Et d’ajouter : ‘’comment deux enseignants sensés transmettre des valeurs peuvent-ils se battre devant des élèves ?’’.
‘’C’est choquant’’, a conclu le parquetier, avant de demander l’application de la loi. La défense a sollicité la clémence, tout en jugeant démesurés les 450 mille francs Cfa réclamés par Denis, au titre de dommages et intérêts. Dans son délibéré, le juge Mbath Mbaye a ramené ce montant à 100 000 francs Cfa. En sus de ce montant, Yérim Malick Guèye devra payer une amende ferme de 50 000 francs Cfa.
FATOU SY