Publié le 4 Jan 2014 - 01:47
BAISSE DU PRIX DU LOYER

La colère noire des agents immobiliers !

 

La réduction du prix des loyers annoncée par le chef de l'État sénégalais, Macky Sall, crée une vague de contestations chez des agents immobiliers. Ils jugent qu'il doit revoir sa copie même si quelques-uns approuvent...

 

''De quel droit l'État peut-il se permettre de décréter une loi qui impose une baisse du prix du loyer ? Cela ne se passe dans aucun pays au monde. Macky Sall doit revoir sa copie. Son projet est techniquement irréalisable.''

Avec une voix pleine de rage, Moustapha Diop, le responsable de l'agence immobilière ''Nouvelle destination'', située à Mermoz Sotrac, ne peut contenir sa colère. Les prix déclinés par la commission nationale chargée de réfléchir sur la baisse du loyer ne reflètent que des signes de tâtonnements du régime en place. Il va jusqu'à parler ''d'absurdités''.

Le ton est dur, comme chez quelques-uns de ses ''confrères'' qui trouvent amer le cadeau de fin d'année de Macky Sall. ''C'est une aberration, l'État n'a aucunement les moyens de cette ambition. D'ailleurs, quand deux privés conviennent de commun accord du prix du loyer, qu'est-ce que l'État a à faire dedans ?

Il ne peut que respecter la liberté contractuelle. En revanche, s'il veut régler le problème du loyer à Dakar, il doit activer le levier fiscalité. Au cas contraire, qu'il fasse en sorte que les gens n'habitent plus à Dakar mais aillent vivre ailleurs...''

Ils sont nombreux à s'inscrire dans la même veine. Des experts immobiliers entendent riposter contre cette nouvelle mesure qui nécessite, à leurs yeux, des études sérieuses et même l'implication des agents immobiliers.

Sur un ton plus calme, Mamadou Mbaye, responsable du groupe Mbs Immo, à la Sicap Baobab, n'en pense pas moins que le nouveau régime est en passe de rater le coche, même si le fait de baisser le prix du loyer est un acte noble. ''Nous sommes des citoyens et sommes sensibles aux conditions de vie de nos proches.

Seulement, l'État se devait de bien réfléchir avant de prendre une telle mesure. En attendant que le décret soit publié, il lui faut impérativement une étude approfondie afin qu'il puisse faire la part des choses.''

En fait, pour M. Mbaye, les autorités gouvernementales devraient jouer sur trois axes : le foncier, la fiscalité et le financement.  En termes plus clairs, elles doivent prendre en considération la cherté du mètre carré. ''Il coûte excessivement cher à Dakar . Une baisse du loyer suppose une réduction du prix du mètre carré'', explique M. Mbaye.

Deuxième paramètre qui entre en jeu : la fiscalité. ''On paie 15 à 20% de frais de notaire malgré la baisse intervenue récemment. C'est énorme pour les bailleurs.'' Quant au dernier axe : le financement, selon M. Mbaye,  ''les bailleurs remboursent leurs prêts au niveau des banques à des taux très élevés. Quel que soit le lieu de résidence, ils ne peuvent que fixer un prix élevé''.

Sur le vent de protestations des agents immobiliers qui risque de souffler d'ici peu, notre interlocuteur estime que ''cela va de pair. La gestion immobilière ne rapporte pas gros. Le taux ne dépasse pas 10%. Il s'y ajoute qu'on risque d'asphyxier d'autres emplois avec cette nouvelle mesure.

Par exemple, si avec 10 villas louées, vous vous retrouvez avec un total de bénéfice de 1 500 000 F Cfa par mois, vous courez à la perte avec cette mesure. Car vous avez un personnel à payer et des charges de fonctionnement énormes.  Si le décret est appliqué, que vous gagnez 849 000 F Cfa sur les 10 villas, vous serez obligé de vous séparer d'une partie de votre personnel à défaut de réduire leur salaire....''

Si tous déplorent l'inexistence de mesures d'accompagnement, ils sont d'avis que le gouvernement a intérêt à revoir la fiscalité. Au cas contraire, des remous ne vont pas tarder....

Une décision salutaire !

La spéculation immobilière n'est pas du goût de tous les promoteurs. Tous n'y trouvent pas leur compte. En effet, la position du propriétaire de l'agence immobilière ''Immo de la Côte Ouest'', Valérie Boissy, est illustrative de l'état d'esprit de quelques-uns des acteurs. Ils jugent qu'il faut savoir raison garder.  Valérie Boissy va plus loin dans ses explications.

''La spéculation foncière et la cherté du loyer à Dakar nous causent beaucoup de problèmes. J'insiste pour que les autorités étatiques adoptent ces nouvelles dispositions en vue de remettre de l'ordre dans le secteur. On ne gagne plus de commissions à cause d'un loyer cher. Parfois, les clients, en quête d'appartement, tournent en rond sans succès. On accuse les agents immobiliers de spéculer sur les prix alors qu'il n'en est rien. Même s'il est vrai que la zone de résidence détermine le coût, les propriétaires exagèrent. Ils donnent l'impression d'être pressés d'en finir avec leurs banques, et que c'est pour solder leurs dettes dans les brefs délais qu'ils fixent des prix exorbitants. Nous saluons vivement cette décision du gouvernement d'encadrer les prix'', souligne M Boissy.

Matel BOCOUM

 

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