Karim Wade s’en remet à la Cour de justice de la CEDEAO
Privés de leur liberté de mouvement, des dignitaires du régime d’Abdoulaye Wade comptent sur l’institution judiciaire régionale pour être réintégrés dans leurs droits.
On saura, le 4 février prochain, si la Cour de justice de la CEDEAO ordonne ou non à l’Etat sénégalais de lever la mesure d’interdiction de sortie du territoire qui frappe plusieurs proches de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012).
Une requête aux fins d’un « traitement accéléré » de la plainte déposée le 27 décembre 2012 par Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ex-chef de l’Etat, et cinq autres personnalités de premier plan de l’opposition contre l’Etat du Sénégal a été examinée ce 22 janvier 2013 par la Cour de justice de la CEDEAO, à Abuja (Nigeria). Elle vise, entre autres, à obliger l’Etat du Sénégal à faire cesser immédiatement la mesure d’interdiction de sortie du territoire prise à l’encontre des plaignants qui sont poursuivis à Dakar pour enrichissement illicite présumé.
L’Etat du Sénégal était représenté à l’audience par Mafall Fall, magistrat détaché auprès de l’Agent judiciaire de l’Etat. Ce dernier a, en vain, demandé le report de l’audience, avant de soulever les exceptions d’incompétence de la Cour et d’irrecevabilité de l’action des plaignants.
Karim Wade, Samuel Sarr, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Ousmane Ngom et Madické Niang étaient, pour leur part, représentés par trois avocats du barreau de Dakar. Au nom de leurs six clients, Mes Ciré Clédor Ly, Demba Ciré Bathily et Mohamed Seydou Diagne ont demandé à la Cour de faire injonction à l’Etat sénégalais de faire cesser « immédiatement » la mesure d’interdiction de sortie du territoire.
Ils ont par ailleurs demandé l’arrêt des poursuites pour enrichissement illicite présumé, en raison du « préjudice grave et immédiat » subi par leurs clients, qui contestent l’existence même de la loi sur l’enrichissement illicite. Pour la petite histoire, Me Ciré Cledor Ly avait obtenu devant la même cour, en avril 2012, la condamnation de l’Etat ivoirien suite à une plainte de Michel Gbagbo, fils de l’ancien chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, incarcéré à La Haye.
Dans l’affaire Michel Gbagbo contre l’Etat de Côte d’Ivoire, la Cour de justice de la CEDEAO avait « ordonné » aux autorités ivoiriennes de « prendre toutes les mesures nécessaires et appropriées pour sauvegarder la vie et la santé physique » du plaignant. Sans avoir été entendu, l’intéressé étant toujours privé de sa liberté de mouvement, en Côte d’Ivoire.
Pour ce qui concerne le dossier Karim Wade & consorts contre l’Etat du Sénégal, la Cour de justice de la CEDEAO a prononcé le délibéré sur les exceptions soulevées. Verdict le 4 février prochain.
Afriquinfos