Publié le 19 Dec 2017 - 12:20
BOUBACAR SEYE (HORIZON SANS FRONTIERES)

‘’On ne règle pas une crise migratoire par les armes’’

 

A l’occasion de la Journée internationale du migrant célébrée hier, le président d’Horizon sans frontières (Hsf), Boubacar Sèye, a mis en garde sur les conséquences d’une intervention militaire en Libye.

 

La date du 18 décembre, dédiée aux migrants, a servi de prétexte à Horizon sans frontières (Hsf) et à l’Organisation de défense, d’orientation et d’intégration des migrants, de tirer la sonnette d’alarme sur les problématiques qui minent les migrations internationales. Cette année, la  célébration de cette journée intervient dans un contexte marqué par la crise migratoire en Libye. Boubacar Sèye, le président  de Hsf, qui animait un point de presse hier, au siège d’Amnesty international/Sénégal, a mis en garde sur les conséquences d’une réponse militaire. ‘’Aujourd’hui, il y a des tractations et des manœuvres pour une intervention militaire en Libye. Nous voulons attirer l’attention de la communauté internationale sur une telle éventualité. On ne règle pas une crise migratoire par les armes. La migration est un fait social. Aujourd’hui, il s’agit  de revoir la gestion scandaleuse du triptyque ‘’migration, paix et sécurité qui a échoué’’, a-t-il recommandé.

M. Sèye constate, avec regret, qu’en matière d’harmonisation des positions et politiques migratoires, ‘’l’Europe s’organise  alors que rien ne se fait en Afrique. L’Europe n’a pas d’interlocuteurs sur le continent. Il faudrait que l’Afrique se réveille. Le continent est plongé dans un sommeil profond. Ce qui se passe est  une honte pour toute l’Afrique. Les dirigeants africains fuient leurs responsabilités’’, s’est-il indigné.  

Pour le président de Hsf, ‘’l’Afrique est en train de tuer ses enfants par l’émigration clandestine, du fait d’absence de perspectives et d’initiatives stratégiques pour canaliser sa jeunesse’’. C’est pourquoi il invite les chefs d’Etat à prendre leur entière responsabilité par la mise en place d’initiatives stratégiques pour arrêter ces drames. ‘’Nous sommes dans un contexte mondial de mobilité croissante des populations où 850 millions de personnes franchissent chaque année les frontières. Il y a aujourd’hui un échec dans la gestion des flux migratoires. L’Europe s’est érigée en forteresse avec ses barricades physiques, juridiques et politiques. L’islam est mis au banc des accusés par une laïcité juridico-politique entretenue dans les Etats européens comme la France. Aujourd’hui, les amalgames sont là, et c’est ce qui a été à l’origine de tout cela’’, déplore ce chercheur en migrations internationales.  

Face à cette situation ‘’catastrophique’’, M. Sèye interpelle la communauté internationale, en particulier les Nations Unies pour qu’elles adoptent des lois qui protègent les plus vulnérables.  Quant à l’Europe, ‘’elle  doit se remettre en cause et s’adapter aux nouvelles donnes de la migration internationale’’, préconise-t-il.  Pour ce qui est de la politique migratoire de la France, M. Sèye estime que la France est en train de biaiser le débat. Elle gère ses intérêts géopolitiques et géostratégiques en Afrique et l’Europe ne collabore pas. 

MAMADOU YAYA BALDE

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