Publié le 18 Dec 2013 - 21:18
BOURSES NON PAYÉES, TAUX D'INSCRIPTION, RÉFORMES...

 Les étudiants imposent la guérilla aux policiers

 

L'année académique 2013-2014 sera chaude. C'est la promesse ferme que les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ont faite aux autorités si celles-ci ne reculent pas dans leur volonté d'appliquer des réformes jugées inopportunes. Hier, ils ont affronté les policiers et disent être décidés à aller au bout de leurs revendications.

 

Artères barrées, pneus brûlés, rouleaux de fils électriques calcinés, l’avenue Cheikh Anta Diop bloquée... Les crépitements des gaz lacrymogènes résonnent de partout, contrebalancés par des jets violents de gros cailloux. C'est le spectacle offert hier aux riverains, badauds et passants par le couple étudiants de l'Ucad/forces de l’ordre.

Une fumée toxique envahit les lieux, certains étudiants tombent en syncope, tandis que d’autres préfèrent prendre la poudre d’escampette. Une ambiance habituelle qui s'est répétée entre ces ennemis intimes.

Les étudiants exigent du gouvernement le paiement de leurs bourses, la baisse des droits d’inscription, tout en récusant la franchise universitaire, la diminution du taux des bourses fixé à 60% et le tarif des prix des tickets de restauration. «Nous voulons notre argent.

Tant qu’on ne nous paie pas nos bourses, nous continuerons à  manifester», a averti Ismaïla Konaté, étudiant en Licence II à la faculté des Lettres modernes. «Le Magal de Touba et les fêtes de Noël pointent à l’horizon. (…) Nous avons fixé un ultimatum au gouvernement pour ce mercredi 18 décembre 2013 et nous exigeons désormais d'être payés le 30 de chaque mois», a-t-il ajouté.

«Plus de 80% des étudiants sont pauvres»

Yandé Fall, de la faculté des Sciences juridiques et politiques, confortent son camarade. «Si les autorités ne veulent pas nous écouter et pensent que nous allons baisser les bras, elles se trompent lourdement. Plus de 80 % des étudiants proviennent de familles pauvres. Or, le Président (Macky Sall) a supprimé à 60% les bourses aux étudiants redoublants».

Jugeant cette situation anormale, il a poursuivi : «Parmi les 86 mille étudiants, la plupart confrontés à la misère sont obligés de se reconvertir en ouvriers durant les week-ends ou les jours fériés» pour espérer satisfaire leurs besoins.

Aujourd'hui, les étudiants réclament des autorités nationales et universitaires l'amélioration des conditions d'étude et d'existence qui sont les leurs. Car, à  Dakar, «la vie est trop chère».  D'où leur appel à l'endroit du Président de la République pour trouver des solutions acceptables dans le cadre des réformes engagées par le gouvernement. «Sans des négociations préalables, cette année, l’université sera secouée par les grèves. Et  cela n’est pas du goût des étudiants», explique Aliou Ndiaye, étudiant.

«Nous continuerons les grèves et les manifestations jusqu’à la fin de l’année académique 2013-2014», a promis Léonard Djibalène, de la faculté des Sciences et Techniques. «Depuis l’annonce de ces réformes, nous avons toujours montré notre opposition, mais les autorités ont choisi de faire la sourde oreille’’.

Selon les étudiants que nous avons interrogés, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar compte maintenant 86 mille étudiants en lieu et place des 23 mille autorisés. Ainsi, pour pallier ce problème, ils invitent l’Etat à créer des universités annexes à Dakar et dans les autres régions du pays.

Dans l'ambiance surchauffé de la matinée d'hier, le bruit a couru que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche avait été séquestré par un groupe d'étudiants. Mais interpellé sur cette question, Mouhamadou Moustapha Sow, chargé de communication du ministère, a jugé «cette information fausse et dénuée de tout fondement. Car Mary Teuw Niane n’était pas présent à l’Ucad.» 

EMMANUEL BOUBA YANGA (STAGIAIRE)

 

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