Des cris tout bas

Saluant chaleureusement les efforts de Touba ça Kanam qui, malheureusement, manque de moyens, les victimes réclament avec insistance un soutien plus accru de l’État, pour soulager les populations qui vivent encore sous les eaux.
“Nous sommes vraiment fatigués. Nous avons besoin d’aide”. C’est en ces termes qu’Ahmadou Diop s’est adressé à ‘’EnQuête’’, sur un ton stoïque. Remerciant vivement l’organisation Touba ça Kanam qui a aidé sa famille à trouver un refuge, il supplie l’État de penser aux gens qui souffrent et qui sont encore dans l’eau, un peu partout dans la cité religieuse.
Dans la ville sainte de Touba, ils sont de plus en plus nombreux à nourrir le sentiment d’abandon de la part du gouvernement. Les vidéos d’appel à l’aide sur les réseaux sociaux en sont des exemples palpables.
Pour l’heure, la seule entité au chevet de certaines populations de manière significative, c’est TCK.
“Dans mon quartier à Touba Khaira, la situation est catastrophique. Quelques familles ont pu être relogées grâce à Touba ça Kanam. L’organisation avait aussi déployé une pompe, mais elle ne peut accéder à certains endroits. La situation reste intacte, l’eau est toujours sur place. Aucun changement”, confie M. Diop qui salue les conditions dans lesquelles ils sont logés au niveau de Keur Wallu.
Touba Fetto, Mame Diara, Khaira : l’eau encore partout
Habitant au quartier Mame Diara, Fallou Thiam vit sous les eaux depuis maintenant plus de 20 jours. Dans ce quartier, c’est environ 100 familles qui ont été obligées de sortir de leurs maisons à cause de l’envahissement des eaux. D’autres, qui n’ont nulle part où aller, sont contraintes de rester dans l’eau. “Tous ceux qui m’entouraient ont été évacués. Nous, nous sommes obligés de patauger dans l’eau pour entrer ou sortir de nos maisons. Vous imaginez ce que ça fait, surtout avec les enfants”, témoigne M. Thiam.
Les dégâts, selon lui, sont énormes. “Des familles ont tout perdu : leurs meubles, leurs habits, ils ont tout perdu. C’est une situation très difficile, mais nous rendons grâce à Dieu”, renchérit-il.
Au quartier Mame Diara, ce qu’ils vivent est inédit. Selon les populations, c’est à cause du canal en chantier depuis l’ancien régime et qui peine à être achevé. “Avant, il nous arrivait certes d’être impactés parfois. Mais 24 heures ou 48 heures après, toute l’eau est évacuée. C’est depuis l’année dernière que nous avons commencé à être confrontés à ce genre de situation. Parce que l’eau du canal reflue vers le quartier”, renseigne M. Thiam.
L’État appelé au secours
Aujourd’hui, l’urgence, d’après les impactés, c’est d’aider les populations à évacuer l’eau des habitations. L’État, pour beaucoup de populations, est aux abonnés absents. Pour sa part, Fallou Thiam indique que le ministre était de passage l’autre jour dans son quartier. Par la suite, un camion a été déployé pour pomper l’eau, mais la solution semble inefficace. “Nous ne pensons pas que c’est une solution durable, dans la mesure où l’eau qui est versée dans le canal revient dans le quartier. C’est l’eau de ce canal qui nous fatigue le plus”, rouspète Fallou Thiam, qui dénonce des conséquences dramatiques aux plans social et sanitaire.
CHEIKH THIAM