Témoignages poignants sur le défunt Mamadou Badio Camara

La cour de la morgue de l'Hôpital Principal a refusé du monde, hier, lors de la cérémonie de levée du corps du président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara. Famille, amis, autorités et proches collaborateurs sont venus massivement rendre hommage au défunt magistrat. EnQuête a recueilli les témoignages de certains proches et collaborateurs du défunt.
Le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, a regagné, hier, sa dernière demeure. L'enterrement a eu lieu au cimetière Bakhya de Yoff, après la prière mortuaire à la mosquée Omarienne. La cérémonie de levée du corps a eu lieu hier à l'Hôpital Principal. C'est vers 10 heures que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a fait son entrée, accompagné du président de l’Assemblée nationale, du ministre de la Justice et de quelques membres du gouvernement.
À 10 heures 30, sous le soleil matinal et un vent frais, la cour de la morgue de l'Hôpital Principal était pleine de monde : famille, amis et hommes du monde judiciaire étaient venus en nombre. Dehors, également, une foule attendait, tous venus assister à ce moment historique. La cérémonie a démarré avec l’oraison funèbre prononcée par le juge constitutionnel, Cheikh Tidiane Coulibaly.
Le chef de l’État a rendu un vibrant hommage au défunt Mamadou Badio Camara. « Un magistrat d’une rigueur exemplaire, respecté par ses pairs, admiré par plusieurs générations de juristes et profondément attaché aux valeurs républicaines », a déclaré le chef de l’État, saluant aussi la discrétion, l'humilité, le sens de l’écoute et l'intégrité du défunt. Il a également souligné le soutien apporté par ce dernier lors de sa présentation de serment. Au nom de la République, le chef de l'État a présenté ses condoléances les plus attristées à la famille et aux proches du défunt.
Dans une atmosphère morose, la tristesse et la mélancolie se lisaient sur les visages. Certains n'ont pas su retenir leurs larmes, tandis que d'autres cachaient leur émotion derrière des lunettes noires. Vers 11 heures, après la cérémonie de levée du corps, plusieurs personnalités ont pris la parole pour témoigner sur le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara.
Pour Me Djibril War, le défunt était un praticien du droit qui réunissait toutes les qualités d'un homme de justice. « Moi qui l'ai connu très jeune au début de ma carrière judiciaire, j'étais marqué par sa courtoisie, son hospitalité et sa générosité de cœur. Il a fait presque toutes les régions. Nous présentons toute notre sympathie à ses proches, sa famille biologique et sa famille judiciaire. C'est une personne qui m'a marqué par son éloquence, son élégance et ses bonnes manières. Que Dieu l'accueille dans son paradis céleste », a témoigné Me Djibril War.
D'après un ancien membre de l'ordre des avocats du Sénégal, le défunt était un « homme digne », un « homme de conviction ». « Il a libéré le Sénégal avec beaucoup de courage. Je l'ai connu il y a plus de 30 ans, quand j'étais à l'ordre des avocats, alors qu'il était procureur de la République et procureur général. C'était un homme bien, un homme de conviction. Ce sont des politiciens qui disent sur lui des choses qu'ils ne maîtrisent pas. La magistrature est composée de magistrats indépendants. Ce sont des hommes de droit qui ne parlent que de droit. Vraiment, que Dieu, dans sa miséricorde infinie, l'accueille en son paradis firdaws », a confié Cheikh Alioune Diouf, ancienne gloire de l'ordre des avocats du Sénégal.
Un nonagénaire a témoigné que le défunt fut son élève à l'école primaire de Biscuiterie. « Il m'a toujours fréquenté. Nous avons échangé il y a 10 jours. Vraiment, il m'était très proche. C'est un homme bien », a témoigné M. Gueye.
Mame Boye Diao a avoué qu'il n'est pas « étonné que toute la République soit mobilisée aujourd'hui pour lui rendre hommage ». « Je retiens de l'homme sa constance par rapport à son amour pour le droit et à ce qu'il pensait du Sénégal », a-t-il déclaré.
Selon Pr Amsatou Sidibé, c'est l'Afrique qui a perdu un « grand homme », un « grand juriste ». « Son palmarès est une preuve tangible de ce qu'il a fait pour les Sénégalais en matière de droit. Évidemment, il y a eu quelques moments de difficulté à cause de l'effervescence démocratique au Sénégal. Mais je crois qu'il a su prendre la meilleure des voies, en remettant le Sénégal sur les bons rails avec cette décision historique qu'il a rendue à l'occasion de l'élection présidentielle. C'est quelqu'un de bien, quelqu'un d'humaniste. Puisse Allah l'accueillir au paradis », a confié Pr Amsatou Sidibé.
Plusieurs autres personnalités et proches ont marqué, hier, leur présence à la levée du corps. On peut citer notamment Moustapha Niass, qui a confié avoir perdu un frère de confiance. Étaient présents également le président de la Cour des comptes, le président de la Cour suprême et des dignitaires religieux.
L'ancien ministre des affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a confié que le magistrat était un ami de longue date. « On a prié ensemble, côte à côte, lors de la fête de Korité, à la mosquée Omarienne. On se fréquentait beaucoup quand j'étais ministre des Affaires étrangères et nous échangions longuement. C'est un homme droit et je pense que tout le monde en a témoigné. Le Sénégal a perdu un homme important. Je présente mes condoléances à tout le Sénégal », a témoigné Mankeur Ndiaye.
F. BAKARY CAMARA