Publié le 26 Mar 2018 - 17:46
CENTRALISATION DES URGENCES

Le Sames passe à l’acte

 

Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décidé de laisser les populations sans soins, pendant trois jours, dès aujourd’hui, avec centralisation des urgences. Ce qui est une première dans l’histoire du Sénégal.

 

Le bras de fer entre le gouvernement et le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) risque de mettre en danger toute la population sénégalaise. Car les médecins vont entamer, dès aujourd’hui, une grève de 72 heures sur tout le territoire, avec centralisation des urgences. Ce qui est une première dans l’histoire du Sénégal.

En conférence de presse samedi, le secrétaire général dudit syndicat a précisé qu’ils ont utilisé cette arme contre leur gré. Le gouvernement est pris pour seul responsable, les médecins se disant juste des acteurs. ‘’Il n’y a jamais eu de centralisation au Sénégal. C’est la première fois que nous sommes obligés de le faire. Depuis 2014, on a cherché à éviter cela. On est en face d’un gouvernement qui ne connait pas la main tendue. C’est une étape parmi tant d’autres’’, explique le docteur Boly Diop.

Toutefois, les médecins risquent de passer à la vitesse supérieure et de geler les urgences. L’étape ultime sera une démission collective. ‘’C’est un processus‘’, souligne le Sg du Sames. En d’autres termes, le syndicat ne compte pas s’arrêter, si leurs revendications ne sont pas prises en compte.

Le Dantec assure les urgences, aujourd’hui

S’agissant de la région de Dakar, pour le premier jour de grève (lundi), tous les cas urgents devront se rendre à l’hôpital Le Dantec. En dehors de cet hôpital, aucune autre structure ne va recevoir un cas urgent. Quant aux cas dits simples, n’en parlons pas. Le mardi 27 mars, c’est l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy) qui va recevoir tous les malades urgents de la région de Dakar. Le mercredi 28 mars, l’hôpital de Pikine prendra le relais. ‘’Nous dégageons toutes nos responsabilités, parce qu’on a communiqué et informé les populations sur les structures qui vont centraliser les urgences. On a pris la pleine mesure de cette centralisation. Après 4 ans de négociations de bonne foi, le gouvernement fait toujours dans le dilatoire’’, se désole le Dr Diop.

A Diourbel, sur les trois hôpitaux que compte la région, il n’y a que celui de Ndamatou qui va recevoir les urgences, durant les trois jours de grève. Les autres structures vont être fermées. Dans les trois régions de Fatick, Kaffrine et Kaolack, il est prévu une centralisation inter-régions. Le lundi 26 mars, l’hôpital régional de Fatick sera le point de convergence. Le mardi 27 mars, ce sera au tour de l’Hôpital général de Kaffrine de recevoir les urgences. Le mercredi 28 mars, tous les cas urgents seront reçus à l’hôpital de Kaolack. ‘’Nous avons pris nos dispositions pour que la centralisation puisse être respectée’’, souligne le docteur Boly Diop.

Ziguinchor, Sédhiou et Kolda

Dans la région de Kédougou qui dispose de trois centres de santé dans trois départements, seul celui de Kédougou va recevoir les urgences, pendant les trois jours. Les populations de Salémata et de Saraya devront se déplacer, en cas de besoin. Dans la région de Louga, qui compte deux hôpitaux, c’est l’hôpital régional de Louga qui va centraliser les urgences, le premier et le troisième jour. Le deuxième jour, Linguère prendra le relais. Le même dispositif est retenu pour Matam (qui compte deux hôpitaux), le deuxième jour revenant à Ourossogui.

‘’Pour Saint-Louis qui a trois hôpitaux, le premier jour, toutes les urgences de la région vont être drainées vers l’hôpital de Ndioum. Le deuxième jour, c’est l’hôpital de Richard Toll et le troisième jour, c’est celui de Saint-Louis’’, renseigne le syndicaliste. Le seul hôpital de la région de Tambacounda a été retenu pour la centralisation, au détriment des centres de santé et autres structures sanitaires.

En ce qui concerne la région de Thiès, qui compte trois hôpitaux, Mbour passe en premier, suivi de Tivaouane, le troisième jour va revenir à la capitale régionale. Les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda vont aussi se relayer. Kolda d’abord, ensuite Sédhiou et enfin l’hôpital régional de Ziguinchor.

‘’Si on est arrivé aujourd’hui à ce stade de radicalisation, c’est parce que le gouvernement n’a pas été attentif à nos propos. On a repoussé tellement les dates de la centralisation… Mais quand le gouvernement distribue ses largesses et accepte qu’on soit dans des conditions difficiles de travail, il va falloir qu’on bouge’’, se justifie le Dr Diop.

Selon lui, depuis 9 mois maintenant, les médecins en spécialisation n’ont pas encore reçu leurs bourses. Certains, ajoute-t-il, n’ont même pas réglé leur inscription et pourraient être radiés. ‘’Avec ça, on nous dit qu’ils veulent la qualité. On est entre l’enclume du gouvernement, qui refuse de nous mettre dans de bonnes conditions, et le marteau des populations qui exigent des soins de qualité’’.

And Gueusseum vise les informations sanitaires

Le Secrétariat exécutif permanent (Sep) de l’Asas Sutsas-Sudtm and Gueusseum, à l’issue de sa séance du samedi 24 mars 2018, a décidé d’organiser une marche nationale, le mercredi 28 mars à Thiès. L’Intersyndicale envisage un sit-in national, le mardi 10 avril, suivi d’un point de presse sur tout le territoire national. Dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, Mballo Dia Thiam et ses camarades menacent d’aller en grève le mardi 17 avril. Le mardi 24 suivant, il y aura une grève de 48 heures. Le lundi 30 avril, note le texte, sera le début de la rétention des informations sanitaires et sociales.

Ces syndicalistes exigent du gouvernement du Sénégal le paiement intégral des arriérés de salaire de tous les contractuels du ministère de la Santé, le virement de la 1re tranche de 2018 de la subvention annuelle aux établissements publics de santé. Le président d’And Gueusseum demande également le remboursement de la dette de la Couverture maladie universelle (Cmu) et la finalisation des travaux du Conseil supérieur de la Fonction publique territoriale, surtout l’application des accords résiduels de 2014.

VIVIANE DIATTA

 

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