Publié le 18 Sep 2013 - 16:53
CHEIKH OUMAR TALL (DIRECTEUR DU MENSUEL «LE JOUR»)

 «Pour le hadj, l’Etat doit continuer à réguler les billets» 

 

 

Pour le directeur de la publication du mensuel «Le Jour - Al Yawmou», l’islamologue Cheikh Oumar Tall, la privatisation du pèlerinage est une utopie dans notre pays.

 

Le nombre de pèlerins aux lieux saints de l’islam tend à la baisse, comme cette année. Qu'en pensez-vous ?

Il faut dire que, pour cette année, cette réduction du quota est liée aux travaux de démolition et d’agrandissement de la Kaaba. Mais il faut reconnaitre que le quota du Sénégal, qui était de 10500, baisse d’année en année. Cela est  dû aussi à la cherté du package et plus précisément des billets d’avion que pratiquait Air Sénégal. On se rappelle qu’en 2012, cette compagnie aérienne proposait le billet à1 235 000 francs Cfa. Il a fallu que l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, tape sur la table, pour qu’elle baisse son prix. Sinon le marché de transport charter allait lui échapper. Finalement, le prix avait été ramené à 990 000 francs Cfa.

 

Pour certains voyagistes, avec cette baisse constante du quota, le Sénégal va tout droit vers la privatisation du «Hadj»...

Vous abordez une question qui me tient à cœur car ce sont justement les agences privées qui militent pour la privatisation du pèlerinage à la Mecque, obnubilés qu'ils sont par l'appât du gain. Vous n’entendrez jamais un pèlerin se ranger de leur côté. Ils n’ont jamais quelqu’un pour prendre leur défense, or les voyagistes privés disposent de deux syndicats. Ils ont des intérêts à préserver dans ce pèlerinage à l’image de l’Etat qui règle souvent des problèmes politiques avec des militants à caser. Je plaide, à cet effet, pour le maintien du statu quo. Que l’Etat continue à convoyer ses pèlerins, et que les privés en fassent autant. Car dans cette situation, le pèlerin qui est considéré comme un consommateur de service aura le choix entre le privé et l’Etat. Or avec une privatisation à 100%, l’Etat va nous laisser, nous pèlerins, à la merci des privés qui vont afficher n’importe quel prix, n’importe quel package.

 

Vous craignez qu’il y ait spéculation ?

Il y en aura forcément. D’ailleurs, il n'y a aucun prix standard pour les privés. Vous verrez un voyagiste privé convoyer un pèlerin contre 4 à 5 millions de francs Cfa, même si d’autres peuvent pratiquer le même prix que l’Etat qui est de 2 085 000 francs Cfa. Privatiser le hadj à 100% reviendrait à laisser les pèlerins sénégalais à la merci des privés. L’Etat doit rester et continuer à réguler les prix, car si jamais il se retirait, une flambée des prix s'imposera de facto.

 

Pourtant, les privés ont peut-être raison de dire qu'un désengagement de l’Etat favoriserait une meilleure organisation du «hadj».

Mais pourquoi l’Etat devrait-il se désengager ? Qui oserait aujourd'hui demander à l’Etat du Sénégal de se désengager de l’organisation du grand Magal de Touba ou du Gamou de Tivaouane ? Pourquoi des gens veulent-ils que l'Etat se désengage du pèlerinage à la Mecque qui est, faut-il le rappeler, le cinquième pilier de l’islam, une pratique cultuelle obligatoire. A mon humble avis, ceux qui militent pour la privatisation du «hadj» cherchent simplement à s’enrichir.

 

Dans plusieurs pays, l’organisation du hadj aurait été entièrement dévolue aux privés….

C’est totalement faux ! Aucun Etat ne laisse l’organisation du pèlerinage à 100% aux sociétés privées. L’Etat régule et surveille toujours les prix. Chez nous, malgré l’appel du pied des voyagistes privés, le gouvernement ne privatisera jamais le Hadj car il y trouve son compte.

 

Même si les privés convoient le plus grand nombre de pèlerins ?

Mais entre les privés, il doit y avoir une concurrence. D’ailleurs une question s’impose : pourquoi malgré la libéralisation du hadj, les privés attendent, chaque année, que l’Etat affiche d’abord son prix pour fixer le leur, en s'alignant ou en majorant le tarif ? Quand on mène une activité commerciale, on doit en tant que société privée, disposer d'un compte d’exploitation. Vu qu’il a déjà signé son contrat avec les hôteliers, avec la compagnie aérienne, en ayant toutes ses données, le voyagiste privé maitrise son compte d'exploitation. Qu’est-ce qui l’empêche d’afficher immédiatement ou d’annoncer publiquement son prix ?

 

Il semble que des pèlerins du privé risquent d’être laissés en rade…

Là vous abordez un autre problème, celui du lobby des arabisants qui veulent s’accaparer du pèlerinage et en faire leur chasse-gardée. Ils tentent de pousser à la faute dans l’intention de discréditer le commissariat général. C’est ce qui explique les sorties médiatiques déstabilisantes effectuées depuis la Mecque. C'est vraiment un mauvais procès qu'ils font au Général Amadou Tidiane Dia qui est à la tête du commissariat général.

 

Pour quelles raisons ?

C’est un militaire qui vient d’arriver. Il a sa touche de militaire. On devra le laisser travailler sereinement. S’il y a dysfonctionnement, est-ce qu’il en est forcément le responsable ? La vérité est que certains cherchent à s’accaparer de l’organisation du pèlerinage en pensant aux milliards de francs Cfa qu'il draine. Or, l'organisation du pèlerinage relève de la compétence et de l’expérience.

 

C'est quoi une bonne organisation du pèlerinage ?

Il faut d’abord organiser le transport aérien, parce que le package coûte cher, particulièrement le billet que pratique la compagnie Sénégal Airlines. On a libéralisé le hadj, on doit casser le monopole du transport aérien. Il s’est trouvé, que d’année en année, l’Etat octroie sans appel d’offres, par charter, le marché à Sénégal Airlines. Il est temps qu’il libéralise les vols charters, pour que tous les privés puissent saisir cette opportunité. Le billet serait forcément beaucoup plus abordable. On ne doit plus monopoliser le transport par charter.

 

 

 

 

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