J’ai peur
J’ai peur. Hier, je me suis chauffé avec des passagers, dans les transports publics. Car, en plus de croire mordicus que le coronavirus est une fable, une invention, un complot et autres balivernes, ils le crient haut et fort. En véritables intermittents du spectacle, ils utilisent les transports publics ou tout autre espace comme tribune et distillent leur fiel à un public déboussolé et inquiet, prêt à se raccrocher à n’importe quel discours, pourvu qu’il soit rassurant. Ces individus sont un danger. En quelques minutes, ils déconstruisent toute la communication déroulée par le gouvernement et les autorités sanitaires, depuis des semaines.
Comment lutter et se prémunir contre le virus, si les personnes avec les lesquelles nous interagissons à longueur de journée ont des comportements à risque et ne croient même pas en l’existence de la pandémie ? Comment sensibiliser femmes, enfants et surtout les vieilles personnes, qui sont les plus vulnérables à la maladie, si les chefs de famille ne veulent rien savoir ? Le chef de l’État vient de décider que leurs enfants n’iront pas à l’école, les trois prochaines semaines ; ils refusent toujours de croire. L’heure est à la responsabilité. Car la maladie se transmet par cercles concentriques. C’est le premier cercle familial (femme, mari, enfant, grand-mère, grand-père) qui est toujours le premier contaminé, ensuite viennent les autres.
Le moment est venu, pour le gouvernement, d’aller vers une communication offensive et à outrance. Car il ne faudrait pas que tous les efforts qui sont fournis, tous les moyens qui sont déployés pour contenir la maladie soient vains, du fait de l’attitude irresponsable de certains citoyens. Les solutions existent, pour gagner cette bataille de la communication. À commencer par des spots publicitaires à la télé, à la radio, des insertions dans les journaux et sur les sites Internet. Il faut mettre à contribution tous les porteurs de voix, sans exception. Qu’ils s’agissent des chefs religieux, coutumiers, des chefs de village, de quartier ; mais surtout des prêtres et des imams, pour que le message soit véhiculé dans tous les prêches et homélies.
À quelque chose malheur est bon. Il faudrait peut-être profiter de cet état de fait pour changer certaines manières de vivre. Rompre avec l’indiscipline et le laisser-aller qui nous caractérisent à bien des égards. Opérer un véritable ‘’ndeup’’ national.
GASTON COLY