Publié le 23 Jun 2022 - 18:00
CONCERTS CASSEROLES

Originalité ou antiquité

 

Concerts de casseroles accompagnés de klaxons de motos à Dakar et dans plusieurs régions. Le concept est intéressant. Car non seulement des citoyens mécontents ont pu exprimer leur colère, mais sans casser aucun commerce, bloquer aucune école et empêcher la circulation.

Ainsi doivent se passer les choses. Le principe de manifester est un acquis démocratique que personne ne saurait contester. Dans toutes les démocraties du monde, cela ne se discute point. Et le Sénégal, petit pays de par sa superficie et son économie, mais grand et respectable sous le rapport de son génie politique, peut bien continuer à rayonner en sauvegardant certains acquis. C’est la preuve qu’on peut bien contourner les décisions de l’État, justifiées ou non, à force d’ingéniosité.

On remarquera, en passant, qu’il y avait une part de ludique de tout cela ; preuve que les populations, fraîchement sorties de la Covid, ont besoin de respirer. Mais aussi de pain. Il faut dire que le renchérissement du coût de la vie n’arrange pas le régime du président Macky Sall qui va devoir faire face, sans trop de marge de manœuvre, à l’envolée des prix des produits de consommation courante.

Dans tous les cas, personne n’a aujourd’hui intérêt à voir l’anarchie s’installer, y compris ceux qui pensent être préservés. Le niveau de désespérance des jeunes est tel que si l’on n’y prend pas garde, tous les équilibres sociaux qui faisaient le charme du bon vivre sénégalais risquent de disparaître. Il faudra éviter d’en arriver à des extrémités telles, que la situation deviendrait incontrôlable.

Pour le moment, les concerts de casseroles font fureur. Il y a quelque chose d’intéressant à tout cela que cela permet de déverser le trop-plein de colère.

Ce moyen de manifester son mécontentement serait né dans les années 1970 au Chili, sous le gouvernement d’Allende, avant de revenir sous l’ère Pinochet. Ce sont les femmes qui étaient porteuses de cette forme de contestation pour dénoncer les pénuries alimentaires liées à la mauvaise  gestion gouvernementale. La pratique dépassera les frontières de l’Amérique du Sud pour migrer au Nord, précisément au Canada, en mai 2012, pour dénoncer certaines pratiques liberticides, loin cette fois des préoccupations alimentaires.

Comme quoi, les casseroles ont la peau dure.

 

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