Publié le 28 Jun 2021 - 23:38
COMMERCIALISATION DU TABAC AU SENEGAL

La Listab dénonce les lenteurs de la signature du décret 

 

Au Sénégal, l’on continue de vendre illicitement du tabac, après la non-signature du décret d’application publié en 2016. Une situation qui indispose la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab). Elle demande à l’Etat de respecter ses engagements, pour sauver des vies.

 

Votée en 2014, la loi contre le tabac peine à être appliquée au Sénégal. Cela, est causé par la non-signature du décret d’application. Il est interdit de vendre du tabac dans certains milieux. Pour ce qui est des écoles, la loi n’autorise la vente qu’à 200 m des établissements scolaires. Les boutiques et certaines surfaces n’ont pas le droit de vendre du tabac. Toutes ces dispositions ne sont utiles que si le décret d’application sur la commercialisation du tabac est signé. Ce qui n’est pas le cas.

Pourtant, deux ans après le vote de la loi, en 2016, le gouvernement a sorti le décret. Mais depuis, rien n’avance. Une situation que la Ligue sénégalaise contre le tabac déplore. Ce week-end, elle a présenté son plan stratégique 2020-2024.

Le président de la Listab, Amadou Gaye, demande à l’Etat d’agir. Même s’il reconnait que cela ne sera pas facile. Surtout avec l’industrie du tabac qui fait tout pour arrêter la lutte. ‘’Nous ne comprenons même pas qu’un décret aussi important soit bloqué au niveau du circuit gouvernemental. Il y a de la volonté politique, mais c’est un peu amoché. Il faut que cela soit réglé’’, dit-il.  Avant d’ajouter que le plan stratégique vise un Sénégal où, à l’horizon 2024, la prévalence du tabagisme aura fortement baissé, notamment au niveau des jeunes. Les non-fumeurs seront protégés de la fumée du tabac, les dépendants du tabagisme seront accompagnés vers un sevrage durable.

Baba Gallé Diallo du Programme national de lutte contre le tabac précise que ledit décret est actuellement au niveau du ministère de la Santé. ‘’Maintenant, la balle est dans le camp de l’Etat. Comme vous le savez, le circuit administratif est soumis à des interventions possibles à chaque niveau. Mais nous observons des lenteurs. On essaie de tout faire pour faire avancer la signature de ce décret. Il y a un enjeu énorme, beaucoup plus même que la loi autour de cette question. Parce qu’une fois que les taxes sont faites, l’industrie aura des problèmes à vendre du tabac’’, fait-il savoir.

Toutefois, il avoue que le travail n’est pas facile. Car l’industrie est au courant de tout ce qu’ils font. De ce fait, elle développe aussi des stratégies pour contrecarrer. ‘’On a vu dans certains pays des lois qui étaient votées et les décrets signés en 10 ans. On a eu la loi en 2014, deux ans après le décret d’application. Cela témoigne de la volonté politique de lutter contre le tabagisme. Mais cela n’est pas suffisant. Il faut aller plus loin de cela’’, demande M. Diallo.

Arrêter la commercialisation et la consommation de la chicha

En outre, le président de la Listab souligne la nécessité d’arrêter la commercialisation et la consommation de la chicha. Selon Amadou Gaye, il y a un arrêté qui doit réglementer la consommation de la chicha.  Mais rien n’est fait. Ce qui cause le laxisme constaté dans le pays. ‘’A n’importe quelle rue, il y a des points chicha. C’est grave. Les gens ne savent pas qu’une seule séance de chicha veut dire que la personne a consommé plus de 100 cigarettes. L’autre danger se trouve dans la pipe. Ils font une pipe pour 20 personnes. Il y a une possibilité de transmission de maladies. Si quelqu’un d’entre eux à une maladie contagieuse, c’est sûr qu’il va la passer aux autres’’, alerte M Gaye.

Il interpelle ainsi les parents et l’Etat. ‘’La chicha va faire des dégâts dans ce pays’’.

Le secrétaire général de la Listab, Djibril Wélé, précise que 504 cigarettes sont consommées par an et par habitant au Sénégal. Un nombre très élevé, comparé à la Mauritanie avec 135, qui pourtant est le pays d’où vient le tabac traditionnel. Le Mali est à 236, la Gambie à 166. ‘’Cela veut dire que la consommation est très forte au Sénégal. On parle de 8 millions de décès dans le monde. Mais c’est 7 millions qui sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs, les 1,2 million sont des non-fumeurs. C’est-à-dire qui sont victimes du tabagisme passif’’.

A son avis, pour réussir la lutte, il faut relever un certain nombre de défis. C’est, entre autres, la faible capacité institutionnelle et organisationnelle de la Listab, le déficit du leadership transformationnel féministe, la mise en œuvre d’un plan opérationnel de sevrage, la surveillance rigoureuse de l’industrie du tabac et l’élimination du commerce illicite du tabac et des produits du tabac.

VIVIANE DIATTA

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