La population ne rejette pas le dialogue, mais exige la libération des jeunes détenus

Le Collectif pour la défense des terres de Soussoung tire la sonnette d’alarme sur les graves tensions provoquées par le projet d’exploitation d’une carrière de basalte porté par la société Transfavo, dirigée par Arona Ba. La structure était en conférence de presse ce dimanche.
Depuis une intervention violente de la gendarmerie, le 24 juillet, les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs arrestations ‘’arbitraires’’ de paysans sur leurs terres, dont 24 ont été incarcérés, sept placés en instruction et neuf encore détenus à ce jour.
Le collectif déplore le fait que les engins du chantier aient détruit des semis, privant des familles paysannes de leur source principale de subsistance. La situation s’est aggravée les 20 et 21 août, avec deux nouvelles arrestations et des convocations ciblées, une démarche guidée, selon le collectif, par une instrumentalisation supposée de la brigade locale par des intérêts privés.
L’imam Ngor Sène, dont l’arrestation avait fait un tollé, a pris part à cette conférence de presse. Il a mis en garde contre une escalade violente imminente, dénonçant une situation ‘’qui risque de mener à mort d’homme’’, si les autorités n’interviennent pas rapidement. Il indexe fermement les autorités locales, qualifiées d’’’incapables’’ et accusées de complicité dans ce conflit. Il réclame la libération des jeunes détenus comme condition préalable au dialogue.
L’activiste Thié Aïdara, membre de Pastef, dénonce une injustice née, à ses yeux, sous l’ancien régime de Macky Sall, rappelant que l’octroi des autorisations d’exploitation s’inscrit dans un contexte de clientélisme politique. Il critique notamment l’ancien ministre Omar Sarr, toujours maire de Dagana, qui aurait permis ces exploitations controversées. À ses yeux, le projet, basé sur la justification du port de Ndayane, ne peut justifier la spoliation de terres agricoles.
Au vu de la tournure des événements, le collectif interpelle le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko. Il leur demande d’agir pour mettre fin à la répression, libérer les détenus, ouvrir une enquête indépendante sur les exactions dénoncées et instaurer un cadre de concertation transparent respectant les droits des populations locales.
Dans ce contexte, la municipalité de Ndiaganiao, par son silence et un ‘’absurde débat’’ autour d’indemnisations non rendues publiques, est pointée du doigt. Parallèlement, le climat reste tendu, avec une traque des jeunes villageois qui fuient les arrestations en cours.
Au cœur d’un conflit mêlant enjeux économiques, sociaux et politiques, le village de Soussoung dénonce une multiplication des violations de ses droits dans un contexte agricole déjà fragilisé, appelant à une résolution rapide pour éviter l’embrasement.
PAPE MBAR FAYE