Ousmane Sonko enclenche la révolution de l’agriculture
Pour une meilleure réussite de la campagne de production hivernale prochaine, un Conseil interministériel a eu lieu, hier. L’occasion pour le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a présidé la rencontre, de rendre publics les décisions et engagements qui ont été pris.
Prendre le taureau par les cornes pour réussir la prochaine campagne agricole, mais aussi éviter les éternels soucis notés les années précédentes. C’est le souhait de l’actuel régime. Hier, le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé un Conseil interministériel consacré à la préparation de la campagne de production agricole hivernale 2024, au cours de laquelle plusieurs décisions ont été arrêtées.
Au titre des dettes dues aux opérateurs, le chef du gouvernement a engagé le ministre des Finances et du Budget à prendre les mesures nécessaires pour solder la dette de l’État vis-à-vis des opérateurs pour les campagnes 2021, 2022 et 2023, au plus tard au cours de la semaine du 6 au 10 mai 2024. Il lui demande aussi de procéder à un audit de la dette au titre de la campagne agricole 2023-2024 et de soumettre à validation un plan d’apurement de la dette validée, d’organiser des concertations entre, d’une part, les opérateurs et, d’autre part, les banques et l’Administration fiscale, en vue de trouver des solutions à l’impact des retards de paiement de la dette de l’État aux opérateurs, en termes d’intérêts de retard imputés par les banques et de pénalités sur le recouvrement des impôts et taxes dus.
S’agissant des fournitures de semences, engrais et produits phytosanitaires, le PM a ordonné au ministre chargé de l’Agriculture de prendre toutes les dispositions requises pour le démarrage effectif de la distribution des intrants en quantité et en qualité, dans les plus brefs délais, en accordant une attention toute particulière à l’implication active des coopératives et des sociétés de coopérative. Ousmane Sonko lui enjoint de veiller, en relation avec le ministre des Finances et du Budget, au respect des principes de transparence, d’intégrité, d’économie et d’efficacité dans l’octroi des agréments, en portant une attention particulière à la solvabilité des opérateurs.
Le chef du gouvernement souhaite, dans la même veine, un renforcement dans les délais requis des capacités d’intervention de la Direction de la Protection des végétaux, pour la protection des cultures et des récoltes.
Ainsi, il demande à la tutelle d’accorder une attention particulière à la lutte contre les oiseaux granivores dans les zones de culture du riz.
Transparence dans la mise en place des intrants : Sonko sollicite l’armée
La question de la mise en place des intrants lui tient à cœur. Sonko demande à Mabouba Diagne d’assurer, en relation avec le secrétaire d’État aux Coopératives et à l’Encadrement paysan et le ministre des Forces armées, chacun en ce qui le concerne, la mise en place des intrants dans les conditions de stricte transparence, auprès des réels ayants droit, en veillant à identifier et à sanctionner tout détournement d’objectif.
Ousmane Sonko attend qu’un accent particulier soit accordé, par les services déconcentrés (DRDR et SDDR), au respect strict des critères de choix des gros producteurs.
En relation avec le ministre des Finances et du Budget, le Premier ministre s’est engagé à mettre des moyens logistiques à la disposition des directions nationales et des services techniques déconcentrés, et à veiller à la disponibilité sur l’ensemble du territoire national des plannings de distribution des intrants (semences et engrais) auprès de chaque DRDR.
En relation avec le ministre des Télécommunications et du Numérique, et dans le strict respect de la réglementation régissant la protection des données personnelles, Ousmane Sonko compte instaurer un identifiant (carte d’identité) pour chaque producteur bénéficiaire de la subvention de l’État et pour chaque opérateur fournisseur d’intrants agricoles, par la mise en place d’une plateforme de gestion et de suivi en temps réel, assurant une traçabilité complète des subventions agricoles, de la définition des objectifs de campagne, jusqu’à la mise à disposition des intrants aux producteurs, en passant par les notifications aux fournisseurs.
En relation avec le ministre des Forces armées, il va redynamiser, dans les plus brefs délais, la cellule logistique militaire détachée au sein du ministère de l’Agriculture.
Matériel agricole : Sonko commandite un audit du programme Intermaq et Sismar
En outre, au titre du matériel agricole, M. Sonko a engagé le ministre chargé de l’Agriculture à veiller, à fixer des conditions et modalités de cession du matériel agricole récemment acquis par l’État, garantissant la stricte transparence, l’équité et l’efficacité aux producteurs réels ayants droit, en mettant un dispositif de suivi de leur utilisation aux fins et lieux déclarés.
Plus spécifiquement, il demande que soit accélérée la distribution du matériel agricole dans la vallée du fleuve Sénégal. Il entend aussi renforcer la dotation en petits matériels agricoles dans le cadre du programme de mécanisation. En attendant, il a commandité un audit du programme Intermaq et Sismar d’acquisition et de distribution de matériels agricoles, de magasins de stockage d’intrants agricoles et de chambres frigorifiques.
Concernant des commissions de distribution, il attend du ministre chargé de l’Agriculture qu’il diligente et sécurise, en relation avec le secrétaire d’État aux Coopératives et à l’Encadrement paysan, et le ministre des Forces armées la mise en place des commissions de cession des intrants avec les autorités administratives, au plus tard le 13 mai 2024, mais aussi à mettre en place un dispositif de contrôle du respect des règles fixées pour la distribution des intrants aux ayants droit et identifier toute anomalie en vue de sa correction, sans préjudice des mesures à prendre par l’État pour la préservation de ses intérêts.
Pour les infrastructures de stockage, le PM attend du ministre de tutelle le recensement, en relation avec le ministre des Forces armées, des infrastructures de stockage de semences et d’engrais existantes sous tutelle des différents départements ministériels, et de les mettre à disposition pour la campagne agricole.
Mobilisation des finances
Pour la mobilisation des financements, il engage le ministre des Finances et du Budget à prendre les dispositions appropriées, en relation avec le ministre de l’Agriculture, pour permettre la mobilisation par les opérateurs des financements appropriés de la campagne de production agricole 2024, à inscrire dans le budget les montants requis pour la subvention de 120 milliards retenus pour la campagne de production agricole 2024, à entreprendre les concertations nécessaires avec l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Sénégal (APBEFS), l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés (APSFD), La Banque agricole (LBA), la BNDE et les institutions de microfinance, en vue de leur implication renforcée dans le financement de la campagne de production agricole 2024.
Il attend aussi de l’argentier de l’État qu’il sensibilise la BCEAO et le Conseil des ministres de l’Union sur la nécessité d’adapter, dans les meilleurs délais possibles, la réglementation prudentielle applicable aux banques et établissements financiers ainsi qu’aux institutions de microfinance, aux spécificités du secteur agricole.
En relation avec le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Ousmane Sonko entend mettre en place les conditions d’une intervention accrue des institutions de microfinance, y compris celles de petite taille au financement aux campagnes de production et de commercialisation agricoles.
Au titre des moyens logistiques et de leur mutualisation, il a ordonné au ministre chargé de l’Agriculture de mutualiser les moyens et les interventions des projets et programmes au niveau local, par une meilleure coordination et synergie d’actions, d’intensifier le programme de phosphatage des sols, d’accorder une urgence absolue à la reconstitution, dans les meilleurs délais possibles, du capital en semences sélectionnées d’arachides sous la direction de l’Isra.
Enfin, au titre du suivi de la mise en œuvre des décisions issues du Conseil interministériel, il engage le ministre, secrétaire général du Gouvernement à assurer, en rapport avec le ministre chargé de l’Agriculture et les ministres concernés le suivi de la mise en œuvre des mesures ci-dessus retenues, et de lui en faire régulièrement le compte rendu.
CHEIKH THIAM