221 000 personnes infectées par le Vih
Les consommateurs de drogues injectables font face à de nombreux problèmes d’accès aux soins à cause des discriminations. Des journalistes des cinq pays du Pareco (un programme régional) sont depuis hier en formation sur le traitement de l’information liée à la réduction des risques Vih/tuberculose et à la promotion des droits humains. Les chiffres sont pour le moins alarmants.
Réduire les risques Vih auprès des consommateurs de drogues injectables (Cdi) en Afrique de l’Ouest par le traitement de l’information. C’est ce que cherche à promouvoir l’Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs) qui organise, depuis hier, un atelier régional d’orientation des journalistes des cinq pays (Burkina Faso, Cap-Vert, Sénégal, Côte-d’Ivoire, Guinée-Bissau) du Pareco (programme régional). Selon la Directrice exécutive de l’Ancs, cet atelier a pour objectif général d’améliorer le traitement de l’information sur la thématique de réduction des risques et ses interrelations avec le Vih, la tuberculose (Tb) et les comorbidités. Il vise à amener les médias à mieux comprendre le droit des Cdi, de discuter en quoi et comment un meilleur traitement de l’information peut changer fondamentalement la donne et améliorer l’environnement social.
Pour Magatte Mbodj, cette rencontre se fait dans un contexte fortement déterminé par deux aspects. Il s’agit des alertes qu’ils ont reçues de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (l’Onudc) depuis 2013 disant qu’il y a 27 millions d’usagers de drogue dans le monde, dont 1 065 000 seraient atteints de vih/sida et que, seuls 13 pays sur 47 en Afrique subsaharienne disposent de données sur les Cdi. Selon ‘’l’Onudc, 1 778 500 consommateurs de drogues injectables sont en Afrique subsaharienne et dont 221 000 sont infectés par le Vih. C’est une situation dramatique’’, a soutenu Mme Mbodj. Au même moment, a-t-elle souligné, les différents pays se sont donné rendez-vous en 2020 pour atteindre les «3x90 ». C’est-à-dire 90% des personnes vivant avec le Vih connaissent leur statut sérologique, 90% parmi eux sous traitement et sur ces 90%, qu’il y ait 90% disposant d’une charge virale indétectable. ‘’Un objectif ambitieux qui nous pousse à considérer les populations clés comme prioritaires dans la riposte ; et dans ces populations clés, figurent les Cdi. Si nous voulons atteindre l’objectif des 3x90 et que nous ne ciblons pas ces populations, nous ne pourrons jamais être au rendez-vous de 2020. Et pour être au rendez-vous, la presse est une des parties prenantes pour prendre en charge la réduction des risques’’, a-t-elle averti.
Selon elle, il faut développer des stratégies qui répondront aux besoins des populations mais surtout à ceux des différents pays, afin de définir une feuille de route post atelier permettant de suivre le niveau d’appropriation des informations partagées sur la Rdr (réduction des risques) sur la pratique quotidienne des journalistes. ‘’Nous pensons qu’à l’issue de ces deux jours, l’environnement criminalisant de la réduction des risques va s’améliorer.’’
‘’On ne change pas un comportement par la répression’’
Le président du conseil d’administration de l’Initiative privée et communautaire pour la santé et la riposte au Vih/sida au Burkina Faso estime qu’il n’est un secret pour personne que la drogue constitue un problème mondial qui a de sérieuses répercussions sur la santé et les économies fragiles des pays de l’Afrique de l’Ouest. Face à ce fléau, a dit Amadé Konfé, beaucoup d’Etats, notamment africains, ont adopté des politiques de répression qui ont montré leurs limites. En effet, a-t-il dit, on ne change pas un comportement par la répression. ‘’Il s’est avéré nécessaire que des actions novatrices soient entreprises pour endiguer ce phénomène. Au niveau sous régional, des actions fortes sont mises en place pour faire face à ce fléau. Il s’agit notamment du programme de réduction des risques tuberculose Vih et autres comorbidités et promotion des droits humains auprès des Cdi dans cinq pays de l’Afrique de l’Ouest’’, a-t-il fait savoir.
Pour lui, l’objectif général du programme est d’améliorer l’accès au service des risques et de promouvoir le respect des droits des Cdi. ‘’La manière de traiter l’information sur les populations clés, d’aborder certaines thématiques de santé publique émergente en lien avec le Vih, la Tb, les hépatites chez les Cdi, peut influencer la perception des populations sur ces groupes cibles et accroître la stigmatisation et la discrimination. Dans certains contextes, cela peut même prendre des proportions très graves et se traduire par des violences physiques et verbales, par des actes de rejet social du fait des lois très sévères criminalisant la consommation de drogue, y compris les injectables. Si les journalistes sont bien orientés sur la réduction de risques, ils traiteront différemment les informations à distiller aux populations et cela aidera grandement à dérouler les interventions en faveur des cdi’’, a dit M. Konfé
Sur un budget de 5 892 274 euros (3,8 milliards environ) financé par le Fonds mondial pour une période de trois ans, l’Ancs compte amener les autorités et la population à une meilleure prise en charge des Cdi.
VIVIANE DIATTA (envoyée spéciale à Ouagadougou)