Les dessous de la dissolution du gouvernement
Le président Alassane Ouattara a dissous le gouvernement ivoirien, mercredi 14 novembre. Quelles sont les raisons de cette décision ? Ses conséquences ? Quand le nouveau cabinet sera-t-il connu ? Éléments de réponse.
En ne reconduisant pas immédiatement le Premier ministre, Jeannot Ahoussou, après la dissolution du gouvernement, mercredi 14 novembre, Alassane Ouattara a ouvert la porte à toutes les supputations au sujet d’un éventuel départ de l'intéressé, nommé seulement en mars dernier. Une affaire qui pourrait encore se compliquer s’il s’avérait que la décision du président était contraire aux dispositions de la Constitution, laquelle stipule que le gouvernement doit être démis sur proposition du Premier ministre.
Quoi qu’il en soit, et même si la présidence soutient que le chef de l’État est en discussion avec les présidents des partis qui composent le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir), la dissolution du gouvernement provoque une crise politique inédite depuis l’arrivée au pouvoir de Ouattara en avril 2011.
Car personne n’a vu venir la décision du chef de l’État. Tout a commencé la veille, mardi 13 novembre, lorsque des collaborateurs de Ouattara lui ont fait le compte rendu d’une séance de la commission des affaires générales et institutionnelles du Parlement qui examinait un projet de loi sur le mariage.
Code de la famille
Celui-ci visait à apporter de nouvelles dispositions dans le Code de la famille, en mettant notamment l’homme et la femme sur un strict pied d’égalité au sein du foyer alors que, précédemment, l’homme restait le seul chef de famille. Les députés des groupes parlementaires du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI) se sont violemment opposés au vote de la loi.
« Alassane Ouattara considère que le manque de soutien de ses alliés à un projet de loi présenté de surcroît par une ministre [Raymonde Goudou Koffi, ministre de la Famille, NDLR] issue des rangs du PDCI est une trahison. Il fallait tirer les conséquences de cette situation », explique un collaborateur du chef de l’État. Et Ouattara n’y a pas été par quatre chemins.
Vers un gouvernement de technocrates ?
Dès le lendemain, vers 10 heures, il a cueilli à froid le Premier ministre qui arrivait à la Présidence pour y assister au Conseil des ministres hebdomadaire. Il l’a fait monter directement dans ses bureaux, où ils ont échangé pendant une trentaine de minutes, avant de redescendre à la salle du conseil, où l’annonce de la dissolution a été faite. La dernière réunion du gouvernement n’a ainsi duré que deux petites minutes.
Reste désormais à former un nouveau gouvernement. Mais pour le connaître, il faudra attendre le retour en Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, qui s’envole jeudi 15 novembre pour une visite de trois jours en Italie. « Le président pourrait mettre en œuvre sa promesse électorale d’un gouvernement de technocrates, qui l’accompagnera dans la réalisation de son programme qui a pris du retard », confie un conseiller de la présidence.
Jeuneafrique