Publié le 9 Jul 2014 - 07:13
COUR D’ASSISES DE DAKAR ASSOCIATION DE MALFAITEURS, VOL EN REUNION…

Mor Talla Ka acquitté, Mouhamed Touré prend 6 ans de travaux forcés

 

La seconde session de la Cour d’assises de Dakar s’est ouverte hier sur une affaire de cambriolage. Si l’un des accusés a été acquitté, après cinq ans de détention préventive, le second a écopé de 6 ans de travaux forcés. 

 

Mor Talla Ka était heureux à la lecture du verdict du président de la Cour d’assises qui l’a acquitté. Tel n’a pas été le cas pour son co-accusé Mouhamed Touré, condamné à 6 ans de travaux forcés. L’air triste, le mécanicien ne peut plus retenir ses larmes. Son avocat tente en vain de le consoler. La Cour d’assises, après avoir requalifié les faits en tentative de vol commis la nuit avec effraction, a condamné Mouhamed Touré pour ledit crime. Apparemment, il est le seul à payer. 

Car, au moment de l’éclatement de cette affaire, en 2009, ils étaient au nombre de quatre à être inculpés pour association de malfaiteurs, vol en réunion avec effraction, usage de faux dans un document administratif, d’armes et de fausses clés. Au final, ils ne sont que deux à faire face au président de la Cour d’assises. Deux autres, Abdoulaye Samb alias Cheikh Diop et Serigne Touré Sylla sont décédés lors de leur détention.

 Le 21 juillet 2009, aux environs de 4 heures du matin, les éléments de la Sûreté urbaine de Dakar, en patrouille au quartier Sacré Cœur 3, ont remarqué des individus à bord d’un véhicule de marque ‘Toyota Corolla’’, s’affairant autour d’une autre véhicule de marque ‘’Renault Express’’. A la vue des policiers, les  suspects ont démarré en trombe. Il s’en est suivi une course-poursuite au cours de laquelle le nommé Mouhamed Touré a sauté du véhicule pour continuer sa course à pied, avant d’être vite rattrapé. Par contre, le chauffeur  a réussi à s’échapper en abandonnant le véhicule à l’intérieur duquel les limiers ont trouvé, outre des pièces afférentes à sa conduite, un pied de biche et des lames de scie.

Arrêtés en pleine opération…

Interrogé, Mouhamed Touré avouait aux enquêteurs de la police avoir commis plusieurs vols la nuit de concert avec Cheikh Diop qui amenait toujours un véhicule de marque ‘’Renault 21’’ qu’ils utilisaient. Sur ces indications, les limiers se sont rendus aux HLM 4, où Touré a eu à soustraire une moto. Entendu, Hamidou Thiaw a souligné avoir constaté, le 02 mars 2009, au réveil, la disparition de sa moto qu’il avait garée dans la cour de sa maison. De même, Hassan Ndiaye, propriétaire du véhicule utilisé par Mouhamed Touré et ses compagnons, a révélé le vol de sa voiture, dans la nuit du 2 au 3 juillet 2009.

Interrogé à nouveau, Mouhamed Touré a servi une nouvelle version aux officiers enquêteurs. Il a soutenu avoir l’habitude de commettre des cambriolages en compagnie de Mor Kâ et Abdoulaye Samb alias Cheikh Diop, qui, le jour des faits, lui a donné rendez-vous chez le premier nommé, à la Gueule Tapée. Ensuite ils sont partis tous les trois au lycée Kennedy où Cheikh Diop avait dissimulé, sous une bâche, le véhicule à bord duquel ils se sont rendus à Sacré Cœur 3. Il a souligné que c’est celui-ci qui faisait office de chauffeur et qu’ils ont été surpris par la police au moment où ils tentaient de voler une voiture ‘’Renault Express’’. Il a révélé qu’ils ciblent généralement les magasins et leur butin est essentiellement constitué de riz et de gaz butane.

Poursuivant leurs investigations, les agents de la Sûreté urbaine ont procédé le 25 juillet 2009, grâce aux indications de Mouhamed Touré, à l’interpellation de Mor Talla Ka et Abdoulaye Samb dans la chambre du premier nommé.

La fouille des lieux a permis la découverte de trois jeux de clés, d’une lame, d’une scie, de tenailles, de deux clés à pipe, de deux tournevis, d’une chaine à musique et d’un téléviseur. Sur la propriété du matériel, Mor a prétendu que seuls le téléviseur et la chaine à musique lui appartenait tandis que le reste est à Abdoulaye Samb. Celui-ci réfutant ces allégations a confié que ces objets appartiendraient à Mouhamed Touré, qui, des membres de la bande, est le spécialiste des vols de véhicules.

Mor Talla Kâ a quant à lui nié toute participation à un quelconque vol et prétendu qu’il ne connaissait pas Mouhamed Touré. Avec Abdoulaye Samb, il entretient des relations d’amitié. Sur les raisons de la présence de ce dernier dans sa chambre au moment de leur interpellation, il a avancé avoir accepté, sur demande de celui-ci, revenu d’Arabie Saoudite de l’héberger quelques jours.

…les accusés nient les faits et reviennent sur leurs déclarations

A la barre de la Cour d’assises, Mouhamed Touré revient sur ses déclarations faites à l’enquête. ‘’Je n’ai rien à voir dans cette affaire, c’est Cheikh Diop qui m’a contacté pour dit-il me confier un travail. Et arrivé sur les lieux, il m’a montré un scooter pour que je le fasse démarrer, c’est alors que la police est venue nous interpeller.

Les limiers ne m’ont même pas laissé le temps de m’expliquer et m’ont roué de coup’’. Et malgré les nombreuses questions de l’Avocat général, Mouhamed refuse catégoriquement les faits à lui reprochés. Et comme prétexte, le mécanicien confie que les enquêteurs ne lui ont pas fait lecture de son procès-verbal. ‘’On m’a juste dit de signer, ce que j’ai fait’’, dit-il, calmement.

Tout comme lui, Mor Talla Kâ a adopté la même ligne de défense, en soulignant qu’il ne faisait pas partie de la bande qui volait des bonbonnes de gaz.

Sur les huit parties civiles, seules cinq étaient présentes à la barre.  Ils ont à tour de rôle tenu les mêmes propos lors de l’enquête préliminaire. Ils ont perdu une bonne quantité de leur stock de gaz butane, mais ne sauraient reconnaître leurs voleurs.

Pour autant, cela n’a pas empêché l’avocat général El Hadj Gormack Tall de désigner les accusés Mouhamed Touré et Mor Talla Kâ ainsi que leurs deux complices décédés comme étant les coupables. Pour la répression, il a requis huit  ans de travaux forcés.

La défense, qui estime que ce dossier aurait pu être vidé en flagrant délit, a plaidé l’acquittement. Car aux yeux de Me Abdourahmane Sô dit Lénine, il n’y a aucune preuve contre son client Mouhamed Touré. Que, dit-il, rien ne prouve qu’il était présent dans le véhicule dans lequel on prétend l’avoir trouvé lors de son interpellation.

 L’avocat de Mor Talla Kâ a abondé dans le même sens insistant sur le fait que son client ne faisait pas partie de la bande la nuit des faits.

Il a su convaincre la Cour puisque son client a été acquitté, contrairement à  Mouhamed Touré, qui a été condamné à six ans de prison ferme. Ayant déjà purgé 5 ans, il sera libre dans une année.

NDEYE AWA BEYE

 

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