Publié le 11 Sep 2012 - 20:57
COUR DES COMPTES - RAPPORT 2006-2010 SUR LE COUD

Des magouilles à quelques francs près

 

Dans les soumissions à des appels d'offres «il y a une réelle manipulation de la procédure».

Par exemple, dans le dépouillement du 8 juillet 2010 concernant des travaux d'étanchéité au niveau du Pavillon I de la Grande cité, c'est l'entreprise ETS Taïba Sarl qui est retenue pour avoir proposé 24,820 millions «alors que les quatre autres ont systématiquement proposé des offres au-dessus de 25 millions.» A la même date et dans un autre dépouillement sur un marché de travaux d'étanchéité à la terrasse du Pavillon E de la Grande Cité, l'établissement Sagar est sélectionné pour 24,998 millions de francs au détriment de quatre autres (Express Services, Corediq, Gie Kassou Rajab, Gie Amar Investing) dont l'offre était, pour chacun, au-dessus de 25 millions.

 

Le 17 novembre 2011, un marché de fourniture d'imprimés (carnet de caution, bloc ordonnancier, carnet bordereau) est attribué à Général Service Sénégal pour un montant de 14,795 666 francs Cfa «alors que les autres (Ibrahima Sakho Services, Sénégal Reprographie, Ets Touba Sar-Sara et Touba Imprimerie) ont systématiquement proposé des montants supérieurs à 15 millions de francs Cfa».

Le 18 novembre 2009, la réhabilitation de la cuisine au niveau du restaurant SEL Espagnol est confiée au Gie Aïda Kâ Ngane Bâ pour 24,910 millions au moment où ses concurrents Habitat Matériaux, Comprim, Edk et Bni proposaient des montants supérieurs à 25 millions de francs Cfa.

 

Des repreneurs privés trop gourmands

 

L'étude de la Cour des Comptes a montré tout le bénéfice que le Coud tirerait d'une gestion des restaurants par ses propres services. Dans ce cas, «il aurait économisé 3,764 milliards de francs Cfa en 2008, 4,108 milliards en 2009 et 4,059 milliards en 2010», soit plus de 11 milliards de francs Cfa en trois ans. Cela équivaudrait au «quart ou (au) tiers de son budget annuel».

Pour la Cour des comptes, «il est temps de mener une réflexion exploratoire profonde en vue d’analyser la faisabilité d’une telle opération. Au cas où une telle réflexion serait concluante, le COUD devrait mettre un terme à l’appel aux repreneurs privés». Ceux-ci sont accusés dans le document d'appliquer des «prix exorbitants» eu égard au «diptyque qualité/prix». Néanmoins, note la Cour des comptes, «il est nécessaire qu’une telle décision soit accompagnée de mesures de réhabilitation des restaurants et de formation de leurs personnels».

 

Les recrutements d'Iba Guèye...

 

Il sont qualifiés d'abusifs par la Cour des comptes. Par exemple, relèvent les enquêteurs de la Cour des comptes, «Monsieur Ibrahima GUEYE, ancien Directeur du COUD a procédé, juste avant son départ, à un recrutement inexplicable de 33 agents permanents dont le tiers provenait de son département d’origine. Les postes pourvus n’étaient pas, à cette date, prioritaires et les agents recrutés n’étaient pas, non plus, les plus méritants si l’on considère le lot de travailleurs temporaires occupant des postes dont la nécessité ne saurait souffrir d’aucune ambiguïté mais maintenus dans la précarité, au nom de la logique budgétaire».

 

Sur ce plan, le document indique qu'il existe «des temporaires officiants depuis plus de 10 ans au laboratoire du Service médical ; des agents utilisés depuis plus de 10, voire 15 ans comme employés au niveau des ateliers ; des médecins et infirmiers recrutés comme vacataires alors que leur présence est plus que nécessaire tant au niveau du Service médical qu’au niveau de Bambey, Lambaye, Ngoudiane, Diourbel, Ziguinchor et Thiès. Dans ce dernier cas, il n’y a ni infirmier, ni major au service médical de l’EPT».

 

...Et de Sitor Ndour

 

«De la même façon, Monsieur Sitor NDOUR a recruté avant son départ 40 agents. Parmi ceux-ci, 33 bénéficiaient de contrat de travail à durée déterminée. Et parmi ces derniers, la moitié est originaire de Fatick».

 

«L’analyse de l’évolution des personnels au niveau du COUD dénote un recrutement abusif de temporaires. C’est ainsi que le nombre des travailleurs non permanents a presque triplé celui des permanents en passant de 1522 en 2008 (dont 1326 temporaires, 104 vacataires et 92 stagiaires), 1782 en 2009 (dont 1507 temporaires, 142 vacataires et 133 stagiaires) et 1556 en 2010 (dont 1054 temporaires, 466 vacataires et 46 stagiaires) à 2117 en juin 2011, soit une augmentation de 561 que ni les ressources budgétaires, ni les nécessités de service ne sauraient justifier. Ce type de recrutement a engendré d’importants dépassements budgétaires sur le poste ‘’personnel temporaire’’. Ceci dénote un manque notoire de réalisme et de pertinence».

 

«Les étudiants, véritables maîtres des lieux»

 

D'après le rapport de la Cour des comptes, les étudiants ont une grande part de responsabilité dans la détérioration continue des services offerts par le Centre des œuvres universitaires de Dakar. «Aujourd’hui (…), les étudiants, de jure ou de facto, gèrent quasiment toutes les sphères de décisions revenant au COUD, ce sont les véritables maîtres des lieux.» Ce sont eux qui «affectent les chambres» alors qu'ils «sont financés par le Coud à coup de subventions fantaisistes». Si l'envie leur en prend, ajoute la note, «ils organisent (...) des journées sans tickets et consomment ainsi gratuitement les repas des repreneurs privés». Et «dans certaines structures» comme Thiès et Bambey, «ils refusent de payer le prix de la location des chambres sans que le Coud n’engage aucune action contre eux». D'autre part, «pour une raison ou une autre, ils détruisent le matériel de restauration, déversent les stocks d’aliments des repreneurs privés…».

 

MOMAR DIENG ET GASTON COLY

 

 

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