Publié le 18 Dec 2018 - 15:40
CRISE DANS LA JUSTICE

Le Sytjust durcit le ton, la société civile en médiateur

 

A moins d’un changement de dernière minute, le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) et le ministre de la Justice vont se retrouver, aujourd’hui, autour de la table des négociations. C’est le fruit de la médiation entamée, hier, par la société civile qui a rencontré les deux parties, après le troisième sit-in du Sytjust.

 

A partir du 27 décembre prochain, les cours et tribunaux risquent d’être paralysés. Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) menace d’aller en grève illimitée. Pour éviter d’arriver à cette situation extrême, la société civile a pris, hier, son bâton de pèlerin. La délégation, composée de Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), Babacar Bâ du Forum du justiciable, Fanta Guèye de l’Association des juristes sénégalaises et Sedikh Niass, Secrétaire général de la Raddho, a rencontré le ministre ainsi que les syndicalistes. L’objectif, explique Me Ndiaye, était ‘’de renouer le fil du dialogue, car les positions étaient figées et il n’y avait plus de négociations’’. Un objectif atteint, puisque les médiateurs ont réussi à rapprocher les deux parties.

Tout compte fait, le ministre et le Sytjust vont se retrouver à nouveau autour de la table des négociations, aujourd’hui. ‘’C’est pour arrondir les angles, car le ministre va informer sur les nouvelles réformes envisagées par le gouvernement’’, renseigne Me Ndiaye. Cette médiation a eu lieu après la tenue du troisième sit-in du Sytjust. Un mouvement d’humeur organisé tous les lundis sur l’ensemble du territoire. Selon le secrétaire général du Sytjust, le sit-in s’inscrit dans le cadre du déroulement de leur plan d’action.

‘’Nous avons déposé un préavis de grève qui est une période de mise en demeure du gouvernement pour discuter. Avant d’aller en grève, nous avons tenu à faire des manifestations pour sensibiliser l’opinion afin qu’elle sache que, si nous allons en grève, l’entièrement de la responsabilité incombe au gouvernement qui a manqué à ses obligations de satisfaire nos doléances et respecter ses engagements’’, renseigne Me El Hadj Ayé Boun Malick Diop. Le syndicaliste reproche au ministre de la Justice de n’avoir pas respecté les termes du protocole d’accord du 17 octobre dernier.

‘’Le gouvernement a choisi la confrontation et la solution de substitution’’

Au président de la République, le syndicaliste l’accuse de ne pas tenir ses promesses faites lors d’une audience avec le Sytjust. C’est pourquoi Me Diop considère que le gouvernement a pris l’option de la confrontation. Il en veut pour preuve le fait que leur tutelle ne les ait pas encore conviés à des discussions et ait décidé de mettre en place un dispositif tendant à remplacer les greffiers par des gendarmes et gardes pénitentiaires, en cas de grève. Mais, fulmine le greffier, ‘’cela est un aveu d’échec’’. ‘’Lorsqu’on en arrive à ce que le gouvernement choisisse la confrontation et la solution de substitution, il avoue son incapacité de satisfaire les doléances des travailleurs de la justice’’, se désole Me Diop. A l’en croire, si ce n’était pas le préavis, ils seraient en pleine grève.

Aussi, accuse-t-il des faucons du ministère de la Justice d’être à l’origine du pourrissement de la situation. ‘’A son arrivée, nous avions pris le temps de le sensibiliser, mais il n’a pas écouté nos conseils’’, fulmine le syndicaliste.

Cependant, malgré l’adoption, mercredi dernier, en Conseil des ministres, de textes relatifs aux indemnités, le secrétaire général du Sytjust veut être prudent. ‘’Nous n’allons pas nous emballer, mais nous attendons pour voir s’ils seront traduits en actes concrets, car les textes statutaires votés depuis le 25 juillet dernier tardent encore à entrer en vigueur’’.

FATOU SY 

 

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