Seydou Sy Sall flétrit les dangers du «consensus large»
La crise politique au Mali semble inspirer l’ancien ministre Seydou Sy Sall qui invite la classe politique africaine à «se garder d’un consensus large» pouvant conduire vers «l’instabilité». C’était le samedi dernier lors de la journée de réflexion sur la «Paix, sécurité, gouvernance et réflexion stratégique» organisée par l’Institut panafricain de stratégies (IPS).
En politique, le consensus n’est pas toujours positif ; il peut être également «source d’instabilité», selon Seydou Sy Sall, ancien ministre de l'Urbanisme. «Dans beaucoup de pays, constate-t-il, l’instabilité se construit dans une unanimité» de la classe politique (pouvoir comme opposition) qui ne reflète pas forcément la situation réelle du pays. Alors, ce responsable de la Ligue démocratique (LD) conseille les acteurs politiques à «se garder de ce consensus très large».
Venu participer à la journée de réflexion organisée par l’Institut panafricain de stratégies (IPS), le samedi dernier sur la «Paix, sécurité, gouvernance et réflexion stratégique», M. Sall pense qu’une «démocratie forte» rime avec «opposition forte, participation de la société civile dans l’élaboration des politiques». Mais cela n'est possible, selon Alioune Tine, le secrétaire général de la Raddho, que lorsqu’on mettra fin à l’«hypertrophie des partis politiques». «Dans les pays où il y a des problèmes de leadership, ça ne se développe pas», ajoute le patron de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme.
Amath Dansokho, ministre d’Etat, lui, s’en est pris aux puissances occidentales qui, de manière discrète, allument des foyers de tension en Afrique pour mieux asseoir leur hégémonie. Il en veut pour preuve le conflit en République démocratique du Congo dont le soubassement est d’ordre géostratégique. «C’est parce qu’on a trop accordé de faveurs aux Chinois que les Occidentaux veulent déstabiliser ce pays qui regorge d’immenses ressources naturelles», explique l'ex-leader du Parti de l'indépendance et du travail (PIT). A ce niveau, Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères, en impute la responsabilité aux Africains qui, pour des questions d’ego, peinent à s’unir.
Pour sortir de ce statu quo, le fondateur de IPS demande un «état des lieux» des institutions sous régionales. C’est le cas de l’Union du Maghreb arabe (UMA) «qui ne marche pas» ; de l’Union africaine (UA) dont «le secrétaire général consacre tout son mandat à tenter de résoudre des conflits». Quant au Pr. Moléfi Kete Asanté, un intellectuel nigérian, il s’étonne que «50 ans après l’indépendance, on en soit encore à parler de bonne gouvernance» alors que, note le Pr. Amsatou Sow Sidibé, ministre conseiller du président de la République, l’Afrique dispose de «valeurs culturelles» à «exploiter» afin d’«asseoir une culture de paix et une bonne gouvernance».
DAOUDA GBAYA
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