Jammeh refuse qu’on enterre le corps en Gambie et déploie l’armée à la frontière
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Boubacar Baldé ne reposera pas à Bassé Mansajang, conformément à sa dernière volonté. Pourtant, ses proches ont tout fait pour l’inhumer auprès de ses aïeuls. Mais c’était sans compter avec un Yayah Jammeh ‘’impérial’’ qui pousse la tyrannie jusqu’à outre tombe. Devant le bataillon de l’armée gambienne déployé à la frontière avec le Sénégal, le cortège funèbre a été éconduit illico presto hier vers midi. ‘’Nous avons reçu ordre de ne pas vous laisser rentrer et si vous insistez, nous serons dans l’obligation de tirer sur vous’’. A ces propos tenus par les éléments de l’armée gambienne, le cortège s’est trouvé dans l’obligation de rebrousser chemin en direction de Vélingara en terre sénégalaise.
Après concertation, décision a été prise par la famille du défunt d’inhumer le corps à Médina Gounas. L’ancien ministre des Sports sous le régime du président Jawara, qui s’était exilé au Sénégal depuis 15 ans, repose désormais dans cette localité du Sénégal. Il a rendu l’âme mardi vers minuit à Thiaroye, après une intervention chirurgicale, suite à une défaillance gastrique. Bubacar Baldé souffrait également de diabète et d’une hypertension artérielle.
De retour du village de Madina Gounas, après inhumation, la délégation a fait escale à Vélingara chez El Hadji Seydou Mballo, ami du défunt, pour rompre le jeûne. ‘’Nous comptons repartir à la frontière pour essayer de rentrer en Gambie au village de Bubacar Baldé et préparer ses 2 épouses au veuvage’’, souligne une source contactée sur place. ‘’Rien n’est encore gagné, parce que les forces de l’ordre peuvent encore leur refuser l’entrée’’, précise Doudou Job, parent et ami du défunt, lui, homme d’affaire gambien en exil au Sénégal.
Fatou Jagn Senghor, Article 19 : ‘’C’est un acte inhumain’’
Joint hier soir au téléphone, Fatou Jagn Senghor, présidente de l’ONG Article 19 œuvrant pour la liberté d’expression et l’accès à l’information, s’est dit attristée par cette nouvelle et les péripéties qui ont suivi l’inhumation. ‘’Le refus des autorités gambiennes de recevoir la dépouille d’un citoyen qui a tant œuvré pour son pays est un acte inhumain’’, a-t-elle dit d’une voix chargée d’émotions.
AMADOU NDIAYE