Des chiffres alarmants
La maladie rénale touche aussi les enfants. Sur 10 enfants hospitalisés, 2 sont atteints d’une maladie rénale chronique. La célébration de la 11e édition de la journée mondiale de la maladie rénale a été une occasion pour les acteurs de la Santé de porter le plaidoyer pour l’ouverture d’une unité de néphrologie pédiatrique.
La onzième édition de la célébration de la journée mondiale de la maladie rénale a été placée sous le sceau de l’enfance. Cette année, la Fédération Internationale des Fondations du Rein (IFKF) a mis l’accent sur les maladies rénales de l’enfant et leur détection précoce, avec le thème : ‘’Les enfants face à la maladie rénale chronique : agir vite pour prévenir.’’ Au Sénégal, une étude en milieu hospitalier montre que sur 10 enfants hospitalisés, 1 à 2 sont atteints de maladie rénale en particulier de maladie rénale chronique, renseigne le pédiatre néphrologue à l’hôpital Aristide Le Dantec. Un constat qui, selon le Docteur Younoussou Keita, démontre que la prévalence de la maladie rénale chez l’enfant reste difficile à apprécier, car il y a un manque de registre national.
Face à cette situation, le pédiatre néphrologue demande l’ouverture d’une ‘’unité de néphrologie pédiatrique’’ pour les enfants. Car, la maladie rénale chronique chez l’enfant survient sur un organisme en croissance. Elle le suit jusqu’à l’âge adulte.
Entre 3 à 5 hospitalisations par an
Une telle unité permettra d’organiser les soins. Dr Younoussou Keita en appelle à un amoindrissement du coût de l’hospitalisation pour les enfants de plus de cinq ans. ‘’S’il s’agit d’une maladie qui évolue sur un mode chronique, l’hospitalisation coûte cher. Pour les enfants de moins de cinq ans, la gratuité des soins est appliquée à l’hôpital Aristide Le Dantec. Mais les enfants âgés de plus de cinq ans sont les plus fréquemment atteints. Cela nécessite plusieurs hospitalisations, trois, quatre, voire cinq dans l’année. C’est très difficile pour les malades d’honorer les frais d’hospitalisation, d’autant plus qu’ils viennent de partout dans le pays’’, explique-t-il.
23 centres de dialyse d’ici 2018
La particularité du traitement de cette maladie, au service de pédiatrie de l’hôpital Aristide Le Dantec, est l’existence d’un néphrologue et le service de néphrologie adulte en face du local où se réalise la dialyse. Le principe de dialyse chez l’enfant et l’adulte, dit-il, est identique. Mais le matériel fait la différence. ‘’Nous arrivons à dialyser certains enfants, même si nous pensons que des efforts doivent être faits par rapport à la commande de matériels adaptés à la prise en charge de cette insuffisance rénale au stade de dialyse’’, dit-il. Cela est d’autant plus nécessaire que la maladie, poursuit le médecin, ralentit la croissance et le développement psychomoteur de l’enfant.
D’autres plaidoyers ont été apportés par des spécialistes, notamment la formation de néphrologues, l’élaboration de programmes de dépistage et l’achèvement de projets en cours. A ce stade, le Sénégal est à un nombre de 7 centres de dialyse fonctionnels et 84 générateurs de dialyse. L’ingénieur Biomédical Amad Diouf signale que l’achèvement des projets en cours devra permettre au Sénégal de disposer de 23 centres de dialyse, d’ici 2018.
COMMENT ÉVITER L’ÉVOLUTION DE LA MALADIE ‘’Procéder à un diagnostic précoce’’, selon le Professeur Bocar Diouf L’insuffisance rénale, selon le professeur Bocar Diouf, constitue un véritable problème de santé publique. Les conséquences socio-économiques sont sérieuses. La maladie touche toutes les catégories sociales et tranches d’âges sans distinction. Il conseille de procéder à un diagnostic précoce de la maladie. Une étude dans la région de Saint-Louis, en 2012, fait état de 650 000 Insuffisants Rénaux Chroniques (IRC) soit 4,9%. ‘’Un diagnostic précoce peut éviter l’évolution rapide de la maladie, de même qu’une prise en charge coûteuse’’, conseille le professeur. Le Docteur Younoussou Keita ajoute que le nombre d’IRC augmente, d’année en année. ‘’Une étude menée à l’hôpital Aristide Le Dantec montre que sur 12 932 enfants consultés, durant une période de quatre ans et demi, 150 cas IRC sont à un stade avancé, soit 1,2% en hospitalisation. Une autre montre que, sur une période de 9 ans, 318 cas sont passés au service de pédiatrie et 53 avaient une insuffisance rénale chronique’’. |
A. DIÉNE