''Au Sénégal, j’étais apprenti chauffeur…''
Auteur de 11 buts en 10 matches depuis son arrivée en Angleterre à Newcastle, Papiss Cissé a évoqué dans le journal français, l’Equipe, le secret de sa réussite. Avec quelques révélations au passage.
Votre réussite actuelle vous surprend-elle ?
Pas trop, je travaille pour ça. Quand je m’entraîne, je me donne toujours à fond. Je fais des exercices devant le but plusieurs fois par jour. Chez moi, je fais de la muscu, des abdos, beaucoup de gainage pour améliorer ma stabilité, mes appuis…
Avec onze buts en dix matchs, vous faites mieux qu’Alan Shearer et ses huit buts en huit rencontres. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je me dis que ce que je réalise, c’est hors norme. Mais je sais aussi que rien n’est fait. C’est ce que je me dis tous les matins : “Tu as vu ce que tu as fait le week-end dernier ? Tu dois faire encore plus pour aider l’équipe à gagner.“
Vous dites-vous parfois que ce qui vous arrive est incroyable ?
Tous les jours. Le foot, avant, c’était pour m’amuser. J’étais quelqu’un qui aimait beaucoup les voitures. Au Sénégal, j’étais même apprenti chauffeur. Et puis, à l’âge de seize ou dix sept ans, les frères m’ont dit : “Casse-toi, qu’est-ce que tu fais encore ici ? Va tenter ta chance“. Je suis monté jusqu’à la capitale (Dakar). J’y suis resté trois ans avant que Metz me repère et m’ouvre ses portes (en 2004). Pour moi, ce n’était pas du tout mon métier. Le foot, je l’ai appris dans la rue.
''Je devais aller au Bayern''
Aujourd’hui, vous devez donner beaucoup de regrets aux Messins ?
Oui, ils doivent avoir les boules. En même temps, je n’ai pas senti chez eux la même confiance que j’ai pu trouver en Allemagne ou, ici, à Newcastle. En France, je n’ai pas eu la chance de trouver une équipe qui ose miser sur moi. Mais je ne suis pas rancunier.
Comment s'est passé votre transfert à Newcastle en janvier ?
J'ai été surpris parce qu'à l'origine, j'allais au Bayern. Finalement, ça ne s'est pas fait. En Angleterre, il y avait Sunderland et Fulham qui me voulaient. Et puis, à la dernière minute, alors que j'étais chez moi au Sénégal, mon agent m'a dit : ''Je t'ai réservé un avion à 23 heures pour Paris, puis pour Newcastle. Si ça se passe bien, tu signes là-bas''. Le lendemain, j'y étais. À 17 heures, j'avais terminé la visite médicale. À 20 heures, j'avais signé mon contrat.
Votre carrière a basculé en un coup de fil...
Exactement. Je savais que le coach (Alan Pardew) me voulait, mais comme je ne parlais pas anglais, je ne l'avais pas eu au téléphone. C'est en arrivant qu'on a pu discuter avec mon agent. Comme je partais à la CAN (Le Sénégal a été éliminé au premier tour), il m'avait préparé un DVD pour me montrer le style de jeu de l'équipe. Je l'ai regardé tous les soirs dans ma chambre.
Alan Pardew, ''C'est un big numéro, on ne le donne pas à n'importe qui''
À Newcastle, vous portez le numéro 9, celui d'Alan Shearer. Est-ce que c'est vous qui l'avez choisi ?
Non. Je suis arrivé, j'ai trouvé mon nom floqué dessus. Le coach m'a dit qu'il l'avait choisi lui-même : ''C'est un big numéro, on ne le donne pas à n'importe qui''. Pour moi qui venais de nulle part, qu'il me le donne comme ça...Il m'a mis beaucoup de pression ! J'essaye de lui montrer qu'il a bien fait.
Est-ce la Premier League qui vous réussit ou plutôt le style des Magpies ?
Le style de jeu de Newcastle. J'ai retrouvé beaucoup de Français : (Hatem), Ben Arfa, qui fait plaisir à tout le monde sur son côté. (Yohan) Cabaye, qui me fait des passes extraordinaires... Et puis il y a Demba Ba (son compatriote). Pendant la CAN, il m'a beaucoup parlé du club.
(Avec L’Equipe)