Un opérateur économique perd 150 millions
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Un cas d’escroquerie portant sur de l’or d’une valeur de 150 millions, a été enrôlé, hier, à la barre de la troisième chambre correctionnelle de Dakar. En attendant le délibéré de cette affaire rocambolesque, la partie civile réclame 200 millions de francs Cfa de dommages et intérêts au prévenu poursuivi pour association de malfaiteurs et escroquerie.
Lamine Diaw, spécialisé dans la vente d’or, et Moussa Bèye, vendeur d’appareils électroménagers, étaient en relation d’affaires depuis des années. Mais depuis 2015, une transaction portant sur de l’or qui a mal tourné plombe la relation entre ces deux commerçants. Le 26 octobre 2015, Lamine Diaw a déposé une plainte devant le procureur de la République. Il accusait Moussa Bèye de l’avoir escroqué à hauteur de 150 millions de francs Cfa. L’opérateur économique, par ailleurs Directeur de la société Africa Gold, spécialisée dans l’achat et la vente d’or, expliquait que le prévenu lui avait fait croire que ses amis vivant en Gambie disposaient de 700 kilogrammes d’or à vendre.
Ainsi, il s’est rendu en Gambie pour tester la marchandise. Il s’agissait effectivement d’or en poudre de 22 carats. Selon toujours la partie civile, Moussa Bèye est venu plus tard lui dire qu’un de ses amis nommé Yaya Diallo voulait vendre 20 kg. Le marché conclu, il a envoyé à l’entremetteur un premier acompte de 3 millions pour transformer la poudre en lingots. Il versera également 9 millions pour les frais de transit à un certain Abass de la société Alas Company. Seulement, lorsqu’ils sont sortis du bureau du transitaire, ils ont été arrêtés par des policiers, au motif qu’il y avait une différence entre la quantité déclarée sur les papiers et celle trouvée dans le véhicule.
C’est ainsi qu’un certain Jao Menda les a mis en rapport avec un avocat du nom d’Edward Anthony Gomez. Ce dernier lui a réclamé 30 millions pour les frais d’honoraires et de dédouanement. Cependant, Lamine Diaw n’a versé que 22 millions par chèque remis à Moussa Bèye. Un montant que le nommé Mamadou Bamba Gaye a reconnu, à l’enquête, avoir retiré et mis à la disposition du sieur Bèye. Comme si cela ne suffisait pas, un certain Mamadou Diallo s’est présenté comme étant le véritable propriétaire. Ce qui fait que l’opérateur économique s’est retrouvé à la police gambienne avec ses vendeurs. Par la suite, les policiers lui ont demandé de retourner au Sénégal, le temps que l’enquête détermine le propriétaire de l’or.
Lorsqu’il a été entendu, Moussa Bèye s’est dit innocent dans cette affaire. Il a nié avoir mis Lamine Diaw en contact avec des vendeurs d’or. A l’en croire, il s’est contenté de l’accompagner, à sa demande, en Gambie, où il devait rencontrer un certain Angel Romani qui lui a présenté 780 kg. En revanche, il a reconnu avoir retiré un chèque de 100 millions qu’il a remis à Lamine Diaw. Ce dernier a, à son tour, versé l’argent à l’avocat qui s’est également présenté comme ancien ministre de la Justice gambienne.
Hier, face aux juges, les deux parties se sont mises à se renvoyer la balle. Et malgré les dénégations du prévenu, le conseil de la partie civile a réclamé 200 millions au titre de dommages et intérêts. Cette demande ne se justifie pas, aux yeux de la défense, d’autant plus que la partie civile a reconnu à la barre avoir remis les 100 millions à celui qui lui a vendu l’or et un autre montant à l’avocat. Me Baboucar Cissé et ses confrères constitués pour Moussa Bèye estiment que le plaignant ne doit s’en prendre qu’à lui-même, car il a acheté 45 kg, mais n’a déclaré que 20 kg. Selon leurs explications, non seulement Lamine Diaw dispose d’un agrément qui se limite au Sénégal, mais il a fait une sous-déclaration de l’or qui se trouve entre les mains des policiers gambiens. Pour étayer de la bonne foi de leur client, les conseils du prévenu ont fait savoir que ce dernier avait même écrit au ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mankeur Ndiaye, pour demander son soutien. Seulement, lorsqu’il est retourné en Gambie, celui-ci n’a jamais voulu repartir.
Le tribunal rend son délibéré le 26 mars.
FATOU SY