Le plan des enseignants patriotes

Pour extirper l’école sénégalaise des incertitudes qui entourent l’année scolaire 2019-2020 face à la Covid-19, les enseignants militants de Pastef-Les patriotes proposent de chambouler le calendrier scolaire actuel et celui à venir.
Après le faux départ de la reprise des cours du 2 juin dernier, les rumeurs vont bon train sur une réouverture imminente des classes. Une hypothèse qui ne rassure point les acteurs de l’école sénégalaise, au moment où la pandémie de coronavirus a pratiquement atteint toutes les localités du Sénégal, avec un nombre de personnes infectées toujours en hausse.
Dans ce contexte difficile pour les enseignants du Sénégal, le Mouvement national des cadres patriotes (Moncap) et le Mouvement national des enseignants patriotes (Monep) dénoncent vigoureusement les errements du gouvernement symbolisés ‘’par une gestion hasardeuse de l’école sénégalaise et un pilotage à vue sans précédent’’. Un message contenu dans une déclaration conjointe publiée hier, intitulée ‘’Ecole sénégalaise : stop au pilotage à vue et au tâtonnement’’.
Les deux organisations militantes du parti d’Ousmane Sonko pointent du doigt ‘’des défaillances constatées, concernant la non-effectivité de la continuité des cours à distance à travers la plateforme ‘Apprendre à la maison’ et de l’échec du convoyage des enseignants à leurs lieux de service’’. Et ces faits seraient les résultantes du manque d’ambition et de clarté dans la vision du régime en place et de ceux qui l’ont précédé. D’autres conséquences ont été relevées en chiffres dans le document : ‘’Plus de 6 000 abris provisoires et des établissements scolaires dans un état de délabrement avancé ; un déficit d’enseignants avec 3,5 millions d’élèves pour près de 100 mille enseignants ; une école qui peine à atteindre le quantum horaire fixé chaque année, avec entre 600 et 700 heures de cours effectifs sur 1 296 heures nécessaires.’’
Cependant, afin d’éviter l’ultime recours d’une année blanche 2019-2020, le Moncap et le Monep proposent de se donner le temps de voir venir et d’organiser ‘’la reprise des cours à partir du 1er octobre, jusqu’au 30 novembre 2020 pour toutes les classes, sur la base de 36 heures par semaine, donc 288 heures au total des deux mois de cours’’. Ensuite, poursuivent l’organisation d’enseignants, suggère de programmer les compositions et les examens à partir de début décembre.
Les enseignants patriotes proposent ainsi d’anticiper les grandes vacances scolaires et de chambouler le calendrier scolaire. Situation exceptionnelle oblige.
Les grandes vacances maintenant : une solution qui arrangerait tout le monde
Remarque : beaucoup d’élèves se considèrent déjà en vacances. Avec l’assouplissement des mesures de restriction imposées depuis le 23 mars 2020 et la reprise ratée au début de mois de juin, les plages sont prises d’assaut, la période marquant habituellement le début des grandes vacances. De sorte que, pour le Moncap et le Monep, leurs propositions ‘’présentent l’avantage d’organiser la reprise des cours pour tous les élèves dans le calme et la sérénité. À cette date, l’épidémie sera vraisemblablement maîtrisée. Au pire, nous aurons une vision claire sur son évolution et le ministère de l’Education nationale aura assez de temps pour préparer la reprise, avec la mise en place effective du dispositif sanitaire. Ce scénario permet aussi une continuité du programme et garantit une égalité des chances entre les candidats aux examens’’.
Dans la continuité de cette formule, l’année scolaire 2020-2021 démarrera le 5 janvier 2021 jusqu’en fin juillet, avec ‘’(7 mois de cours, soit 1 008 heures de cours au total, réparties comme suit : 6 heures par jour, 6 jours par semaine, 4 semaines par mois, pendant 7 mois) en procédant à la révision des programmes scolaires et du calendrier scolaire pour plus d’efficacité (ex : faire abstraction de certains points non essentiels du programme, tout en réduisant au minimum les vacances scolaires au cours de l’année)’’.
Tout en saluant l’engagement et le sacrifice patriotiques de leurs collègues, les enseignants patriotes espèrent qu’à l’issue de cette crise, le gouvernement fera enfin de l’école publique une priorité nationale, puisque, comme s’il le fallait encore, ‘’la pandémie de la Covid-19 a révélé au grand jour toutes les tares de notre système éducatif. Elle a mis à nu la crise systémique profonde que traverse l’école sénégalaise depuis des décennies’’.
Lamine Diouf