Deux Sénégalais et un Canadien jugés en correctionnelle, le 13 mars prochain
L’affaire de financement du terrorisme dans laquelle sont cités deux Sénégalais et un Canadien a atterri hier devant la barre du tribunal correctionnel de Dakar. Le juge a renvoyé le dossier au 17 mars prochain.
Association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, financement du terrorisme. Ce sont les faits reprochés au Canadien Saïd Ali Mouhamed et à ses co-prévenus sénégalais Mouhamed Gassama et El Hadj Mame Abdou Gaye. N’eussent été les appels faits par le parquet et la défense, les prévenus, en prison depuis le 18 mai 2011, à l’exception du sieur Gaye, allaient se retrouver devant une Cour d’assises. Le juge d’instruction avait décerné contre eux une ordonnance de renvoi devant la Cour d’assises. Les prévenus sont soupçonnés d’entretenir des liens avec Hassan Farah, suspecté d’être en collusion avec des réseaux terroristes signalés au Yémen, en Somalie, au Kenya et au Royaume-Uni.
D’après nos confrères du journal «L’AS» qui ont exploité à l’époque l’enquête de la gendarmerie, Hassan Farah est fiché comme étant un des financiers du terrorisme, grâce à la société Al Barakak, frappée par une résolution depuis 2001. Ladite société a été inscrite «comme associée à Al-Qaïda, à Oussama Ben Laden ou aux Talibans, au motif qu’elle a participé au financement, à l’organisation, à la facilitation, à la préparation ou à l’exécution d’actes ou d’activités en association avec l’organisation Al-Qaïda et, sous leur nom, pour leur compte ou pour les soutenir, a fourni, vendu ou transféré des armes et matériels connexes à ceux-ci ; a recruté pour leur compte ou soutenu, de toute autre manière, des actes commis par eux ou des activités auxquelles ils se livrent ».
Et selon la même source, c’est grâce aux services secrets américains que le trio a été appréhendé. Les Américains avaient été intrigués par le fait qu’Hassan Farah avait, à plusieurs reprises, eu de longs entretiens avec des numéros de téléphone du Sénégal. Les numéros suspectés furent communiqués au parquet de Dakar qui a ouvert une enquête. La réquisition de la Sonatel a permis de découvrir que les numéros étaient enregistrés sous de faux noms. Grâce à la géolocalisation, la Section de recherches de la gendarmerie a réussi à se rendre à Ngor où étaient logés Mohamed Gassama et Saïd Ali, les utilisateurs des puces. En poussant leurs investigations, les enquêteurs ont découvert un virement de 53 millions de francs CFA effectué depuis Dubaï par le même Hassan Farah au nom d’une société dirigée par Saïd Ali qui jure qu’il est son « neveu ».
Entendu à ce propos, Saïd avait expliqué que l’argent devait servir à financer une mosquée. Il avait ajouté que la société d’Investissement qu’il dirige a été financée par son « oncle », suite à des problèmes avec un de ses associés. Quant à Gassama, il avait nié son appartenance à Al Qaïda. Cependant, il avait enfoncé Saïd en révélant aux gendarmes l’avoir entendu un jour dire qu’il faudrait utiliser l’action violente contre les « impies » au Soudan. Le prévenu avait nié avoir rencontré dans un restaurant de Dakar un imam mauritanien suspecté d’être un militant salafiste. Or, les fiches de surveillance prouvaient le contraire.
FATOU SY