Publié le 13 Jan 2013 - 22:02
FOOT - ALAIN GIRESSE, NOUVEAU SÉLECTIONNEUR DES LIONS

 ''Je sais ce qu'il y a à faire''

 

Deux jours après l'officialisation du choix porté sur lui de diriger les Lions, Alain Giresse a tenu une conférence de presse pour afficher ses attentes.

 

''Pourquoi le Sénégal''

 

Les choses ont démarré en juin lorsque le Sénégal cherchait un sélectionneur. J’ai postulé et il y a eu des orientations qui se sont prises du côté du Sénégal, ce qui a reporté un peu la prise directe des contacts et relations qui se sont finalement enchaînés lors de cette fin d’année 2012. Cela a abouti à la concrétisation d’un accord pour diriger l’équipe nationale du Sénégal. Le Sénégal, sincèrement, a toujours représenté quelque chose pour moi, puisque j’ai eu de la famille qui a vécu très longtemps ici. Et fatalement, quand on a des parents qui habitent dans un pays, ça crée un petit rapprochement. De plus, j’ai aussi partagé, au cours de ma carrière, des relations avec des joueurs sénégalais. J’avais découvert après le Sénégal, en venant participé à un jubilé au stade Léopold Sédar Senghor. Le Sénégal, qu’on le veuille ou non, a une identité, une reconnaissance sur la planète foot. Je le dis d’autant plus qu'une fois le contrat conclu et que le président a informé publiquement de ma désignation, j’ai eu des messages de félicitations de la part de mes proches, amis, même plus loin et j’ai été véritablement assailli par la presse française. Ce qui démontre que le Sénégal représente quelque chose et que, évidemment, je suis fier de diriger cette équipe. Je remercie le président ainsi que tout son comité de m’avoir fait confiance.

 

''Il n'y a pas de temps à perdre''

 

Maintenant, il faut se mettre au travail. Il y a des challenges, des échéances, il ne faut pas perdre de temps et je sais ce qu’il y a à faire. J’ai pris acte de la situation des attentes qui pourraient y avoir. Il y a une chose qui me fait plaisir : depuis que je suis venu il y a 10 jours, c’est au quotidien, dans la rue, que les gens m'abordent. Ce qui me fait drôle, c’est qu'ils me font resurgir mon passé de joueur. Je pensais d’abord qu’ils m’abordaient pour me parler de la sélection, mais la conversation commence par mon statut de joueur, ce qui est agréable. Puis, on enchaîne sur tout le soutien pour la sélection, ça fait toujours chaud au cœur. Le président le disait : une équipe nationale est l’image d’un pays et c’est aussi la façon dont les gens vivent à travers cette équipe et tout le plaisir qu’elle peut procurer à des gens. C’est différent d’un club. C’est tout un pays qui est derrière, qui partage avec bonheur le plaisir que peut donner une équipe nationale. Je le dis d’autant plus qu’il y a plus de six ans que je suis sur le continent à la tête d’une sélection. J’ai vécu deux expériences extraordinaires dans ces deux pays, le Gabon et le Mali. Je souhaite que les Lions de la Téranga représentent bien le pays et l’ensemble du peuple sénégalais.

 

''Le joueur en équipe nationale doit avoir un investissement moral''

 

Pour arriver à réaliser les attentes du peuple sénégalais à travers l'équipe nationale, il faut la faire fonctionner. Il faut d'abord, de la part de la fédération, répondre présent dans une organisation qu'exige le football de haut niveau. Les joueurs professionnels qui évoluent dans de grands clubs doivent se sentir dans un cadre qui correspond à celui dans lequel ils ont l'habitude de vivre, à la seule différence qu'il s'agit d'une équipe nationale. Le joueur, en équipe nationale, est différent du joueur en club. Le joueur, en équipe nationale, doit avoir un investissement moral, ce n'est pas seulement le talent. Il ne vient pas pour l'aspect financier. Sa vie, il ne la gagne pas en équipe nationale. Il doit défendre une fierté personnelle, c'est-à-dire ses origines, sa famille, son pays. On ne fait pas une Coupe du monde, encore moins une CAN avec un club. D'ailleurs tout joueur, depuis son jeune âge, rêve de faire de grandes compétitions comme la CAN, la Coupe du monde. C'est tout cet investissement personnel qu'un joueur doit avoir. On ne doit pas insister auprès d'un joueur pour qu'il vienne jouer en sélection, son désir et son engagement doivent être entiers. C'est grâce à cet investissement personnel des joueurs et la mise en place d'une organisation stricte, rigoureuse qu'on arrivera à donner de la dimension à l'équipe nationale. Ça ne se fera pas dans la facilité. Au vu de ce que représente l'équipe nationale, le joueur doit venir à cent pour cent, il ne doit pas traîner les pieds, sinon il vaut mieux qu'il dise qu'il ne veut pas venir.

 

Le Sénégal a des joueurs de talent

 

Après les éliminatoires de la CAN 2012, on m'a demandé mon pronostic et j'ai placé le Sénégal parmi les trois première équipes. Et comme vous, j'ai été étonné de voir le Sénégal éliminé au premier tour. Le Sénégal a des joueurs de talent mais le plus important, ce n'est pas l'individu, c'est plutôt l'équipe, le collectif. Il faut arriver à fondre le talent dans ce groupe. C'est à la suite de tout cela que les résultats vont suivre. J'ai constaté que dans les sélections, il y a des difficultés dans les différents secteurs de jeu par rapport aux potentialités dont regorge l'équipe. Le Sénégal n'échappe pas à cette réalité. Dans cette équipe il y a un secteur offensif très fourni, mais on ne peut pas jouer avec 11 attaquants. Une équipe est constituée d'équilibre dans les différents secteurs. J'ai aussi constaté que dans cette équipe, il y a des jeunes qui sont en train de surgir. Le futur de l'équipe du Sénégal se bâtira autour de ces jeunes joueurs et des anciens. C'est à travers ce mixage qu'on arrivera à mettre en place le collectif, le noyau dur de l'équipe.

 

''L'objectif est de donner à l'équipe un nouveau visage''

 

Les réalités ne sont pas les mêmes, ces difficultés varient d'un pays à un autre. C'est difficile de comparer les différents pays. Chaque pays n'a pas le même potentiel, le même mode de fonctionnement. Au Gabon, il n'y avait rien, on a réussi à bâtir une équipe. Le Mali sortait d'une CAN qui s'était mal passée, il fallait rebâtir l'équipe. Au Sénégal, l'objectif est de donner à l'équipe un nouveau visage. Une équipe, c'est une identité et une dynamique. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui existe, qui se vit au quotidien . La vie d'une équipe nationale, ce n'est pas seulement les 4, 5 jours, la semaine avant le match, c'est tout un travail invisible qui se fait au quotidien. Et ça, les joueurs, tout le monde doit en avoir conscience.

 

''Je souhaite avoir un bon terrain pour développer un bon jeu''

 

Ce que je souhaite en tant que technicien, c'est de disposer d'un bon terrain pour développer un bon jeu. Le choix du lieu du match appartient aux instances compétentes. Malheureusement, le public ne sera pas là pour soutenir son équipe.

 

''Il faut avoir une ambition saine, démesurée''

 

Tout entraîneur, tout joueur ne doit pas lésiner sur ses ambitions. Il faut avoir une ambition saine, démesurée. Il ne faut pas avoir peur de se dire qu'on va tout faire. Mais ça sera avec l'exigence nécessaire pour avoir le meilleur résultat possible. C'est facile de dire qu'on va se qualifier. Mais c'est ce qu'il y a à faire qui est important. Pour cela, il faut se mettre au travail dès à présent. J'espère obtenir un match pour une revue d'effectif pour être prêt à remporter le match contre l'Angola, en mars.

 

La CAN 2013

 

Mon plus grand regret, c'est que le Sénégal ne sera pas à la CAN. Si les Lions s'étaient qualifiés, je ne serais peut-être pas là. Après une aventure forte comme celle que j'ai vécue avec l'équipe nationale du Mali, je suis partagé par 2 sentiments : le bonheur d'en reparler et en même temps de me dire que j'aurais pu continuer. Je souhaite surtout à l'ensemble des joueurs qui m'ont fait vivre ces moments que ça se passe bien pour eux.

 

Les adjoints

 

Non, ce n'est pas encore fait ! Je suis en train de mettre en place le staff. Mais je vous dis déjà que j'ai toujours fonctionné avec un entraîneur adjoint local. Pour moi, c'est un complément indispensable pour un bon fonctionnement d'un staff.

 

''Je vais contacté Metsu''

 

Je n'ai pas eu de contact direct avec eux, ni avec Bruno Metsu, ni avec Guy Stéphan. Mais je suis sûr que je le ferai.

 

''Je préfère un joueur qui ose, qui a du déchet plutôt qu'un joueur qui reste dan son coin''

 

On ne peut pas imposer un style de jeu s'il n'y a pas de joueurs qui y correspondent. Je souhaite plutôt avoir une équipe qui entre sur le terrain décidée, généreuse, combative. Tout cela, on doit le faire appliquer par un collectif bien huilé, bien complémentaire. Tout cela se mettra en place grâce au potentiel existant et aux sensations personnelles que j'aurai. Après, je ne peux pas vous dire si ça sera un 4-4-2 ou quoi que ce soit. Quelle que soit la qualité des joueurs, c'est l'envie, la fierté du maillot, la détermination qui crée l'adhésion. Je préfère un joueur qui ose, qui tente et qui a du déchet plutôt qu'un joueur qui reste dan son coin, qui ne tente rien. Avec ce genre de joueur ça n'avance pas. Dans un match, il faut être fort mentalement. Sur ce plan, le joueur doit être irréprochable.

 

 

LOUIS GEORGES DIATTA & AÏDA DIÈNE

 

 

 

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