Le deadline de décembre passé, les Sénégalais s'impatientent de connaître le nom de celui qui présidera aux destinées de la sélection nationale de football du Sénégal. En attendant, EnQuête a requis l'avis de journalistes sportifs et de techniciens sur leurs préférences parmi les trois derniers candidats retenus et auditionnés.

Qui sera le prochain sélectionneur national de football du Sénégal ? Une question suspendue aux lèvres de tous les férus du ballon rond qui attendent d'être vite édifiés après le ratage du deadline fixé à la fin de l'année écoulée par le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Me Augustin Senghor. En attendant l'épilogue de ce feuilleton, des journalistes sportifs et techniciens se positionnent par rapport à la short-list des trois candidats retenus et auditionnés : le Français Alain Giresse, l'Allemand Volker Finke et le Sénégalais Aliou Cissé.

Pour Amédine Sy du Populaire : c'est du ''tout sauf Aliou Cissé ; je l'écarte parce que c'est un apprenti coach, qui n'a jamais exercé. L'équipe du Sénégal n'est pas une petite équipe, il ne faut pas la confier à n'importe qui et il faut faire tout pour éviter le syndrome Amara Traoré (le prédécesseur de Joseph Koto au poste de sélectionneur)''. Selon le journaliste sportif, le meilleur choix est ''celui de l'Allemand Volker Finke qui non seulement est rigoureux, mais n'est pas cher. Sa rigueur est tout ce qu'il faut à une équipe sénégalaise réputée indisciplinée''. Mais le confrère n'écarte pas pour autant la ''piste Giresse qui connaît bien l'Afrique''.

Abondant dans le même sens, Mbaye Jacques Diop, ancien chargé de communication du ministère des Sports, pense que ''c'est trop tôt pour Aliou Cissé. La fédération a demandé un CV. Aliou Cissé n'en a pas. S'il se présente, un ancien comme Moussa Ndao peut aussi le faire, parce qu'il a ses diplômes et a joué en haut niveau. Aliou Cissé n'a rien gagné et n'a même jamais entraîné un club, il n'a été adjoint que de l'équipe nationale olympique''. De l'avis de M. Diop, l'équipe nationale du Sénégal est ''un patrimoine qui appartient à tout le peuple sénégalais, pas à la fédération, donc on ne peut pas la donner à n'importe qui. Aliou doit encore aller apprendre, avant de prétendre occuper le poste de sélectionneur de l'équipe du Sénégal''.

En outre, Mbaye Jacques Diop vote de même pour le prétendant allemand. ''Même s'il ne connaît pas l'Afrique, il est rigoureux, a de l'expérience et plus important encore, sera le moins cher puisque Puma, sponsor de l'équipe du Sénégal, se chargera de payer les deux tiers de son salaire'', analyse le journaliste. Lequel n'écarte pas non plus le cas Alain Giresse : ''Il connaît bien l'Afrique pour avoir entraîné un pays comme le Mali, mais il faut dire que l'expertise française est en retard par rapport à ce qui se fait de mieux en football dans le monde. Les meilleurs entraîneurs sont espagnols, portugais, anglais...''

''Coup de folie''

Cependant, Ndiassé Samb, directeur de publication du quotidien sportif Tout le Sport, voit les choses autrement. D'après lui, ''il faut un coup de folie à cette équipe du Sénégal comme cela a été fait avec Bruno Metsu, qui était sorti de nulle part pour amener l'équipe du Sénégal en finale d'une coupe d'Afrique et en quart de finale de coupe du monde. Aliou Cissé peut faire l'affaire''. Le journaliste s'explique davantage : ''Depuis toujours, on fait tout dans la logique, c'était logique de prendre (Pierre) Lechantre, Amara ou Koto, et cela n'a pas marché''. Sur le cas Giresse, le Dirpub de Tout le Sport pense que ''c'est l'assurance, mais on peut avoir un bon CV et se casser la figure après, comme le cas Kasperzack''. S'agissant de l'Allemand Finke, Ndiassé Samb parle de ''risque, puisque c'est un inconnu''.

Prudence

Pour leur part, les techniciens du football sénégalais interpellés sur la question préfère rester prudents. Salam Lam, ancien coach de l'Uso, pense que ''le meilleur candidat, c'est celui qui a le meilleur projet et seuls les membres de la fédération ont en main les projets des candidats''. Mais il tient à donner un petit conseil aux fédéraux qui ont la lourde tâche de trancher : ''Le choix ne doit pas s'articuler uniquement sur la qualification pour le mondial, le nouveau technicien doit être à l'aise sur le programme établi par la direction technique nationale. Relancer et structurer l'équipe nationale doit être l'objectif, on ne doit pas se focaliser sur le mondial parce que le Sénégal n'a pas encore la capacité de remporter une coupe du monde ; il faut penser à la formation des jeunes.'' Même son cloche chez Aliou Kandji, entraîneur de Guédiawaye Football Club (GFC) : ''Le choix doit être fait sur celui qui porte le projet du football sénégalais.''

KHADY FAYE

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