Dans une interview accordée au quotidien sportif Stades, Gaston Mbengue a brandi des documents attestant que Génération Foot aurait reçu 39 millions F Cfa sur le transfert de Dieylani Fall en 2010 alors que le joueur n’a pas fait ses classes dans le club. Mady Touré sort de sa réserve pour donner sa version des faits et signifier que c’est le label Génération Foot qui a vendu le joueur avec le concours de l’agent Thierno Seydi.

''L’histoire de Dieylani et Auxerre a commencé le 12 août 2010, lors d’un match entre Niary Tally et Jaraaf où il avait marqué un but d’exception. Je l’ai revu encore en match international au stade de l’Amitié. J’étais dans les gradins et j’ai dit à Thierno Seydi : ''Attention, ce gosse-là, il a quelque chose. Je vais le mettre à Auxerre.'' Il me répond : ''Fais-le.'' Donc du stade, j'ai appelé Jean Fernandez (coach d'Auxerre à l'époque) pour lui dire que j’ai vu un joueur phénoménal. Il me dit : ''C’est qui l’agent ?'' Je lui réponds : ''Therno Seydi.'' Automatiquement, il a appelé Pierre Frolau qui est l’associé de Thierno. On était en août. Quatre jours après, on reçoit une lettre d’invitation, le 17 août, et Dieylani Fall est parti. La première des choses que j’ai faite, c’est de parler avec Youssou Dial qui m’a recommandé d’aller voir Wagane Diouf (président du Jaraaf). Ce dernier m'a dit : ''Je te donne mandat.'' Je lui ai dit ''non'', le mandat, il faut le donner à Thierno Seydi. Mais je l'avais averti que ce que nous sommes en train de faire, ce n’est pas gratuit. Il me dit : ''Qu’est-ce que vous voulez ?''. ''Nous voulons du 50/50'', lui ai-je fait savoir. C’est là qu’il m’a rétorqué qu'on ne peut faire du 50/50 car il y a d’autres clubs qui attendent leur part, et que le garçon nous a été donné par le Ndiambour (actuellement en Ligue 2). Par la suite, j’ai appris que le joueur a été formé par Mbakhan (club de Thiès évoluant en National 1). Et comme il y a eu un accord entre Ndiambour et Jaraaf, je ne me suis pas mêlé à leur dossier.

''Le contrat a failli être caduc''

Avec l’amitié que j’ai avec Jean Fernandez et Francis Détanao, je n’ai pas voulu me mêler dans des situations et que demain, je ne puisse plus amener des joueurs en France. Parce que si j’amène un joueur, je vérifie si tout est clair. Il y a mon nom qui va sauter et je ne veux pas me faire salir. Depuis 30 ans, j'évolue dedans. J’ai toujours été clair et je resterai toujours clair. C’est après, sachant que si j’amène le joueur sans signer un accord avec le Jaraaf, demain, ils peuvent remettre en cause tout ce qu’on s’était dit. Et c’est dans ce contexte que Génération Foot et Jaraaf ont signé un accord le 15 septembre 2010. Entre Wagane Diouf et Auxerre, je ne me suis pas mêlé dans les négociations. Mais après, c’était compliqué. À un moment donné, ils n’étaient pas tombés d’accord et Dieylani Fall avait soi-disant d’autres propositions en Chine, Russie, Bordeaux, etc. Thierno Seydi m’a suggéré de laisser tomber. C’était caduc et le joueur s’est senti frustré, il a même menacé les gens du Jaraaf en disant : ''Si je ne pars pas, je ne reviens pas au Jaraaf.'' Et franchement, si j’étais vraiment tordu, sachant le montant du transfert, je pouvais dire à Dieylani : ''Ne signe pas ! Viens, on va faire un deal entre toi et moi. Tu signes pour Génération Foot et on va faire du 50/50.'' Et qu'allait-il se passer à ce moment ? Le joueur serait libre parce qu’étant en contrat professionnel. On n’aurait discuté que de l’indemnité mécanique de solidarité. J'allais faire le montant du transfert. Je ne fais pas ce genre de démarche parce que je ne suis pas éduqué pour être tordu. Je suis resté dans ma logique avec Thierno.

''Dieylani Fall n’a jamais fait de tests pour Auxerre''

À partir de là, Thierno Seydi me demande de relancer les responsables d’Auxerre. J'ai appelé Jean mais il n'a pas décroché le téléphone. J'ai fait mieux en prenant l'avion pour aller les voir pour régler le problème sur place. En 48h, les deux parties sont tombées d’accord et tout est rentré dans l’ordre. Seulement, le Jaraaf n’a pas l’habitude de faire les papiers contrairement à nous qui organisons depuis 15 ans les départs des joueurs. On connaît toutes les démarches administratives à faire pour un jeune entre 18 et 21 ans en passant par Lomi. Donc pour ne pas que le joueur reste quatre à cinq mois, Auxerre était obligé de revenir vers nous à l’Académie pour nous demander la voie à suivre. À notre niveau, nous sommes une structure organisée, chaque personne a sa tâche. On a emmené Dieylani faire toutes les visites médicales et il était apte à recevoir son visa. C’est ainsi qu’on a envoyé le visa et le billet. Le fait qu’il soit en équipe nationale A a facilité les choses car il y avait un stage à Paris et Jean Fernandez y est allé le voir. En réalité, Dieylani n’a pas fait de test, c’est juste une confirmation de son talent. Du moment que je me suis engagé, cela devait se faire.

''Je ne dirai jamais le montant du transfert de Dieylani''

À ma surprise générale, à mon retour, il y a eu beaucoup d’agitations sur ce dossier. J’ai été interpellé par les dirigeants du Ndiambour. Ils m'ont dit : ''Mady, peux-tu nous divulguer le montant du transfert ?'' Je leur ai dit : ''Non, je peux pas le communiquer, c’est un problème interne. Si Wagane Diouf ne vous le dit pas, ce n’est pas à moi de le faire.'' Aujourd’hui, tout le monde a connu le joueur à travers le Jaraaf. Et honnêtement, s’il n’était pas dans ce club, je pense qu’il n’allait pas rejoindre Auxerre. Le Jaraaf est un club mythique. Je confirme la presse qui a révélé que Génération Foot a effectivement reçu de l’argent, mais le montant indiqué n’est pas le bon. La somme de 39 millions F Cfa avancée dans les documents détenus par Gaston Mbengue n’est pas exacte. Je n'ai jamais dit que Dieylani Fall est passé à Génération Foot mais il faut qu’on sache que c’est avec mon carnet d’adresses et mon label que le joueur est parti. Il n’y a pas que lui, il y en a d’autres, je le fais par patriotisme et par le sens du partage. Je ne suis pas gourmand et je ne suis pas du genre à parler dans la presse. Gaston n’a qu’à aller voir Wagane Diouf. Je ne voudrais pas qu’on parle de Génération Foot.

''Il ne faut pas confondre le football et la lutte''

Gaston Mbengue est mon aîné, j’ai du respect pour lui. Mais la seule chose sur laquelle je ne suis pas d’accord avec lui, c'est sa démarche. À son arrivée (en tant que nouveau président du Ndiambour, Ndlr), il devait prendre son téléphone et m’appeler. Je peux dire qu’avec ma modeste personne, j’ai plus d’expérience que lui et je peux lui servir de conseiller. Il ne faut pas confondre le football et la lutte. La lutte est périodique et le football est un quotidien à gérer du lundi au vendredi et les matchs du week-end. Le football est une famille et le linge sale se lave en famille. On n’a pas besoin de s’exposer pour 60 millions, cela peut détruire. On a déjà beaucoup de problèmes dans le football, on n’a pas besoin d’en rajouter. Gaston vient dans un milieu très glissant, il croit que tout est facile. Certes, il y a beaucoup d’argent dans le foot mais il y a énormément de dépenses. On ne travaille pas gratuitement, notre label est coûteux. On a des antennes en Europe, en Afrique... S’il y a un gain, c’est pour l’ensemble du personnel de l’Académie.

''Le football, c’est du business, pas de mensonge''

Il ne faut pas que Gaston dise que le mensonge est terminé dans le football. Il n’y a jamais eu de mensonge dans le football. Le football, c’est du business. Il a eu à faire son business dans la lutte. C’est comme si je me levais un jour pour dire qu’il y a du mensonge dans la lutte. J'en suis sûr qu'il va se dire : ''Mais il se prend pour qui, Mady Touré ?''. En disant qu’il y a du mensonge dans le football, il a attaqué tout le monde et pourtant dans ce football, il y a ses amis. Il ne faut pas qu’il mette tout le monde dans le même sac. Il y a des gens crédibles et d’autres qui ne le sont pas. Il faut faire un tri pour former un noyau dans notre fédération, un comité directeur pour notre Ligue pro et on va avancer. Je voudrais juste demander : ''Quelle mouche l’a piqué pour que, d’un seul coup, il vienne dans le football ?'' En substance, tout ce que je viens de dire, c’est sans rancune.

''Dieylani Fall… une déception mais il peut rebondir''

C’est un problème dur. On l’avait averti, je lui avais dit : ''Il ne faut pas que tu dormes sur tes lauriers, le plus dur reste à venir, c’est la confirmation.'' Nous l’avons poussé avec mon label, Thierno Seydi et Amara Traoré. Quand il est arrivé à Auxerre, il a pensé que tout est fini. Il a pris du poids, manqué de sérieux et aujourd’hui, il peine. Quand il avait des difficultés à Auxerre, il a eu la chance d’être repris par Francis Detanao. Même à Amiens, il n’est pas titulaire, peut-être qu’il va se réveiller dans deux ans. Pour nous, c’est une déception. Il était une recommandation de ma part et de Thierno Seydi. On avait grand espoir en lui, on avait dit aux dirigeants d’Auxerre : ''Payez ce montant, vous allez le revendre très cher.'' Il peut se ressaisir, à l'instar de Bayal que j’avais recommandé à l'AS Douane à l’époque. Nous l’avons fait connaître en France. Bayal a été avec nous presque un an et demi avec Ibou Dione. Il avait du poids et on avait diminué ce poids. Jean Fernandez était intéressé mais il y avait eu Dino Djiba (ancien international sénégalais évoluant à l'époque à Metz).

Cheikh DIOP

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