DSC, 20 ‘’footeuses’’ pour le triomphe
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Plus attractif et plus dense, le football féminin est de plus en plus respecté. Au Sénégal, il se pratique depuis 1974. Mais son essor est plombé par la rareté des structures adaptées à sa pratique et sa relégation au second plan. Des obstacles que l’Académie Dakar Sacré-Cœur transcende grâce à ses installations de dernière génération. Elle est l’unique académie à disposer d’une équipe sénior féminine. Zoom sur cette formation d’Amazones passionnées de foot.
Il est 16 h 30, sur la pelouse synthétique du grand terrain de l’Académie Dakar Sacré-Cœur, quand l’équipe féminine commence son galop du jour. Le soleil est encore assez chaud, même si un vent frais annonce le début de la soirée. Le terrain est scindé en deux, à l’aide d’un grand filet. Au centre, Mohamed Diallo, entraîneur titulaire de l’équipe, et son adjointe Mariama, tout de rouge vêtus, sont en pleine discussion. Au loin, des enfants rivalisent d’adresses devant les buts, sous l’œil de leur entraineur. Dans leurs maillots bleu-blanc du club de la Sicap, les footballeuses tâtent les ballons dispersés çà et là. Une vingtaine d’athlètes jouent au toro. Ce jeu consistant à former un grand cercle et se passer le ballon de manière aléatoire pendant que l’une d’elles essaye de la récupérer, le tout sur fond de cris et de railleries. Ici, la crête et les dreadlocks semblent être la tendance, en plus d’un soupçon de maquillage, signe d’une féminité jalousement gardée.
Alors que les jonglages et dribbles vont bon train, retentit le sifflet de l'entraîneur qui annonce le début de la séance. Des plots sont dispersés à des endroits déterminés, et c’est le début des ateliers de contrôles et de passes. De leur côté, les gardiennes de but font des exercices spécifiques à leur poste.
Mis à part le fait qu’elles sont toutes des femmes, l’autre aspect qui les lie est l’amour du foot, un sport qu’elles pratiquent toutes depuis leur tendre enfance avec passion. En atteste la mine radieuse qu’elles affichent, malgré les exercices ardus dont elles s’adonnent. Avec le ballon rond, ces filles entretiennent une longue histoire d’amour jalonnée de jugements, de moqueries, d’incompréhensions qu’elles ont su transcender pour poursuivre leur rêve.
‘’C’est très dur de jouer au foot, au Sénégal, quand on est une fille. Il y a toujours des préjugés sur le sport, sur notre physique et parfois même, on le subit au sein de nos familles’’', confie l'entraineure adjointe, au détour d'une conversation.
Beaucoup de chemin parcouru
Créée en 2005, il a fallu attendre 16 ans pour voir le lancement d’une équipe féminine à Dakar Sacré-Cœur. Ainsi, l’équipe a vu le jour en 2017 et s’engage en 2e division la même année. Elle aurait même pu créer l’exploit de la montée en une année d’existence, mais un petit point les empêchera d’accéder à l’élite. La saison 2018-2019 sera la bonne. Sous l’ère Soukèye Cissé, l’équipe accède en 1re division. En 4 ans d’existence, du chemin a été parcouru, entre la 2e division et l’élite féminine où évolue l’équipe présentement.
La volonté de se doter d’une équipe féminine à DSC n’est que la continuité d’un projet d’ensemble. ‘’Avoir une équipe féminine fait partie du projet global du club. On a un partenaire, l’Olympique Lyonnais, qui a une section féminine qui est la meilleure du monde. Donc, c’est bien de s’y intéresser’’, renseigne David Lobertie, Directeur sportif.
Si, pour l’heure, aucune joueuse n’a encore bénéficié de ce partenariat pour s’exiler, cela fait partie des objectifs. ‘’Le but est de les faire évoluer ; on le leur a dit. Notre partenaire a envie de nous aider à amener des joueuses dans les championnats européens pour leur permettre de découvrir le professionnalisme. J’espère pour elles que les meilleures auront la chance de partir et d’être dans de meilleures conditions’’, souhaite-t-il.
Dans ce dessein, les sportives sont mises dans des conditions maximales de performance avec un staff technique et médical au complet, comme pour les professionnels. ‘’On ne fait pas de différence entre les équipes en fonction de leurs sexe. Les filles sont mises dans les mêmes conditions que l’équipe professionnelle. La seule différence se trouve au niveau de la rémunération qui ne peut pas être pareille, puisque le championnat féminin est encore amateur’’, révèle Papa Malick Dièye, chargé de mission Foot Pro au sein de l’académie.
Remporter le championnat de D1
Cette saison, l’équipe est classée 2e de la poule B, à l’issue de la phase aller, avec 8 pts derrière Amazones de Grand-Yoff (12 pts). Elle totalise deux victoires, deux matchs nuls et une défaite concédée contre le leader. Un bon rang, malgré les nombreux départs dont l’entraineur titulaire Soukèye Cissé. Son remplaçant, Mohamed Diallo, se fixe comme objectif de gagner le championnat national ; ce qui serait une première. Pour y arriver, il dispose de 20 joueuses talentueuses ; des internationales pour la plupart. L’équipe compte aussi deux internationales mauritaniennes qui l’ont rejointe cette année. ‘’L’une d’elle s’est déplacée avec ses moyens pour passer les tests’’ de sélection, confie M. Dièye.
En avance sur les autres académies telles que Diambars et Génération Foot qui ne disposent pas encore d'équipe féminine, Dakar Sacré-Cœur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, le club compte passer à une autre étape. ‘’Dans le principe de développement du football féminin, nous allons mettre en place une école de football avec trois catégories : les U11, les U15 et les U17. Pour qu’on ait une formation comme chez les garçons’’, révèle le chargé de mission de l’académie dakaroise.
SOKHNA ANTA NDIAYE (STAGIAIRE)