Publié le 21 Jul 2023 - 19:27
FRANCE - REMANIEMENT

Arrivée de Gabriel Attal à l’Éducation et départ de Marlène Schiappa

 

 
Au terme de longues tractations entre Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, l'Élysée a annoncé ce jeudi en fin de journée les ‘’ajustements’’ de l'équipe gouvernementale. Des sources au sein de la majorité ont donné des noms de prochains membres du gouvernement avant même l'annonce officielle. 
 
 
 
D'abord attendu mercredi, ce remaniement planait sur le camp présidentiel depuis plusieurs semaines. L'Élysée l'a officialisé ce jeudi 20 juillet, en fin de journée. Le casting s'est précisé avant même l'annonce formelle, qui est suivie vendredi matin par un Conseil des ministres. À la rentrée, ce nouveau gouvernement devra relever les défis assignés par le président autour de l'écologie, l'immigration et la réponse aux émeutes consécutives à la mort de Nahel, à Nanterre, en banlieue parisienne.
 
Le ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, a été jugé trop discret et il est remplacé par son exact opposé. Un politique pur, star des plateaux… Gabriel Attal, 34 ans, va lui succéder à l'universitaire, ont indiqué jeudi plusieurs sources de la majorité présidentielle à l'AFP. Gabriel Attal deviendra le plus jeune titulaire de ce poste, plus gros budget de l'État sous la Ve République. En remplacement, le député Renaissance Thomas Cazenave va être nommé ministre des Comptes publics.
 
De son côté, Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d'Élisabeth Borne à Matignon, va être nommé ministre de la Santé en remplacement du médecin urgentiste, François Braun, selon l'AFP, citant des sources proches du dossier, confirmant une information de BFMTV.
 
Le changement à la tête de ces deux ministères clés, sur des dossiers prioritaires du second quinquennat d'Emmanuel Macron, semble indiquer que la Première ministre, Élisabeth Borne, a réussi en partie son pari. Ministres et conseillers décrivaient depuis lundi une bataille feutrée entre la cheffe du gouvernement, qui espérait renouveler au moins ces deux postes pour asseoir son autorité, et le président de la République qui, lui, ne voulait qu'un remaniement marginal.
 
Aurore Bergé au ministère des Solidarités
Dans les autres noms donnés avant l'annonce officielle, il y a notamment la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, Aurore Bergé. Elle remplacera Jean-Christophe Combe à la tête du ministère des Solidarités, ont aussi déclaré à l'AFP des sources de la majorité. Issue des rangs de la droite, Aurore Bergé, 36 ans, s'est imposée dans la Macronie lors de son élection comme députée dans les Yvelines en 2017.
 
La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne, va quitter le gouvernement d'Élisabeth Borne, a annoncé vendredi une source proche du dossier. Les informations récurrentes sur son départ sont ‘’exactes’’, a confirmé cette source. Marlène Schiappa a aussi fait couler beaucoup d'encre en s'affichant en couverture du magazine Playboy, une initiative alors qualifiée de ‘’pas du tout appropriée’’ par la Première ministre.
 
Une proche d'Emmanuel Macron à la Ville
Le député MoDem Philippe Vigier va être nommé ministre des Outre-mer à la place de Jean-François Carenco, un choix déjà critiqué par des élus ultramarins. Âgé de 65 ans, ce docteur en pharmacie et biologiste de profession, député depuis 2007, n'est pas spécialiste des outre-mer et sa nomination est ‘’un très mauvais signal’’ regrette le député de Guyane Davy Rimane (groupe GDR, à majorité communiste), président de la délégation aux Outre-mer.
 
Le maire divers gauche de Dunkerque Patrice Vergriete va être nommé ministre du Logement et la députée Renaissance de Marseille Sabrina Agresti-Roubache, proche du couple Macron, va être chargée de la Ville. Sabrina Agresti-Roubache, élue dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône, avait fait son entrée en juin 2022 à l'Assemblée nationale. Elle a été omniprésente lors du dernier séjour du chef de l'État à Marseille fin juin. Ces dossiers étaient jusqu'ici gérés par un seul ministre délégué, Olivier Klein.  
 
Porte-parole médiatique du camp présidentiel, la députée Prisca Thevenot hérite d'un chantier cher au chef de l'État, la Jeunesse et le Service national universel. Elle succède à Sarah El Haïry, qui passe à la Biodiversité, un dossier jusqu'ici géré par Bérangère Couillard. Cette dernière est promue ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes à la place d'Isabelle Rome.
 
Les poids lourds restent en place
 
Bruno Le Maire à l'Économie, Gérald Darmanin à l'Intérieur, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Sébastien Lecornu à la Défense, Olivier Dussopt au Travail, Christope Béchu à la Transition écologique et même Olivier Véran, un temps donné partant, comme porte-parole du gouvernement. Les poids lourds restent à leur poste à l'issue de ce remaniement présenté comme ‘’technique’’ par l'entourage d'Emmanuel Macron.
 
C'est un cap toujours plus droitier de ce gouvernement.
 
Aucun élu de droite ne rentre au gouvernement alors que le chef de l'État n'a cessé de leur tendre la main ces derniers mois. Ce sont clairement des profils politiques qui prennent la place de personnalités de la société civile, dont l'efficacité a été jugée clairement insuffisante par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, analyse Julien Chavanne, du service politique de RFI. 
 
C'est la preuve que la politique qui est menée n'est pas un politique de droite. On a un remaniement qui se concentre uniquement sur le dernier carré des fidèles de la Macronie.
 
Dîner à l'Élysée, apéritif pour marquer la fin d'une session parlementaire particulièrement agitée… Les derniers jours ont parfois pu virer au supplice pour les ministres dans l'incertitude. ‘’Ce ne sont jamais des moments très agréables’’, mais ‘’il faut toujours les traverser avec le maximum de calme, d'esprit du collectif et de respect’’, a concédé Emmanuel Macron mercredi soir devant les parlementaires qui le soutiennent, réunis chez le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester.
 
Pap Ndiaye, un historien qui n’a pas su convaincre comme ministre de l’Éducation nationale
 
Pap Ndiaye, occupait depuis mai 2022 le poste de ministre de l'Éducation nationale, il vient d'être remercié par Élisabeth Borne, la Première ministre tout juste renouvelée dans ses fonctions. Durant son mandat de seulement 14 mois, le successeur de Jean-Michel Blanquer n'aura pas réussi à convaincre. Son arrivée au gouvernement en mai 2022 était pourtant porteuse d'espoir.
 
Après cinq ans sous l'ère Blanquer, avec ses réformes contestées, notamment sur le lycée général et sur le bac, le profil de Pap Ndiaye séduit dans un premier temps les professeurs. L'enseignant-chercheur, historien, mais aussi directeur du musée de l'histoire de l’Iimmigration, pointe dès sa nomination la baisse du niveau des élèves, l'insuffisance de mixité sociale à l'école, et le manque d'attractivité du métier de professeur.
 
Pourtant, très vite, on lui reproche son manque de charisme et son inaction politique. Les mesures qu'il entreprend sont jugées insuffisantes. En primaire, par exemple, il prône le retour de la dictée et annonce la mise en place d'évaluations nationales en mathématique et en français.  Pour le collège, qu'il qualifie ‘’d'homme malade du système’’, il souhaite aussi mettre en place des heures de soutien scolaires en classe de sixième.
 
Mais c'est bien la réforme du lycée professionnel, avec la suppression de près de 80 filières dans le tertiaire, qui suscite le plus de mécontentement de la part des élèves et des enseignants. Ces derniers devront d'ailleurs se contenter de seulement 5,5 % d'augmentation de leur salaire à la rentrée prochaine, contrairement aux 10 % annoncés. De quoi nourrir encore la déception des professeurs.
 
RFI

 

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