Publié le 3 Nov 2013 - 23:50
FRET DES MARCHANDISES AU SÉNÉGAL

La galère des transporteurs sénégalais

 

Les transporteurs sénégalais de marchandises soutiennent être victimes d'un système qui ne tient pas compte du rapport coût du transport-dépenses.

Autant que bien d'autres secteurs mal en point, celui du transport routier des marchandises connaît des dysfonctionnement qui fragilisent son essor. Le secteur dispose d'un nombre limité de moyens pour réagir et inverser cette tendance, d'après un rapport provisoire. L'étude est le fruit d'une analyse globale d'entretiens réalisés avec des transporteurs organisés (quelques sociétés de transport d'hydrocarbures, de conteneurs), des entreprises de moindre taille (moins de 10 véhicules) et des artisans. Ainsi, à l’échelle nationale, le fret garanti du bassin arachidier a considérablement diminué. En guise d'illustration, un ancien gros transporteur habitué de l'axe kaolack-Dakar déclarait avec amertume, en mars 2013, ''qu'il n'a fait qu'une misère de 200 tonnes d’arachide cette saison''. Alors qu'il y a peu, il en transportait 10 fois plus.

Les transporteurs sénégalais moins préparés à la concurrence que les maliens

Une autre contrainte pour les transporteurs est le développement du compte propre de la part des commerçants qui, à l'occasion, deviennent aussi commerçants-transporteurs. Ce qui réduit le fret disponible pour les purs commerçants.  À l'échelle sous-régionale, notamment sur le corridor Dakar-Bamako, le plus important pour le Sénégal, les transporteurs sénégalais semblent moins préparés à la concurrence que les transports maliens, lit-on. Comme pour tous les pays enclavés, la gestion des grands corridors terrestres est vitale pour le Mali. Donc, les transporteurs maliens ont une longueur d'avance sur leurs collègues sénégalais, qui ne se sont vraiment engagés sur le corridor Dakar-Bamako qu'après l'an 2000, alors que les maliens ont toujours été impliqués dans le transport sur les corridors desservant leur pays (Cote d'ivoire, Ghana, Togo, Bénin...).  Cette situation a conduit énormément de transporteurs sénégalais dans une situation difficile, puisqu'il est constaté que des commerçants qui se sont endettés pour acquérir des véhicules peinent à s'en sortir , tandis que les petits transporteurs purs vivotent avec de vieux véhicules (plus de 30 ans d'âge parfois) et à certains moment de l'année mettent leurs véhicules sur cale pour éviter les dépenses inutiles.

Solutions

Les transporteurs sénégalais dénoncent des coûts trop élevés par rapport à des prix bas. ''Le tracteur de mon ensemble articulé valait 1 million Fcfa en 1966, aujourd'hui il coûte 35 millions fcfa. À l'époque le prix du litre de gazole était à 15 fcfa, aujourd'hui il est à 790fcfa. Pendant ce temps, les prix de transport ont à peine bougé'', explique l'un d'eux. À cela s'ajoute la cherté des pièces détachées, la cherté des pneumatiques et du carburant, mais également la cherté des assurances qui, selon les transporteurs, ne garantissent aucune couverture lors des accidents... Que dire du prix des patentes, des taxes de l’État, en particulier des nouvelles taxes à l'essieu instaurées, depuis 2012 sur l'axe Dakar-Mali et des contrôles systématiques sur les routes qui occasionnent de multiples frais.

En réponse à ces contraintes les transporteurs interrogés ont avancé du classique, tels que l'augmentation du prix du transport, y compris les barèmes pour le transport de conteneurs, la diminution des intermédiaires dits ''cokseurs'' qui rognent sur la marge des transporteurs, notamment sur les grandes distances et les chargements au port et autres plate-formes de fret. À ce sujet, un transporteur a soutenu que ''même si vous allez voir un transitaire qui a du fret, il vous renvoie d'abord vers un cokseur, avant de revenir vers lui, et vous devez payer le cokseur''. Pour expliquer que le passage par ces intermédiaires pour les petits transporteurs est systématique.  Ils ont, de même, souhaiter la diminution des taxes et des contrôles intempestifs, ce qui renvoie à la place des forces de contrôle sur les routes sénégalaises, aux problèmes structurels qui aboutissent à la multiplication des barrages.
 

ANTOINE DE PADOU

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