18 jours après le grave accident qui a coûté la vie à six personnes à Mboro, Senac, Vivo Energy, Sapeurs-pompiers et Gendarmerie ont mis à l’épreuve leurs éléments pour tester leurs compétences en matière de gestion d’accident d’un camion-citerne. C’était hier sur l’autoroute, à l’occasion d’une simulation.

‘’Oups !’’, s’exclame ce chauffeur de minibus. Il semble un peu choqué, surpris par ‘’l’accident’’ survenu hier sur l’autoroute à péage, dans le sens AIBD-Dakar, entre Toglou et Sébikotane. A hauteur du ‘’sinistre’’, bien que roulant dans le sens contraire, il lève le pied sur l’accélérateur, ralentit sa course, avant de reprendre par la suite sa vitesse normale. Un peu plus loin se trouve le rond-point où le véhicule doit tourner pour rallier l’endroit de l’accident. Deux voitures sont impliquées : un camion d’hydrocarbure et un particulier. Le dispositif spécial mis en place atteste de la particularité de l’accident. A l’arrivée, plus de peur que de mal pour le conducteur. En fait, ce n’est pas un vrai accident, comme il le croyait, mais une simulation, l’informe-t-on.

Comme lui, plusieurs autres usagers ne manquent pas de s’arrêter pour observer la scène. Certains se permettant déjà de filmer l’incident et peut-être en vue de les partager sur les réseaux sociaux. D’où l’importance de la présence de la Gendarmerie, explique le commandant de l’Escadron de surveillance routière, Jean Luc Mbaye Dionne. ‘’Un accident de ce genre peut occasionner beaucoup d’embouteillages. Les gens sont un peu curieux. Quand un drame se réalise, tout le monde s’arrête pour regarder. Cela déteint, non seulement sur la fluidité de la circulation, mais aussi ce n’est pas prudent. Comme vous le voyez dans cet exercice, la voiture transporte des matières inflammables. C’est dangereux de s’arrêter sur tout le périmètre’’, renseigne le pandore.

Pendant ce temps, ses hommes veillent au grain. Ils interdisent tout arrêt. Invitant, par le geste, les automobilistes qui ne cessent de ralentir. Dans le sens AIBD-Dakar, la route est barrée. En un laps de temps, une déviation est aménagée, des balises installées pour scinder en deux l’axe Dakar-AIBD.

La curiosité, source d’embouteillage

Sur un vent fort, une température assez élevée, les équipes de la Brigade nationale des Sapeurs-Pompiers rivalisent d’ardeur pour ‘’stopper’’ le feu. Certains sont genoux à terre, munis de leur lance-mousse. Alertés à 10 heures 20, ils sont arrivés sur les lieux à 10 heures 52. Cela s’explique, selon le lieutenant-colonel Papa Ange Michel Diatta, par la distance entre Rufisque d’où viennent les unités et le lieu de l’accident. Les deux blessés, couchés sur le sol brûlant en latérite, ont dû prendre leur mal en patience pendant tout ce temps. Et ça aurait pu être plus long, si l’on en croit le patron des Sapeurs. ‘’En fait, aujourd’hui, il n’y a pas eu d’embouteillage sur cet axe. Imaginez donc si c’était pendant les périodes de fête où il y a des bouchons partout. Ou même à une heure de pointe’’, dit-il. Voilà qui fait dire au soldat du feu que leur principale difficulté, c’est la distance.

Toutefois, rassure-t-il, la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers est bien outillée pour faire face à ce genre de sinistre ‘’spectaculaire et dangereux’’. Il explique : ‘’Pour éteindre ce genre de feu, nous utilisons un produit spécial appelé mousse. Aussi, il y a une cellule radiologique biologique et chimique pour parer à toutes les éventualités. Son rôle est d’assurer une protection de tous les intervenants, de prendre en charge l’écoulement du produit. C’est pour la protection de l’environnement. Nous avons également des ambulances classiques, médicalisées et des fourgonnettes… pour faire face à ces catastrophes’’.

L’éloignement des casernes, le problème majeur

Pendant que les Sapeurs s’activent à l’extinction du feu, des experts s’emploient à arrêter les ‘’fuites’’ de carburant. Ils mettent du sable sur les écoulements en vue de stopper leur progression vers le système de canalisation. Un périmètre de sécurité est installé aux alentours. Des panneaux défendant de fumer également. Vers les coups de 11 heures 20, alors que les flammes sont ‘’conquis’’, un autre camion-citerne arrive pour le transfert du contenu du véhicule endommagé. Au cours de l’opération, les agents ont imaginé plusieurs hypothèses d’aggravation pouvant survenir dans des opérations de ce genre.

Pour la Senac, il s’est agi d’apprécier les procédures de réaction mises en place, en cas d’urgence. Comment réagir en pareil cas ? s’interroge Olivier Mennegaut, responsable de l’exploitation de l’entreprise. ‘’Aujourd’hui, informe-t-il, nous avons plus de 100 citernes qui transitent journalièrement sur l’autoroute. Ce qui fait environ 4 millions de litres de carburant. Nous devons donc préparer nos équipes en permanence pour intervenir 7 jours sur 7, 24H sur 24. Pour cela, il faut des équipes formées, prêtes à intervenir avec des équipements adéquats et en parfaite intelligence avec les autres acteurs’’. Le responsable de la Senac d’inviter également les automobilistes à être moins curieux. Il y va, selon lui, non seulement de la fluidité du trafic, mais aussi et surtout de leur propre sécurité. Les opérations ont duré entre 40 mn et 1 heure de temps, à la satisfaction des divers acteurs qui promettent de faire l’évaluation.